Le gardien Robin Lehner était de retour sur la glace avec ses coéquipiers des Islanders de New York, ce matin, huit jours après un sévère contact avec Brady Tkachuk des Sénateurs d'Ottawa.

Il s'est astreint à une séance rigoureuse, de presque 90 minutes, où les tirs venaient de partout.

Rappelons les faits: le 5 mars dernier, Tkachuk a violemment heurté Lehner en fonçant au filet en fin de troisième période. Le gardien est tombé à la renverse et a dû quitter le match. Le but inscrit par Jean-Gabriel Pageau sur la séquence a finalement été accordé, car les arbitres ont jugé que Brock Nelson avait poussé Tkachuk sur Lehner.

Peu importe, le gardien a raté les trois derniers matchs des siens pour une blessure «au haut du corps».

«Je serais resté dans le match si j'avais pu, je le fais toujours, a dit Lehner. Je ne me sentais pas si bien, je devais voir ce qui se passait. C'est toujours long quand tu crains une blessure à la tête. Il y a un processus que tu dois suivre. Je suis heureux d'être de retour, d'être avec mes coéquipiers. »

À savoir quels avaient été ses symptômes après le choc, Lehner a répondu que ça ne changeait rien au fond, et qu'il était désormais à 100%.

Même qu'il devrait être disponible pour affronter le Canadien de Montréal demain soir. Signe qui ne ment pas : le troisième gardien des Islanders, Christopher Gibson, a été retourné dans la Ligue américaine en soirée.

Maintenant, la question que tout le monde se posait à l'entraînement: le geste de Tkachuk était-il répréhensible ? Là encore, Lehner a préféré naviguer en surface.

«Je serai honnête, tout le monde sait qu'il a fait exprès. C'est correct, ça fait partie du hockey. Mais il y a quelques joueurs qui le font intentionnellement. C'est ce qu'ils ont appris. Ça ne change rien si Nelson le pousse ou non. Il fonçait au filet, ça fait partie de son style. Je suis seulement heureux de ne pas avoir raté plus longtemps.

«La blessure est arrivée dans la région du cou, mais j'étais aussi inquiet pour mon genou gauche qui s'est retrouvé en mauvaise posture. Un mauvais jeu, une mauvaise blessure au genou, et ta carrière est terminée.»

Puis cette conclusion qui en dit long pour un gardien qui n'a pas la réputation de rester les bras croisés. «Je devrai me protéger mieux la prochaine fois. On va voir s'il va le refaire ensuite.»

Le tandem

Barry Trotz a aussi opté pour la prudence dans son analyse de la situation. D'abord, il a reconnu que la poussée de Nelson entrait dans la catégorie des circonstances atténuantes. Dans le cas contraire, juge-t-il, Tkachuk aurait pu être pénalisé, voire même suspendu.

«C'est une question de sécurité. Il y aura toujours des collisions. J'ai confiance en la ligue. Ils ne sont pas idiots. Leur limite de l'acceptable change d'année en année. Ce qui était acceptable il y a cinq ans ne l'est peut-être plus aujourd'hui. On essaie de sortir les trucs inutiles du sport. Ils ont fait un bon boulot pour rendre le sport plus rapide et sécuritaire.»

Dans tous les cas, avec ou sans Lehner, les Islanders ont la particularité d'être l'une des équipes de la LNH dont le partage de la tâche est à peu près de 50-50 entre les deux gardiens. À preuve, Lehner refuse de parler de Thomas Greiss comme étant son adjoint.

En fait, la ressemblance est frappante. Lehner présente une fiche de 20-11-5, avec une moyenne de 2,19 et une efficacité de ,927. Greiss, lui, est à 20-11-2, avec une moyenne à 2,26 et une efficacité à... ,927. Ils sont le parfait exemple de ce dont Claude Julien parlait il y a quelques mois: les équipes ont un meilleur bilan défensif cette saison lorsque les gardiens se partagent la tâche.

C'est vrai aussi pour les Stars de Dallas (Bishop et Khudobin), les Bruins de Boston (Halak et Rask), le Lightning de Tampa Bay (Vasilevskiy et Domingue), les Hurricanes de la Caroline (McElhinney et Mrazek) et ainsi de suite.

«Je connaissais les deux, mais je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, a reconnu Trotz. On connaît tous l'histoire de Robin (le gardien a été très transparent sur ses problèmes de maladie mentale et de consommation), il s'est réinventé comme personne sur et à l'extérieur de la glace. Greiss, notre moyenne de buts accordés était mauvaise, et il a réajusté son jeu. Il a repris confiance. Les deux font tout un boulot et ont transporté notre équipe à des moments différents. J'ai été très chanceux de pouvoir compter sur deux bons gardiens.»