Pour une rare fois, Carey Price a pris le temps de savourer son exploit mardi soir, après être devenu le gardien avec le plus de victoires dans l'histoire du Canadien.

Price est rentré dans le vestiaire et a pris une photo avec tous ses coéquipiers, avant de ressortir saluer la foule du Centre Bell en tant que première étoile dans la victoire de 3-1 face aux Red Wings de Detroit.

Le gardien âgé de 31 ans n'est pas le plus expressif, mais il était en mesure d'apprécier l'ampleur de l'exploit qu'il venait d'accomplir en devançant Jacques Plante en gagnant un 315e match avec le Tricolore.

«Je suis venu dans le vestiaire pour célébrer avec mes coéquipiers, a expliqué Price après la rencontre. Ces gars-là ont travaillé extrêmement fort pour que nous puissions l'emporter. C'était aussi spécial de partager ce moment avec les partisans.»

Dans sa marche vers le record de Plante, Price a également devancé Georges Vézina, George Hainsworth, Bill Durnan, Ken Dryden et Patrick Roy.

Les portraits des nombreuses légendes de l'équipe sont affichés au-dessus des casiers des joueurs dans le vestiaire du Canadien au Centre Bell. Celui de Plante y est aussi. Price a admis ne pas connaître grand-chose de Plante. Ce qu'il sait, il l'a appris de son père, Jerry, lui-même un gardien repêché par les Flyers de Philadelphie en 1978.

«Je pense qu'ils ont tous joué très fort pour cette équipe, a dit Price au sujet des anciens joueurs représentés dans le vestiaire. Je crois que la majorité des personnes qui ont porté ce chandail ont tout donné sur la patinoire. Je suis fier d'en faire partie.»

Selon Brendan Gallagher, c'est aussi grâce à une volonté phénoménale que Price est rendu aujourd'hui le gardien avec le plus de victoires dans l'histoire de l'équipe.

«C'est le résultat de beaucoup de travail et c'est bien mérité, a dit Gallagher mercredi matin au sujet de l'exploit de son coéquipier. Nous le voyons chaque jour. Il y a une raison pour laquelle il est le meilleur gardien au monde et qu'il a le respect de tout le monde à travers la ligue. Tous ceux qui le côtoient peuvent voir comment il est compétitif, comment il se bat toujours jusqu'au bout et il nous fait paraître meilleurs que nous le sommes.

«Je sais que c'est un moment spécial pour lui. Il a vécu beaucoup de choses dans cette ville, avec cette équipe. Et sa carrière est loin d'être terminée, ce qui est encore plus spécial.»

Malgré l'exploit accompli mardi et même s'il est difficile, voire impossible, de trouver quelqu'un qui gravite autour de la LNH être critique dans son analyse de la carrière de Price, le Britanno-Colombien ne fait toujours pas l'unanimité auprès des partisans. Certains sont encore amers d'avoir vu la direction du Canadien préférer Price à Jaroslav Halak après le parcours spectaculaire du Slovaque lors du printemps 2010. D'autres croient que le Canadien aurait eu avantage à repêcher Anze Kopitar en 2005, réglant ainsi le problème récurrent de trouver un gros centre numéro un.

Pour cette raison, le plus étonnant en voyant Price devancer Plante au chapitre des victoires est peut-être le fait qu'il en est à sa 12e saison à jouer dans la pression du marché montréalais.

«Les partisans sont exigeants, mais en même temps, ce sont les meilleurs partisans au monde, a insisté l'entraîneur-chef Claude Julien. Je ne pense pas qu'il y ait de meilleure place pour accomplir ce que Carey a accompli. C'est tout à son honneur.»

L'ancien gardien Olaf Kolzig, qui a développé une relation fraternelle avec Price pendant son séjour avec les Americans de Tri-City dans le junior, n'a pas hésité à décrire une version plus critique de la mentalité du marché montréalais.

«À Montréal, vous êtes jugés selon ce que vous avez fait dernièrement, a-t-il récemment affirmé lors d'un entretien avec La Presse canadienne. Il y aura les louanges, mais s'il perd le prochain match, les critiques vont ressortir et il devra faire face à la musique.»

Si le Canadien ne parvient pas à se qualifier pour les éliminatoires, le plateau atteint par Price mardi ne sera peut-être qu'une note de bas de page dans le résumé de la saison. Mais si l'équipe participe au tournoi de fin de saison et réussit à causer une surprise ou deux, gageons que Price aura eu son mot à dire dans les succès des siens, comme c'est le cas depuis un peu plus d'une décennie.