À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, disait l'adage. Les Canadiennes de Montréal l'ont pris au pied de la lettre dans leur victoire de 3-0 contre le Thunder de Markham.

Elles ont ainsi pris l'avance 1-0 dans la série deux de trois contre celles qui les ont éliminées la saison dernière, devant près de 500 spectateurs rassemblés à la glace secondaire de la Place Bell.

Voyez-vous, on parlait de péril, le Jeep de l'une des joueuses des Canadiennes a été volé avant le match. Jusque-là, rien qui peut vraiment nuire à la tenue d'un match de hockey.

Le problème? Il y avait les patins de cinq des joueuses de l'équipe dans le véhicule. Branle-bas de combat à quelques heures du match. L'entraîneuse-chef Caroline Ouellette raconte la mésaventure en poussant un soupir de soulagement.

« Il n'y a rien de facile. Je ne pouvais pas croire ce qui arrivait. Éric Hurtubise, notre recruteur, travaille pour Sports Rousseau. Il a aidé les filles. Certaines avaient une deuxième paire, ça a aidé aussi. D'autres ont dû aller au magasin en vitesse choisir une nouvelle paire, les faire mouler et jouer avec [vendredi] soir. Tout ça ensemble, c'est une autre distraction, et c'est une des raisons pour lesquelles cette performance me rend encore plus fière. »

Certaines ont même dû tester leur nouvel équipement tout juste avant le match. Parmi les joueuses désormais sans patins, il y avait la gardienne de but Emerance Maschmeyer. Pas de problème, elle a été parfaite toute la soirée, malgré qu'elle n'ait reçu que 14 tirs.

« On ne peut pas tout contrôler. C'est encore plus amusant. Ça t'empêche de trop penser. Tu te dis, allons sur la glace et jouons, ça ne sera pas parfait. J'ai trouvé mes vieux patins, ils étaient couverts de poussière. J'ai réussi à m'en tirer. »

Cette histoire des patins disparus s'ajoutait à l'absence de Marie-Philip Poulin, l'une des meilleures joueuses au monde, certainement le visage de l'équipe. Poulin s'est blessée au bas du corps (oui, apparemment, c'est aussi comme ça que ça marche dans la Ligue canadienne de hockey féminin) au dernier match de la saison, il y a deux semaines. On l'a aperçue avant le match, grand sourire, portant une attelle à la jambe gauche.

Puis, en milieu de première période, le pilier défensif de l'équipe Erin Ambrose s'est blessé après une mise en échec par-derrière. Karell Émard, exemple de polyvalence, a quitté sa place à l'attaque pour dépanner à la ligne bleue. Sans patins, sans deux des meilleures joueuses de l'équipe, le défi était grand pour les Canadiennes.

Saulnier et Daoust se lèvent

Jill Saulnier a saisi la gravité du moment plus que quiconque. Elle porte le 11, comme Brendan Gallagher, et pour faire exprès, elle joue de la même manière. Toujours le nez dans la circulation, coup de patin explosif, rouée de coups par l'adversaire. C'est une joueuse à connaître, qui a représenté avec fougue le Canada sur les plus grandes scènes, des Jeux olympiques aux Championnats du monde.

À un certain moment en deuxième période, elle a provoqué le revirement derrière son propre filet, et quelques secondes plus tard, c'est elle qui obtenait les chances de marquer. Quelques minutes plus tôt, elle avait trouvé le moyen de lancer deux montées, l'une après l'autre, à elle seule. La rondelle semblait toujours trouver son bâton. Bref, une performance sublime, même si elle ne s'est pas retrouvée sur la feuille de pointage.

« Elle s'est fait frapper, mais elle est restée calme, a dit Ouellette. Elle était très impliquée. Les adversaires devaient faire des jeux rudes pour l'arrêter. J'ai aimé sa vitesse, elle était très explosive. Elle était dangereuse. »

« On a besoin que tout le monde soit un peu meilleur que d'habitude quand tu perds Marie-Philip Poulin, c'est exactement ce qu'on a eu. »

- Caroline Ouellette, entraîneuse-chef des Canadiennes

« C'est différent en séries, a admis Saulnier. J'ai bien dormi, j'ai regardé des vidéos, j'étais prête. J'avais hâte. Quand ton équipe perd deux des meilleures joueuses au monde, tu veux les rendre fières et faire tout ton possible. On est restées soudées. Je suis vraiment fière de la manière dont on a joué. »

La recrue Catherine Daoust aussi a laissé sa marque sur le match. Elle avait le mandat, avec Lauriane Rougeau, d'éteindre l'un des plus dangereux trios de la ligue. Ce qu'elle a réussi à merveille. En plus, elle a marqué un but en avantage numérique d'un tir papillon de la pointe.

« On a pris plus de responsabilités chaque fille, mais on a tellement pratiqué qu'on est prêtes à toute éventualité. On est en séries, it's time to shine (c'est le moment de briller). Qu'il manque du monde ou non, on va travailler fort et on va accomplir tout ce qu'on veut. »

Mélodie Daoust, en avantage numérique encore, et Hilary Knight ont marqué les autres filets des Canadiennes. Elles tenteront d'en finir dès samedi soir, dans le deuxième match de la série disputé au Complexe Bell de Brossard.