Kevin Roy avait des attentes élevées pour cette saison 2018-2019. Après avoir goûté à la Ligue nationale pour la première fois l'an dernier, l'attaquant de Québec pensait bien s'y établir à temps plein cette saison.

«Je suis prêt à faire le saut. Je sais que je suis de calibre et que je peux patiner dans cette ligue-là», déclarait-il au légendaire collègue Robert Laflamme, de LNH.com, l'été dernier.

Puis une bête blessure à un poignet au camp des Ducks a fait dérailler le plan. C'est seulement le 16 février qu'il a pu disputer son premier match de la saison, dans la Ligue américaine. Mais c'est là que ça devient intéressant pour lui.

Les Ducks sont écartés de la course aux séries depuis plusieurs semaines. Roy a 25 ans, mais il en est seulement à sa troisième saison chez les professionnels. Ses études universitaires ont retardé son arrivée dans l'organisation des Ducks.

Résultat: après cinq matchs à San Diego, il a été rappelé. Et ses trois matchs avec les Ducks jusqu'ici, il les a joués avec Ryan Getzlaf et Corey Perry comme compagnons de trio. On saura ce matin s'il conservera ce poste enviable contre le Canadien, ce soir, au Honda Center.

«Le hockey pro, c'est ça. Tu profites des chances qui te sont données. Tu n'en as pas tout le temps, donc quand tu en as une, tu essaies de montrer ce que tu peux faire», explique le jeune homme.

Lors du passage de La Presse à Anaheim, dimanche dernier, leur trio avait été relativement tranquille, mais Roy avait obtenu une bonne chance de marquer en fin de match, et avait aussi bien failli en préparer une pour Getzlaf.

Cela dit, Roy revient d'une longue absence, et Perry n'est plus le joueur qu'il était, ayant lui aussi raté une bonne partie de la saison. En 17 matchs, Perry ne compte que 2 buts et 2 passes. Getzlaf demeure tout de même productif, avec 39 points en 57 rencontres.

«Ce sont deux futurs membres du Temple de la renommée et ils continuent à faire la pencher la balance. Tu leur donnes la rondelle et ils ont l'expérience et du talent, explique Roy.

«Ça demeure spécial de jouer avec eux. Quand j'étais petit, je les voyais au match des Étoiles. Perry a gagné le trophée Hart. Au début, c'est spécial, mais ensuite, tu t'ajustes, c'est plus normal. Mais c'est le fun de partager la glace avec eux.»

En attendant Eakins?

Ainsi va donc la vie chez les Ducks, qui arrivent à la fin d'un cycle formidable, marqué par les succès de Perry et Getzlaf. Depuis le lock-out de 2005, les palmipèdes ont raté les séries seulement deux fois, ont gagné la Coupe Stanley en 2007 et ont atteint la finale de l'Ouest à trois autres reprises.

Ce sont donc des circonstances inhabituelles pour cette équipe. Encore plus inhabituel: la présence du directeur général, Bob Murray, qui assure l'intérim depuis le congédiement de Randy Carlyle.

Les Ducks embaucheront un nouvel entraîneur-chef au terme de la saison. Dans le cadre de leur reconstruction, cette décision sera extrêmement intéressante. Des vétérans entraîneurs comme Joel Quenneville, Alain Vigneault et Todd McLellan sont actuellement sans emploi, mais on murmure que les demandes salariales de ces pilotes excèdent le budget de l'équipe, en particulier celles de Quenneville.

En revanche, ils ont aussi une solution économique dans leurs propres rangs: Dallas Eakins, qui a suscité de grandes attentes quand les Oilers l'ont embauché en 2013, dirige le club-école des Ducks à San Diego depuis 2015. Les Gulls sont en voie de participer aux séries pour la troisième fois en quatre ans sous Eakins.

La candidature d'Eakins est intrigante parce que les Ducks intègrent peu à peu un noyau de jeunes développés par Eakins dans la ville des Padres. Kevin Roy est l'un de ces joueurs. Les attaquants Max Jones, Troy Terry, Sam Steel et le défenseur Josh Mahura font aussi partie du lot.

À la simple mention du nom d'Eakins, Roy nous interrompt: «Il a été incroyable.»

«J'ai toujours été un joueur offensif, mais quand je suis arrivé chez les pros, il était là pour m'aider défensivement, sans la rondelle, pour les habitudes hors glace, au gym, poursuit le Québécois. Ça fait deux semaines que je suis revenu, et dès mon premier match, je me sentais super bien. Il fait un suivi incroyable, comme le prouvent les joueurs qu'il a développés.»

«Il était formidable. Il m'a aidé à me détendre, à arrêter d'avoir peur de faire des erreurs, il m'a laissé jouer, énumère Terry. Il m'a aidé le long des rampes. Il a été d'un grand soutien pour moi. Il m'a montré des choses, mais il m'a surtout aidé à avoir confiance.»

L'embauche d'Eakins à Anaheim serait-elle bien vue par les jeunes? «Ça serait super. On ne contrôle pas ça, mais beaucoup de joueurs l'apprécient», affirme Roy.

Que ce soit Eakins ou un autre, les Ducks auront besoin d'un entraîneur capable de travailler avec les jeunes. L'équipe compte sur un bassin d'espoirs intéressant et un développement rapide de ces jeunes leur permettrait d'échapper à un long processus de reconstruction.