La décision du Canadien de sélectionner Carey Price au cinquième rang du repêchage de 2005 en avait surpris plus d'un, même si plusieurs observateurs s'entendent aujourd'hui pour dire qu'elle s'est avérée la bonne.

Price, qui n'est plus qu'à une victoire de rejoindre Jacques Plante au premier rang de l'histoire du Canadien à ce chapitre, était très bien coté par les recruteurs amateurs. Toutefois, la décision de la formation montréalaise de jeter son dévolu sur un grand gardien un peu maigrichon de la Colombie-Britannique avait causé une onde de choc à l'hôtel Westin d'Ottawa où avait lieu la séance de repêchage.

L'analyste Pierre McGuire avait sévèrement critiqué la décision sur les ondes du réseau TSN, rappelant que le Canadien comptait déjà sur José Théodore, Cristobal Huet et Yan Danis dans son organisation.

«Les besoins de l'équipe à l'époque étaient pour un centre ou un défenseur avec un bon gabarit, a récemment rappelé McGuire lors d'un entretien avec La Presse canadienne. Le Canadien aurait pu opter pour Anze Kopitar, qui a gagné deux coupes Stanley avec les Kings de Los Angeles, ou encore Marc Staal, qui a atteint la finale avec les Rangers de New York. Ils étaient les deux joueurs que je croyais que le Canadien devait cibler en raison de la profondeur au sein de l'organisation.

«Je donne crédit au Canadien, qui a été en mesure d'échanger José Théodore. Je croyais que ce serait difficile à l'époque en raison du plafond salarial.»

Les Blue Jackets de Columbus détenaient le sixième choix du repêchage de 2005 et ils ont poussé un soupir de soulagement quand ils ont appris que le Canadien avait opté pour Price. L'équipe hésitait alors entre les centres Gilbert Brulé ou Kopitar.

«Tout le monde avait Brulé cinquième ou sixième sur sa liste, a mentionné l'analyste au réseau Sportsnet Doug MacLean, qui était alors directeur général des Blue Jackets. C'était Sidney Crosby, puis Bobby Ryan et Jack Johnson. Le Wild du Minnesota a pris Benoit Pouliot, que tout le monde adorait.

«Nous étions certains que le Canadien allait prendre Gilbert Brulé. [...] C'est drôle parce que je me souviens que Pierre Dorion (alors recruteur pour le Canadien) s'était présenté à notre table pour dire à notre recruteur en chef Don Boyd que le Canadien allait prendre un gardien. C'était un soulagement pour nous.»

MacLean a expliqué que Price n'était pas sur le radar des Blue Jackets, malgré de bons mots des recruteurs puisque l'équipe comptait déjà dans ses rangs Marc Denis et Pascal Leclaire.

Autant McGuire que MacLean insistent pour dire aujourd'hui que Price est devenu l'un des meilleurs gardiens de son époque, alors qu'il occupe déjà le 29e rang de l'histoire du circuit au chapitre des victoires avec 313. Le Canadien amorce, mardi, un séjour de trois matchs sur la côte ouest américaine en affrontant les Kings à Los Angeles.

Malgré sa tirade contre la décision du Canadien, McGuire s'attendait néanmoins à de grandes choses de Price.

«Le moment qui me revient à l'esprit est survenu au Championnat du monde des moins de 18 ans, a raconté McGuire. Il avait connu un match difficile ; il avait envoyé une rondelle par-dessus la baie vitrée, ce qui avait provoqué une punition pour avoir retardé la partie. Cependant, il ne semblait pas ébranlé, même si c'était une situation difficile à gérer pour un jeune joueur. Vous pouviez déjà voir à quel point il était toujours calme et concentré.»

Price a joué son hockey junior avec les Americans de Tri-City dans la Ligue de l'Ouest (WHL). Le gardien Olaf Kolzig faisait déjà partie du groupe de propriétaires de l'équipe à l'époque, lui qui avait aussi porté les couleurs des Americans au niveau junior. Pendant le lock-out qui a mené à l'annulation de la saison 2004-05, Kolzig, qui jouait toujours pour les Capitals de Washington, s'est entraîné avec les Americans et a appris à connaître Price.

Les deux ont développé une relation fraternelle et se voient toujours pendant la saison morte. Selon Kolzig, Price avait déjà l'attitude parfaite pour jouer avec le Canadien.

«En apprenant à le connaître, son comportement et son attitude m'ont frappé, a raconté Kolzig. C'était le comportement parfait pour un gardien. Et quand j'ai appris qu'il avait été repêché par le Canadien, je me disais que c'était un mariage parfait.

«Je ne crois pas que quelqu'un peut se nourrir de la pression, mais Carey n'y succombe pas. [...] Il n'est pas affecté par la pression des partisans, des médias et des attentes. Il est très terre-à-terre.»

C'est probablement ce qui explique pourquoi Price en est à sa 12e saison avec le Canadien. Avant qu'il soit repêché en 2005, le Tricolore avait employé 11 gardiens différents en neuf ans depuis l'échange qui avait envoyé Patrick Roy à l'Avalanche du Colorado. Théodore, Jocelyn Thibault et Jeff Hackett avaient été les gardiens les plus utilisés.

Même s'il n'a toujours pas gagné la Coupe Stanley, Price a néanmoins amené de la stabilité devant le filet du Canadien et il demeure l'un des meilleurs joueurs à avoir été sélectionné lors du repêchage de 2005.