Nous sommes parfois quelques-uns, n'est-ce pas, à nous moquer un peu de Marc Bergevin quand le directeur général affirme avec la prévisibilité d'un politicien que « dans les séries, avec Carey, tout est possible ». C'est une observation que l'on juge sans doute réductrice, parce que ça ramène tout au gardien, une vilaine habitude qui n'a pourtant pas permis au Canadien de gagner quoi que ce soit depuis l'époque du grunge.

Mais on peut comprendre l'enthousiasme du DG quand on voit le gardien du CH jouer certains soirs comme il l'a fait hier, sur la glace du Madison Square Garden, à Manhattan.

Bien sûr, les Rangers ont déjà hissé le petit drapeau blanc de la capitulation et plusieurs bons joueurs ont quitté le navire depuis quelques jours. C'est un club de fond de classement, on s'entend. Mais quand même. Cette victoire du CH, par la marque de 4-2, est une victoire frappée du numéro 31 au bas de la page.

Il y a des arrêts qui peuvent changer le cours d'un match, et celui de Price face à Vladislav Namestnikov en deuxième période, alors que l'attaquant des Rangers voyait devant lui un but grand ouvert, est le genre d'arrêt qui apporte une dose d'énergie à son équipe... et le genre d'arrêt qui coupe un peu le souffle à l'adversaire.

« Un arrêt comme ça, ça met tout le reste du groupe en confiance, et ça sème le doute dans l'autre équipe. Il y a aussi la façon dont il contrôle le match avec son bâton, en relançant le jeu autour de son filet... J'aime bien qu'il fasse partie de notre équipe ! »

- Jesperi Kotkaniemi

Le jeune Finlandais a bien raison d'être heureux d'être content. Le mauvais départ de Price va probablement lui coûter une nomination au trophée Vézina, mais par la façon dont il joue depuis un mois ou à peu près, le gardien numéro un du CH rappelle celui qu'il était au moment où il avait mis la main sur le fameux trophée. Et c'est aussi ce qui permet au Canadien et à ses partisans de rêver.

L'autre détail fondamental dont le Canadien ne peut absolument pas se passer, c'est l'importance d'une production offensive de la part de tous les trios. Claude Julien enfonce souvent ce clou-là, avec raison, parce que cette équipe ne mise pas sur des joueurs exceptionnels en attaque.

Alors, qui a-t-on vu hier soir ? Joel Armia. Un autre de ces joueurs obtenus sans faire trop de bruit, qui se manifeste de temps à autre comme ça, en montrant des signes occasionnels de talent. Ça lui est arrivé hier : trois buts, dont un réussi dans un corridor très restreint, avec le gardien Henrik Lundqvist qui semblait avoir « coupé » l'espace entre lui et le tireur. Mais Armia a sorti ses mains du dimanche et a envoyé la rondelle sur la cible.

C'est évidemment loin d'être terminé. Le problème avec les courses aux séries, c'est qu'elles sont longues, difficiles, compliquées. Le Canadien n'a plus que 17 matchs à disputer, dont celui de ce soir au Centre Bell, assez important merci, contre les Penguins de Pittsburgh.

Mais le Canadien a aussi le Carey Price des beaux jours. Et puis, soudainement, oui, tout semble possible.