Il y a quelques semaines, après qu'Antti Niemi eut retrouvé ses moyens, Claude Julien a dit ceci: les équipes qui accordent le moins de buts sont celles dont les deux gardiens peuvent se partager la tâche.

C'est vrai de plusieurs des meilleures équipes de la ligue, et c'est assurément vrai aussi des Predators de Nashville. Avant les matchs d'hier, seules trois équipes dans toute la LNH avaient accordé moins de buts que les Predators. Et si ces derniers s'en tirent si bien, c'est en bonne partie grâce à leurs gardiens, Pekka Rinne et Juuse Saros.

Rinne n'a plus besoin de présentations. Finlandais, 36 ans, 6 pieds 5 pouces de grâce. Il en est à sa 14e saison dans l'organisation des Predators. Il arrive au 24e rang des gardiens par le nombre de victoires, avec ses 330 triomphes. Il est aussi, au cas où on l'aurait oublié, le plus récent gagnant du trophée Vézina.

Son partenaire, lui, est moins connu. Saros est Finlandais, lui aussi, mais à l'inverse de Rinne, il est l'un des plus jeunes gardiens de la ligue, à 23 ans, et surtout, le plus petit gardien régulier, à 5 pieds 11 pouces. Il présente cette saison une fiche de 14-6-2 et il s'est imposé comme le gardien d'avenir de l'organisation.

Rinne est le premier à admettre que la ligue se dirige de plus en plus vers un système à deux gardiens. Mais à les écouter, ce n'est pas pour demain que Saros va pousser Rinne à la retraite.

«Pekka m'a beaucoup aidé depuis mon arrivée, a reconnu Saros. On parle beaucoup. J'ai vécu chez lui pendant un moment. Si j'ai des questions, il est toujours là pour m'aider. Je ne pourrais imaginer un meilleur partenaire devant le filet. Il joue depuis longtemps, mais il cherche quand même toujours à s'améliorer. Il m'aide, mais il se pousse aussi beaucoup.»

«Je me sens un peu comme un grand frère, a reconnu Rinne. Nous sommes très proches et je suis content d'être à ses côtés depuis le début de sa carrière. Personnellement, j'espère qu'il aura une belle carrière ici. Je peux l'aider, mais il m'aide aussi. C'est une belle relation.» 

Une relation assez particulière, tout de même, à mi-chemin entre le mentorat et la compétition. Les deux gardiens sont encore sous contrat pour les deux prochaines saisons. Le scénario logique voudrait que d'ici là, Rinne ait pu préparer sa propre relève devant le filet des Predators.

«Il n'y a pas beaucoup de gardiens qui font comme Carey Price et qui deviennent des numéros un à 20 ans, a analysé Saros. Je suis chanceux d'être un si jeune gardien dans cette ligue. Bien sûr que je veux être numéro un, mais c'est un processus qui prend du temps. J'essaie de m'améliorer et je reste patient.»

En attendant, il y a quand même un aspect du jeu sur lequel Rinne ne pourra pas l'aider : la taille. Depuis le retour du lock-out, seuls trois gardiens plus petits que Saros ont joué dans la LNH: Jhonas Enroth, Richard Bachman... et Jorge Alves. Alves est ce gérant d'équipement qui s'est retrouvé devant le filet des Hurricanes de la Caroline pendant 7,6 secondes, le 31 décembre 2016.

«On m'en parle depuis toujours. Je dois avoir un jeu précis, pour mes mouvements et ma position de base. Mais je n'y pense pas vraiment. J'ai toujours été petit. J'ai toujours dû m'ajuster. S'il y a plusieurs passes, je ne peux pas être trop agressif. Les joueurs sont trop talentueux. Je ne peux pas tricher. Le filet est un peu haut pour moi, mais je dois avoir des réactions rapides et utiliser mes mains le mieux possible.»