Quand ses patrons lui ont dit qu'il allait devoir retourner à l'aile avant le début de la présente saison, Jonathan Drouin n'a pas pris ça comme une rétrogradation, ou comme une insulte, ou comme une forme de recul.

Bien au contraire. Jonathan Drouin, en fait, y a détecté une occasion à saisir.

«Je n'ai jamais vu ça comme ça. Je sais que je suis un ailier, et l'an passé, on n'avait pas de premier centre, a-t-il expliqué hier matin à Brossard. Alors quand j'ai vu Max Domi arriver ici et s'entraîner au poste de centre, moi, j'ai vu ça comme une occasion. Parce que ça me permettait de retourner à l'aile et de faire des choses que tu ne peux pas faire quand t'es au centre. Ce ne sont pas les mêmes responsabilités.»

Il y a quelques joueurs qui sont en passe de connaître la meilleure saison de leur carrière à bord du Canadien de 2018-2019, et Jonathan Drouin est du groupe.

Avec 46 points en 56 rencontres, l'attaquant québécois a déjà égalé sa production de la saison dernière, et en plus, il n'est qu'à 7 points de son meilleur total de points à vie dans la LNH (53), obtenu avec le Lightning en 2016-2017.

Pour Drouin, cette hausse soudaine de production de la part d'un peu tout le monde (incluant lui-même) chez le CH s'explique assez facilement.

«Je sais qu'on a souvent parlé de l'attitude... mais c'est vrai: quand l'équipe va bien, quand c'est tout le collectif qui va bien, tout le monde en profite. On le voit ici; c'est pas seulement un gars qui traîne l'équipe sur ses épaules, c'est tout le monde qui vient pour contribuer cette saison. On a l'impression qu'il y a toujours quelqu'un de différent qui marque un gros but ou qui fait un gros jeu chaque soir.»

On lui fait remarquer que Jonathan Drouin l'ailier a peut-être moins de pression que Jonathan Drouin le centre pouvait en avoir. Il ne semble pas si sûr. «La pression, elle est là, parce que je me la place moi-même sur les épaules... Je n'ai jamais senti que c'était plus de pression de jouer au centre.»

Tout de même. Le Jonathan Drouin intense et impliqué que l'on voit très souvent cette saison est à des kilomètres du joueur désintéressé et effacé que l'on voyait trop souvent la saison dernière. C'est d'ailleurs un peu ce Drouin-là qui a poussé le Lightning à bout de patience pour mener à la transaction que l'on sait, en juin 2017, en retour du défenseur Mikhail Sergachev.

Quand on lui demande s'il croit être un joueur transformé, Drouin se contente de hausser les épaules.

«Oui, je me sens transformé, mais encore là, ça revient à l'équipe... C'est plus facile quand tu gagnes. Quand tu viens de perdre huit matchs de suite, quand tu viens de perdre sept matchs de suite, aller à l'aréna, c'est pas le fun. C'est plus facile maintenant. C'est plus facile de trouver de la motivation.»

Pour le Canadien, la série de quatre matchs baromètres est à moitié terminée ; il reste à l'horaire deux autres matchs d'importance, soit celui de jeudi soir à Nashville contre les Predators et celui de samedi soir à Tampa Bay contre le Lightning.

Drouin, bien qu'il ait été blanchi samedi soir au Centre Bell contre Toronto, est en pleine forme ces jours-ci, avec une récolte de 13 points à ses 11 derniers matchs.

On aura compris que c'est de ce Drouin-là que le Canadien aura besoin au cours des deux prochains matchs... et aussi au cours des prochaines semaines.

«On a cinq ou six gars ici qui connaissent leurs meilleurs moments dans cette ligue. Un soir c'est un trio, l'autre soir c'est un autre trio qui marche, a-t-il ajouté. Comme je disais, c'est plus facile quand tu t'amuses...»