Quiconque a accompagné son enfant dans un aréna du Québec a vécu le malaise: un parent un peu trop agressif s'en prend à l'arbitre, à l'entraîneur ou même aux jeunes joueurs sur la glace.

La ministre déléguée à l'Éducation et ministre responsable de la Condition féminine et ancienne olympienne, Isabelle Charest, l'a vécu elle aussi avec son fils.

Elle était une l'une des principales intervenantes lundi après-midi au lancement du Guide de gestion de cas au hockey, dans les bureaux de Hockey Québec.

«Absolument, j'ai vécu des situations, a-t-elle confié après le point de presse. Et on est démunis. On ne sait pas si on doit intervenir ou comment ça va être perçu. En donnant ainsi des balises, ceux qui vont intervenir auront une procédure à suivre, et la personne qui recevra ces commentaires-là va avoir une référence et réalisera qu'il est allé trop loin. De compter sur ce protocole va outiller beaucoup les parents et ceux qui gravitent autour du sport.»

Une première mouture de ce guide avait été conçue en 2011 par l'organisme Equijustice Arthabaska/Érable pour le bénéfice de l'Association de hockey mineur de Victoriaville. En 2017, le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement a approché Equijustice pour lui demander d'étoffer le document afin d'en élargir la portée.

La première section du guide présente une liste de comportements jugés inacceptables. On y propose ensuite des mesures pour prévenir les débordements et une charte avec gradation de sanctions pour régler les problèmes. Dans les pires cas, après plusieurs avertissements, on suggère de radier des arénas les parents trop excessifs.

On offre aussi plusieurs liens de référence, des exemples de formulaire de demande d'intervention ou de courriels d'avertissement. Équijustice, un réseau de médiation citoyenne, évoque aussi les démarches à suivre pour des demandes de résolution de conflits par l'entremise de son organisme.

«Le guide permet aux organisations de hockey mineur d'avoir un document de référence, soutien le DG de Hockey Québec, Paul Ménard. Notre rôle comme Fédération est d'offrir un support et de l'encadrement. Ce n'est pas drôle d'être bénévole aujourd'hui. Les attentes sont aussi hautes que s'ils étaient payés. Ils ont fait leurs 40 heures et ils viennent donner leur temps. Les parents s'attendent à un service».

Paul Ménard affirme qu'aucune autre fédération à travers le monde n'offre à ses membres un tel guide. «À ce que je sache, il n'y en pas d'autre. On ne peut pas être contre un outil qui va aider nos associations. Honnêtement, la société a évolué dans ce sens-là. Ce qui était inacceptable, mais toléré, il y a plusieurs années est désormais inacceptable et n'est plus toléré. Les gens doivent savoir qu'ils peuvent intervenir. C'est l'affaire de tous de s'assurer d'un bon climat dans les arénas.»

La ministre Charest ne voit pas pourquoi cette initiative ne ferait pas des petits. «Cette procédure de résolution de problème pourrait s'étendre à d'autres sports, définitivement. Ça peut arriver partout. On évolue. Il faut arrêter de se taper sur la tête et se donner des moyens pour que ça ne se reproduise pas. Je vois des jeunes qui vont arbitrer un match et qui se font engueuler par les parents. C'est inacceptable. On est en train de "monter" des jeunes qui s'impliquent, et ils se font crier après. Le guide, c'est une façon de remonter le sport au Québec. Je suis très optimiste et enthousiaste. »

EXEMPLE DE STRUCTURE D'INTERVENTION

CODE 1 (non-respect des règlements de l'association, usage abusif d'alcool ou de drogue, comportement inacceptable sur les réseaux sociaux, manquer de respect envers une personne)

1re infraction : avertissement verbal ou écrit.

2e infraction : rencontre de mise au point.

3e infraction : processus de médiation et, ou, comité de discipline

4e infraction : suspension ou renvoi de l'aréna.

5e infraction : expulsion de l'association.

CODE 2 (refuser de respecter une intervention imposée ou encourager son enfant à adopter un comportement inadéquat ou violent)

1re infraction : rencontre de mise au point et processus de médiation et, ou, comité de discipline.

2e infraction : suspension ou renvoi de l'aréna.

3e infraction : expulsion de l'association.

CODE 3 (intimider une personne, menacer une personne ou manifestation de violence physique)

1re infraction : comité de discipline et, ou, processus de médiation et, ou, suspension ou renvoi de l'aréna.

2e infraction : expulsion de l'association.