Le Canadien ne veut absolument pas perdre son statut d'équipe mésestimée.

Un club n'ayant rien à perdre possède des avantages indéniables contre des adversaires sur lesquels les attentes pèsent lourd.

Imaginez un affrontement entre le CH et les Maple Leafs en première ronde. Vous devinez aisément qui aura toute la pression.

Dans un effort concerté, Claude Julien et les joueurs du Canadien se sont chargés de le rappeler à un peu tout le monde après le match d'hier.  

«Vous pouvez nous laisser tranquille et parler des autres équipes», a lancé le capitaine Shea Weber aux journalistes dans le vestiaire.

Le coach en a ajouté: «Personnellement, et nous, à l'interne, et je le dis avec respect, on s'en fout (des opinions extérieures). Nous voulons simplement nous concentrer sur nos tâches à accomplir, et si les gens veulent nous encenser ou nous critiquer, ça ne nous concerne pas. Notre groupe croit en son potentiel. Nos joueurs savent que si nous jouons de la bonne façon, on se donne une chance.»

On comprend le CH de chasser toute influence extérieure. Les attentes n'étaient pas très élevées en début de saison, mais elles grandissent au fil des victoires, surtout après une performance comme celle d'hier contre les Jets de Winnipeg, troisièmes au classement général.

D'autre part, l'emballement des fans et des médias est légitime. Le Canadien devait vivre une saison de réinitialisation, après un hiver catastrophique l'an dernier.

En ce 8 février, le CH a une fiche de 31-18-6, à trois points du troisième rang au classement général. Il détient huit points d'avance sur les Hurricanes de la Caroline, dernier club exclu des séries, avec seulement un match de moins à disputer. Et contrairement à la saison 2016-2017, l'équipe ne semble pas vouloir s'écrouler après un départ canon. Depuis décembre, le CH a une fiche de 20-9-1.

Claude Julien a dit une autre chose très importante hier. Une citation qu'il faudrait épingler sur le frigo à l'approche de la date limite des échanges: «Les meilleurs joueurs ne font pas les meilleures équipes, le plus important demeure d'avoir le meilleur groupe, qui joue bien ensemble.»

On comprend un peu mieux pourquoi le DG Marc Bergevin affirme qu'il ne sacrifiera pas ses meilleurs espoirs pour des joueurs de location. Effectuer un échange majeur est toujours une arme à double tranchant.

Un bon système collectif permet à tous de se mettre en valeur. On répète qu'il faut trouver un défenseur sur le marché pour compléter Shea Weber au sein de la première paire.

Mais mine de rien, Victor Mete devient indélogeable. Mete a joué 21:35 hier contre le redoutable quintette des Jets. Il a amassé une passe et affiché un splendide +4. Il a une fiche de +13 en 21 matchs depuis son rappel du Rocket de Laval, le 19 décembre.

L'acquisition d'un défenseur gaucher de premier plan contribuerait peut-être davantage à solidifier la deuxième et la troisième paire, en faisant reculer Mike Reilly d'une place dans la hiérarchie, quoique même Reilly semble trouver une constance avec Petry. Mais on ne crache jamais sur de la profondeur.

Parlant de joueurs sous-estimés, Phillip Danault, avec ses quatre points hier, porte son total à 40 points en 55 matchs, sans jamais jouer en supériorité numérique et en affrontement constamment les meilleurs éléments adverses.

D'ailleurs, Danault vient au 27e rang des compteurs de la LNH pour les points à égalité numérique, 38. Il devance à ce chapitre des joueurs offensifs réputés comme Jonathan Toews, Evgeni Malkin, Steven Stamkos, Logan Couture, Ryan O'Reilly, David Pastrnak, Tyler Seguin, Phil Kessel et Brad Marchand, entre autres. Danault a aussi une fiche de +22, la meilleure de l'équipe.

Danault ne fait rien de spectaculaire, mais il a le don de bien faire paraître ses ailiers. Son ailier droit Brendan Gallagher est en voie de répéter une deuxième saison consécutive de 30 buts ou plus.

Depuis qu'il joue à la gauche de Danault, Jonathan Drouin a 13 points en 10 matchs, dont neuf à ses trois derniers. Sept de ses neuf points ont été obtenus à égalité numérique.

Il serait évidemment injuste d'attribuer à Danault seul les succès de Drouin. Les deux se complètent à merveille et Drouin sert aussi bien Danault que vice versa.

Drouin semble avoir enfin trouvé la recette du succès. Comme si on lui avait mis du poivre de Cayenne dans les patins. Cet attaquant de 23 ans obtenu pour Mikhail Sergachev semble enfin avoir compris l'importance d'exploser sur patins et ne pas se fier uniquement à ses mains. L'attaquant statique du début de saison a disparu, du moins ces temps-ci.

Jesperi Kotkaniemi est un autre joueur sous-estimé, puisque la majorité ne le croyait pas prêt pour la LNH cette saison. Il a six buts à ses dix derniers matchs à une période de l'hiver où l'on sépare généralement les hommes des enfants.

Même Shea Weber et Carey Price pourraient entrer dans la catégorie des joueurs sous-estimés, Weber, après une absence de presque un an, et Price à la suite d'une saison de misère l'hiver dernier.

Price est sans doute tenté de nous lancer un petit «Chill out» bien senti, mais pour des raisons bien différentes de la dernière fois.

Gardons les chaises pliantes bien rangées chez soi, prévoyons de les utiliser pour la plage seulement cet été et non pour la parade, et apprécions chaque victoire comme un bonus. Un match à la fois...

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Le temps file. L'ancienne gloire Vladimir Guerrero, que j'ai vu atterrir avec les Expos en 1996 alors que je couvrais l'équipe, est déjà à la retraite. Au tour de Vladimir Guerrero fils de cogner à la porte des majeures, avec les Blue Jays de Toronto.