C'était journée de congé pour le Canadien de Montréal. Un repos nécessaire avec le programme qui s'en vient: dans l'ordre, les Jets de Winnipeg, les Maple Leafs de Toronto, les Predators de Nashville et le Lightning de Tampa Bay.

Quatre aspirants à la Coupe Stanley, forcément quatre matchs qui en diront beaucoup au directeur général Marc Bergevin à l'approche de la date limite des transactions. 

Parce que cette date limite des transactions arrive vite, dans 18 jours très exactement. Le DG aura des décisions à prendre. Mais déjà Claude Julien a disséminé des indices de ce qu'il attend de son patron.

Il a dit lundi qu'il devait encore faire des expériences avec son quatrième trio pour trouver sa formule gagnante, justement à l'approche du jour fatidique. Avant le match face aux Ducks, il a glissé dans la conversation que le Canadien n'avait pas les outils pour gagner les duels plus physiques. Au sujet de ce qui avait été jusque-là son centre de quatrième trio le plus régulier, Michael Chaput, il a lancé qu'il espérait que le long congé lui soit bénéfique... avant de l'envoyer sur la galerie de presse pour deux matchs.

Autant de signes que quelque chose le chicote.

Ce qui nous mène naturellement à parler de la profondeur du Canadien. Contre les Ducks, Andrew Shaw, Paul Byron et Tomas Tatar manquaient à l'appel. Le premier pour un malaise au cou, le deuxième pour une blessure à l'avant-bras, le troisième pour un virus. C'est rarissime cette saison pour le Canadien d'avoir autant d'absents.

Sans eux, Julien a dû flanquer Max Domi de Charles Hudon et Matthew Peca pour ne pas déstabiliser tous ses trios. Hudon a offert des prestations en demi-teinte cette saison, on dirait toujours une fraction de seconde en retard. Réputé plus offensif, il n'a rien fait de vraiment distinctif dans un plus grand rôle contre les Ducks. Il n'a rien fait de vraiment répréhensible non plus, cela dit.

Peca de son côté a frôlé les 15 minutes d'utilisation, un sommet depuis qu'il s'est joint au Canadien. Il a offert l'une de ses plus convaincantes prestations grâce à sa vitesse. Dans une présence remarquée en deuxième période, il a alimenté deux fois Phillip Danault devant le filet, a gagné ses batailles contre Hampus Lindholm (qui n'est pourtant pas un petit monsieur) et a presque marqué avec une feinte entre les jambes. 

«Je ne sais pas si c'était mon meilleur match, a dit Peca. C'est celui où j'ai le plus joué en tout cas. Ça se peut que ce soit mon meilleur, ou un des meilleurs. On faisait les bonnes choses. C'était simple, on n'essayait pas trop. Quand on avait nos chances, on tirait. On a bien joué, on a gagné, c'est tout ce qu'on voulait.»

Le cas Peca

Sur papier, le contrat modeste de Peca (2 ans et 2,6 millions), bien qu'à un volet, était du type «bas risque, haute récompense». C'est vrai qu'entre les branches, on lui reprochait de perdre souvent ses batailles sur la glace. Ça n'a jamais vraiment changé. Mais son ancien coéquipier avec le Lightning Yanni Gourde avait le mieux résumé le risque de Bergevin cet été: peut-être, comme lui, Peca avait-il seulement besoin d'une chance de se faire valoir?

Cette chance, Peca l'a obtenue contre les Ducks. De toute évidence, elle a laissé Julien sur sa faim.

«Ce sont des joueurs à qui tu donnes des chances. Il patine bien, mais tu voyais que lui et Domi et Hudon n'avaient pas joué ensemble. C'était plus difficile de se trouver sur la patinoire. Mais les efforts étaient là et individuellement il a fait de bonnes choses.»

Julien a même, sûrement malencontreusement, laissé échapper plus tard un «pauvre Domi» en référence à son trio. On imagine qu'il avait surtout en tête que les trois joueurs ne se connaissaient pas vraiment, côté hockey. Quand même.

«Je ne crois pas qu'un rôle plus grand m'ait joué dans la tête, a jugé Peca. Peu importe où je suis dans la formation, ça ne change rien à ma manière de jouer. Ça ne devrait pas. Contre les Ducks, on avait plus de liberté, on jouait avec le bâton moins serré. C'était plaisant.»

«Peca a des chances, ça ne veut pas rentrer, comme pour moi, a dit Hudon. Ça va tourner. On était contents de jouer ensemble. On était seulement contents d'être les deux sur la patinoire. On verra pour la suite, mais on est contents de notre match.» 

Julien se retrouve avec cinq joueurs dans la fameuse «rotation». Chacun avec ses qualités et ses défauts, mais aucun ne semble lui inspirer une affection particulière. On ajoute aux Hudon et Peca les Nicolas Deslauriers, Michael Chaput et Kenny Agostino. Si Deslauriers offre une constance, à l'intérieur de son style, les deux autres ont considérablement ralenti.

Mais le groupe est plombé par une statistique que Julien ne pardonne pas pour des joueurs dans leur situation. Ils sont cinq des six pires chez le Canadien pour le pourcentage de buts en leur faveur à cinq contre cinq lorsqu'ils sont sur la glace.

À l'autre bout du spectre, Shea Weber et Victor Mete sont à 65%, ce qui en fait les deux meilleurs défenseurs «réguliers» (plus de 500 minutes de jeu) de la LNH.

Voici donc le dilemme du Canadien, qui de toute évidence n'a pas encore complété sa formation à l'approche des séries. C'est aussi le dilemme des cinq joueurs de la rotation. Il leur reste huit matchs pour devenir essentiels avant la date limite des transactions.