Côté spectacle, hier, rien à redire. On a eu droit à un peu de tout dans cette victoire du Canadien de Montréal 4-3 en prolongation sur les Oilers d'Edmonton.

Tout le monde a retenu son souffle quand Victor Mete a plié en accordéon, tête dans la bande, après un choc avec Milan Lucic en première période. Mais Mete n'avait rien de trop grave, il était de retour en deuxième période. Et Milan Lucic, le temps d'un match, était redevenu l'ennemi public numéro un. La foule s'en ennuyait un peu, il faut croire.

On a vu Paul Byron tomber au combat après une mise en échec en apparence inoffensive de Matt Benning. Il a quitté le match en frappant de rage la baie vitrée. On en sait bien peu sur son état de santé, sauf qu'il a été aperçu avec une protection au bras après le match.

On a eu droit à un but d'anthologie de Jesperi Kotkaniemi pour faire 3-3 dans les dernières minutes du match. Il a ramené la rondelle devant le filet, a servi un revers dans le haut du filet pas piqué des vers, puis a montré à tous ses mains de velours. On l'a déjà dit, il va être bon longtemps.

«Nos recruteurs ont fait un bon boulot avec ce choix, a reconnu Claude Julien. Il a été repêché au bon moment. Son talent est incroyable, il avait un bon gabarit, il s'est aussi amélioré côté force. Sa courbe d'apprentissage de la LNH m'impressionne. Il crée des choses, et au moment où certains joueurs ralentissent, il s'améliore encore.»

On a eu droit à un but gagnant spectaculaire de Jonathan Drouin, les cheveux au vent, qui a traversé la glace d'un bout à l'autre pour servir un tir parfait au gardien Mikko Koskinen.

C'était un match captivant, en montagnes russes, qui n'a pas déçu. Mais ce match est aussi l'occasion parfaite de parler des unités spéciales du Canadien.

Unités spéciales

D'abord, établissons un fait: le Canadien est dans l'élite de la LNH à cinq contre cinq. Il l'a encore prouvé en muselant Connor McDavid et compagnie à égalité numérique. Le Canadien vient au 6e rang de la ligue pour le pourcentage de buts en sa faveur à cinq contre cinq (117 buts marqués, 99 buts accordés). Il est dans le meilleur tiers autant pour les buts marqués que pour les buts accordés.

En revanche, c'est plus difficile pour les unités spéciales, l'avantage numérique surtout. Et si le Canadien rêve de victoires contre les meilleurs, il devra régler cet épineux problème avant les séries. Sinon, ça va finir par le rattraper, au pire des moments.

Combien de fois a-t-on écrit sur l'avantage numérique depuis le début de la saison? Il le fallait bien, le spectacle était pitoyable. Claude Julien mélangeait sans cesse ses combinaisons dans l'espoir de gagner le gros lot. Il a tout essayé: un défenseur, deux défenseurs, même Kenny Agostino sur la première vague. C'est tout dire.

L'entraîneur aurait-il enfin trouvé sa formule? Désormais, Jonathan Drouin est responsable de la circulation de la rondelle, à la pointe. D'un côté, il a Kotkaniemi qui peut tirer et de l'autre, il a Shea Weber. Tomas Tatar est au coeur de l'action et Joel Armia est devant le filet. Hier, cette formation a obtenu un but, un boulet de Weber, et a bien paru.

Drouin est un étudiant attentif des stratégies d'avantage numérique aux quatre coins de la LNH. Il espère que le Canadien a enfin frappé dans le mille.

«Ce n'est pas notre meilleure année, mais les derniers quatre ou cinq matchs, il y a du mouvement, il y a des lancers. On va chercher les rondelles dans les coins. On a de meilleures sensations et les passes sont précises. C'est un bon 1-3-1, les options sont là côté lancers. On a un droitier dans l'enclave avec Armia, et si Kotkaniemi ne peut pas lancer, il va trouver quelqu'un. Il y a encore des choses à améliorer, mais j'aime vraiment où sont placés les joueurs.»

Le Canadien est aussi dans le dernier tiers de la LNH pour le désavantage numérique. Hier, il a accordé deux buts dans cette situation, et un autre tandis que Max Domi venait de quitter le banc des pénalités. Le Canadien devra faire mieux, surtout si Byron devait s'absenter un moment. Mais au fond, la meilleure manière de régler le problème... est de ne pas être puni.

Contre les Oilers, Shea Weber et Jordie Benn ont été battus de vitesse. Domi a carrément perdu la tête en heurtant le gardien (même s'il a été poussé un peu, avouons-le) et en faisant une prise de lutte à Leon Draisaitl. De tous les joueurs de l'équipe, il est celui qui doit apprendre à mieux gérer ses matchs.

«Max n'est pas le seul, a dit Julien. Nous en avons qui doivent mieux contrôler leurs émotions. Quand ils sont concentrés, ils sont très bons. Quand ils sont frustrés, ils se nuisent à eux-mêmes et ils nuisent à l'équipe. Les gars sont intenses, mais tu ne dois pas franchir la ligne. Ils ne sont pas uniques, mais on doit être meilleurs de ce côté pour ne pas perdre notre concentration. On doit continuer à travailler avec lui, et il doit aussi s'améliorer.»

Hier, le Canadien a encore fait preuve de la résilience qui a fait sa force cette saison. Comme le dit Julien, l'équipe apprend à gagner. Il reste au Canadien 29 matchs pour apprendre aussi à gagner la bataille des unités spéciales. Après, il sera trop tard.

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En hausse: Jonathan Drouin

Il a connu une performance inspirée en avantage numérique et il a marqué le but gagnant en prolongation. Que demander de plus? 

En baisse: Shea Weber

Il a marqué sur un tir foudroyant en avantage numérique, mais il a connu un match difficile. Ça allait un peu vite pour le meilleur défenseur du Canadien.

Le chiffre du match: 75%

Phillip Danault a gagné 75% (15 en 20) de ses mises en jeu hier. C'est exceptionnel.