Le Canadien part en vacances pour dix jours ce matin dans une position inattendue, et inespérée.

Avec cette autre victoire hier, 2-1 aux mains des Coyotes de l'Arizona, le CH présente une fiche de 28-18-5, au troisième rang de la division Atlantique, à seulement un point des Maple Leafs de Toronto.

Les Bruins se retrouvent à deux points, mais avec deux matchs de plus à jouer. Les Sabres de Buffalo, dernier club exclu des séries, ont un déficit de sept points sur le Canadien, avec trois matchs supplémentaires à jouer, mais ils doivent les gagner, contrairement au CH, dont les points sont déjà en banque.

On prévoyait pourtant une saison difficile, puisque l'équipe avait entamé une période de réinitialisation. Mais Geoff Molson a réitéré sa confiance envers le DG Marc Bergevin, qui a néanmoins eu à se séparer d'une partie de sa garde rapprochée. Bergevin a connu un gros été, qui lui permet de figurer avantageusement parmi les finalistes au titre de directeur général de l'année dans la LNH.

Voici dix facteurs, vaguement dans l'ordre, pour expliquer les succès de l'équipe après 51 matchs :

1- Carey Price. Hier encore, contre l'Arizona, on a revu le Price des belles années. Tous ses arrêts paraissaient faciles, ses déplacements d'une extraordinaire fluidité, comme s'il flottait sur la glace. Après un début de saison difficile, où il a accordé 51 buts à ses 17 premiers matchs, pour une moyenne de 3,17 buts par match, il en a alloué 41 à ses 21 derniers, pour une moyenne de 1,95. Dans seulement trois de ces 21 matchs a-t-il accordé plus de trois buts, mais jamais plus de quatre. Parmi les gardiens ayant disputé au moins 30 matchs, le voici au cinquième rang de la LNH au chapitre des victoires (20), au sixième rang pour la moyenne (2,56) et au sixième rang pour le taux d'arrêts (,915). À ce rythme, il reviendra dans les discussions pour le trophée Vézina. Qui parle de son contrat aujourd'hui ?

2- Le départ des indésirables. Quand Marc Bergevin évoquait un problème « d'attitude », il visait entre autres Max Pacioretty et Alex Galchenyuk. Pacioretty a toujours constitué un excellent buteur, mais un capitaine doit aller au front pour son équipe. Son manque de hargne déteignait sur le reste des troupes. Sans doute n'était-il pas fait pour ce rôle. Galchenyuk manquait d'éthique et de rigueur et s'effaçait dans les moments importants (quatre buts en 28 matchs de séries éliminatoires). Certains leaders ne lui adressaient même plus la parole l'hiver dernier tant on déplorait son manque d'implication. Le départ de ces deux excellents marqueurs a contribué à changer la culture de l'équipe.

3- L'arrivée de Max Domi. Ne suffit pas de se débarrasser des indésirables pour régler ses problèmes. Il faut obtenir de bons éléments en retour. L'arrivée de Domi a transformé le Canadien. Son énergie est contagieuse. Il a amené beaucoup de vitesse à l'équipe puisqu'il est un bien meilleur patineur que Galchenyuk. Mais surtout, l'acquisition de Domi fournit au Canadien un véritable centre numéro un. Domi a déjà 44 points en 51 matchs. À ce rythme, il en amassera 71. Saku Koivu est le dernier centre à avoir obtenu au moins 71 points... en 2007. Domi est aussi très responsable défensivement. Le contraste était saisissant hier avec Galchenyuk, dont l'expérience au centre n'a pas duré très longtemps en Arizona.

4- L'efficacité de Jeff Petry. Voilà un défenseur sous-estimé. Petry a ses failles, mais il vient au douzième rang des compteurs chez les défenseurs de la LNH avec 35 points, un de moins que Roman Josi, sept de plus que Drew Doughty. S'il n'avait pas tenu le fort en l'absence de Shea Weber, où se situerait le Canadien au classement ? Il n'a jamais eu de partenaire stable à gauche jusqu'à tout récemment non plus.

5- Le retour de Shea Weber. La longue pause de Shea Weber lui a été bénéfique. Sachant que le club était en processus de réinitialisation, on en a profité pour réparer son genou complètement, quitte à retarder son retour au jeu. Weber est beaucoup plus efficace qu'à sa première saison à Montréal et son absence a contribué à l'apprécier davantage pour ce qu'il était vraiment, et non pas le comparer à P. K. Subban, un joueur nettement plus efficace en relance et en possession de rondelle. Weber impose le respect en zone défensive, on le sent beaucoup plus robuste et incisif, et son leadership inspire ses coéquipiers. Le Canadien accorde en moyenne 2,62 buts par match depuis son retour le 27 novembre, contre 3,25 buts par match sans lui.

6- L'efficacité de Philip Danault. Le voici devenu un élément essentiel pour le Canadien. On évoque même désormais son nom comme un candidat potentiel pour le trophée Selke remis à l'attaquant défensif par excellence dans la LNH. Danault affronte constamment les meilleurs trios adverses. Il mène l'équipe au chapitre du taux de succès lors des mises en jeu (53,2 %). Il est l'attaquant le plus utilisé de l'équipe (17 : 47) et vient aussi au premier rang de l'équipe au chapitre du différentiel avec une fiche de +15. Et il trouve le moyen d'amasser 33 points en 51 matchs, au cinquième rang des compteurs de l'équipe, à quatre points seulement de Jonathan Drouin sans jamais jouer en supériorité numérique. Danault est d'ailleurs le deuxième compteur de l'équipe à cinq contre cinq avec 31 points, sur un pied d'égalité avec Tomas Tatar, quatre points de moins que Domi.

7- La production de Tomas Tatar. En apparence, le Canadien a accepté Tatar et son contrat de Golden Knights afin d'obtenir l'espoir convoité Nick Suzuki et un choix de deuxième ronde en 2019. Tatar a amèrement déçu à Vegas l'an dernier, après avoir coûté des choix de première et deuxième rondes. La production de Tatar dépasse largement les attentes depuis son arrivée. Il a déjà 38 points et 16 buts en 51 matchs. Pacioretty avait obtenu 37 points, dont 17 buts, en 64 matchs l'an dernier. Tatar a une moyenne de points par match de 0,75 jusqu'ici, contre 0,71 pour Pacioretty à Vegas. C'est inespéré. Reste juste à attendre de voir Suzuki arriver à maturité...

8- Brendan Gallagher. Les 31 buts de Gallagher ne constituent pas un accident de parcours. Gallagher en a déjà 19 en 51 matchs. À ce rythme, il devrait connaître une deuxième saison de 30 buts. Marquer autant de buts avec un tir si peu puissant demeure un exploit. Gallagher doit une majorité de ses buts à son extraordinaire soif de vaincre. Et son enthousiasme est contagieux. Voilà un leader incroyable dont le Canadien ne peut se passer.

9- L'arrivée de Jesperi Kotkaniemi. Le troisième choix au total de la LNH par le Canadien devait constituer un projet à long terme. Il est, après tout, le plus jeune joueur de la Ligue. Pendant que Filip Zadina, le sixième choix au total supposément plus mature physiquement, est toujours dans la Ligue américaine, Kotkaniemi a mérité un poste au centre du troisième trio de l'équipe. Et il a un impact. On se demande bien qui aurait été employé au centre de ce trio s'il n'avait pas percé dès cette saison. Matthew Peca ? Kotkaniemi a 23 points en 51 matchs et se veut étonnamment responsable défensivement. Sans oublier sa bonne humeur contagieuse !

10- L'émergence de Victor Mete et Mike Reilly. Il y a eu des hauts et des bas dans le parcours de ces deux jeunes défenseurs. Mais depuis quelques semaines, on parle beaucoup moins des lacunes du côté gauche de la défense. Mete est revenu transformé d'un stage de quelques semaines à Laval avec Joel Bouchard. Il forme un très bon duo avec Shea Weber. Mete a une fiche de +8 depuis son retour le 19 décembre et son temps d'utilisation avoisine les 20 minutes par match. Le jeu de Reilly semble beaucoup plus égal avec Jeff Petry. Il simplifie les choses et commet moins de gaffes liées à une certaine nonchalance. Marc Bergevin garde sans doute l'oreille tendue pour du renfort à cette position, mais il sera sans doute moins tenté de surpayer pour un Muzzin ou autre.

- Mention honorable à Joel Armia, un joueur discret, mais fort efficace.

À LIRE !

Alex Galchenyuk, dont le but égalisateur a été refusé hier, dit retenir du positif seulement de son passage à Montréal. Il a d'ailleurs reçu un bel hommage au tableau indicateur pendant le match d'hier au Centre Bell. Mais il a pris la poudre d'escampette sitôt la rencontre terminée sans s'adresser aux journalistes, en conséquence au public. Un grand monsieur. Guillaume Lefrançois a pu au moins recueillir ses commentaires avant la rencontre.