Les Jets ont subi de lourdes pertes au cours de la saison morte. Coincés sous le plafond salarial, ils ont dû laisser partir les défenseurs Jacob Trouba, Tyler Myers et un certain Ben Chiarot, un type qui ne gagne pas cher de l’heure à Montréal (dans l’univers parallèle de la LNH, entendons-nous).

Ils n’ont donc pas pu faire d’ajout, mais de la façon dont il joue cette saison, Patrik Laine est l’équivalent d’un nouveau joueur pour la formation du Manitoba.

Après 34 matchs, il compte 34 points et n’aura aucun mal à surpasser ses 50 points de la saison dernière. De -24 l’an dernier, son différentiel est à +7.

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Patrik Laine (29)

On aimerait bien vous dire comment se sent le grand Finlandais, mais il était encore sur la patinoire au moment où le vestiaire se vidait et que l’entraîneur-chef Paul Maurice commençait son point de presse. Restait-il pour s’amuser ou pour éviter les médias en ce dimanche midi ? Allez savoir, mais pendant l’entraînement, il avait tout l’air d’un gars qui avait du plaisir sur la patinoire.

À la fin de la séance, tous les joueurs étaient regroupés aux deux cercles des mises au jeu et le regardaient prendre des tirs sur le gardien. Ses cinq premières tentatives ont été bloquées, provoquant les applaudissements des joueurs à sa droite. Mais il a ensuite marqué deux fois, semant l’hystérie du groupe à sa gauche.

« Il y avait de grosses affaires qui se brassaient là ! », a lancé Maurice.

Patience avec les jeunes

Maurice est un des entraîneurs les plus intéressants à écouter. Il a œuvré dans les médias entre ses différents mandats dans la LNH, et il a compris comment bien expliquer ses idées.

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L’entraîneur-chef des Jets, Paul Maurice

Interrogé sur l’amélioration de Laine, il a tout de suite évoqué un gain de maturité. Curieusement, le défenseur Josh Morrissey avait employé le même mot.

« Il est arrivé dans la ligue à 18 ans, a rappelé Maurice. Il devait développer le reste de son jeu à un moment où il n’était pas prêt à occuper un aussi gros rôle. C’est un Européen qui apprenait à jouer sur les petites patinoires. Et on intégrait d’autres jeunes au même moment. Maintenant, il joue avec Mark Scheifele, contre le meilleur trio adverse. Son tir n’a pas changé. Mais il s’est grandement amélioré. »

Maurice a ensuite rappelé pourquoi les entraîneurs paraissent parfois conservateurs dans leur utilisation des jeunes… Un sujet qui ne laisse personne indifférent, surtout pas à Montréal, où Claude Julien et son prédécesseur, Michel Therrien, ont été souvent accusés, à tort ou à raison, de ne pas donner assez de responsabilités aux jeunes.

« Il y a tellement plus au hockey que les statistiques excitantes. Mais c’est la première chose que les partisans voient et c’est normal. Ils regardent un jeune et disent : pourquoi ne joue-t-il pas 30 minutes, c’est tellement beau de le voir aller ! Il y a beaucoup de pression sur ces jeunes. Mais dans le vestiaire, les joueurs savent comment il faut jouer, ils voient toutes les erreurs d’inexpérience. Alors il y a une dynamique à respecter dans le vestiaire, et tu ne veux pas trop en donner à ces jeunes. »

« Le hockey a changé. Auparavant, les jeunes étaient cloués au banc à la moindre erreur, car ils ne pouvaient pas encore produire de l’attaque au niveau de la LNH. Souvenez-vous de Joe Thornton à ses débuts à Boston, qui jouait au sein du quatrième trio parce qu’il n’était pas assez fort. Il devait ajouter 15 ou 20 lb parce que les autres étaient plus gros. De nos jours, si le jeune sait patiner et qu’il a de bonnes mains, il peut jouer, mais ça ne veut pas dire qu’il comprend le jeu d’ensemble, le jeu défensif, sans la rondelle. Ils doivent tout de même se développer. »

Son jeu n’est pas encore parfait, mais Laine a suffisamment progressé pour se voir confier plus de responsabilités. Son temps d’utilisation a grimpé de deux minutes par rapport à l’an dernier, pour s’établir à 19 : 26 par match.

Avec de telles minutes et une production d’un point par match, Laine a visiblement gagné son pari en signant une entente de deux ans (6,75 millions de dollars par saison) en septembre. Il est en train de faire oublier sa difficile campagne 2018-2019, et se positionne pour toucher le gros lot à l’été 2021.