(VANCOUVER) Jordie Benn a beau avoir connu à Montréal la meilleure saison offensive de sa carrière, personne n’a jamais vu en lui la réincarnation de Raymond Bourque.

Imaginez sa surprise, donc, lorsque pendant une supériorité numérique, Quinn Hughes est rentré au banc et lui a demandé des conseils.

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Le défenseur recrue Quinn Hughes (43)

Oui oui, Hughes, ce défenseur recrue qui a récolté 26 points en 33 matchs cette saison, sa première dans la LNH.

« Je ne sais pas ce qu’il voulait que je lui dise, je n’ai pas joué en avantage numérique depuis 20 ans ! », s’est esclaffé Benn après l’entraînement des Canucks de Vancouver, qui l’ont mis sous contrat l’été dernier. Il affrontera pour la première fois son ancienne équipe ce mardi soir.

Alors que la métropole se torture quotidiennement sur le traitement que réserve la direction du Canadien à ses plus jeunes éléments, les Canucks, eux, ont choisi leur camp. Leurs deux meilleurs marqueurs, Elias Pettersson et Brock Boeser, ont respectivement 21 et 22 ans. Leur meneur en défense, Hughes, en a 20. Même leur capitaine, Bo Horvat, n’a que 24 ans. Et ce sont eux qui sont la locomotive de leur club.

Les vétérans comme Jordie Benn s’assurent donc d’être présents pour eux, pour les encadrer, les conseiller.

« C’est seulement de petites choses, a repris Benn. Parfois, Quinn va garder la rondelle un peu trop longtemps ou tenter une passe alors qu’il aurait dû tirer. Alors je lui dis : ça n’a pas toujours besoin d’être raffiné. De temps en temps, tu peux juste envoyer la rondelle au filet et voir ce qui va arriver. »

Un autre qui embrasse son rôle de mentor, c’est Antoine Roussel. À 30 ans, le Québécois d’adoption est l’un des doyens dans le vestiaire. Il ne tarit pas d’éloges à l’égard de ses (très) jeunes collègues, pour leurs prouesses sur la glace, certes, mais également pour leur maturité.

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L’ailier Antoine Roussel, à droite

« Ils sont à l’écoute, ils sont respectueux, ils travaillent fort, ils veulent apprendre, a énuméré Roussel devant les médias. Pour une organisation, c’est le type de jeunes qu’il faut avoir. Ce n’est pas des gars qui ont tout le temps besoin de se faire pousser dans le derrière. »

Et cette reconnaissance est mutuelle.

« On a beaucoup de plaisir en ce moment, la confiance augmente », a commenté Pettersson.

« Même si ça fait juste deux mois que je suis là, j’ai l’impression de faire partie de l’équipe depuis un bon moment, a enchaîné Hughes. Il y a beaucoup de gars qui ont joué beaucoup de hockey, dans ce vestiaire. Ils sont incroyables, ils nous font sentir confortables. On les écoute. »

Du groupe, Pettersson est probablement le plus spectaculaire sur la glace. Recrue de l’année la saison dernière, il est revenu en force à sa deuxième campagne, avec déjà 35 points en 34 matchs.

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Elias Pettersson

Mais au-delà des statistiques, il est impossible de ne pas s’émouvoir de son agilité de sa vision du jeu et de son tir foudroyant vu son gabarit modeste — les 176 livres qui figurent sur son profil officiel de la LNH seront d’ailleurs débattues à la prochaine assemblée des Sceptiques du Québec.

« Vous dire les choses que ce jeune-là fait avec la rondelle… », s’émerveille Jordie Benn.

« Je suis aux premières loges pour le regarder faire. Avec les gars, on se lance des regards ébahis chaque fois qu’il passe la rondelle entre ses jambes ou qu’il sort un joueur de ses patins. »

Un journaliste a d’ailleurs rappelé que Benn avait été victime de la magie de Pettersson la saison dernière. Pendant un avantage numérique des Canucks, le défenseur du Canadien avait trébuché en tentant de couvrir le jeune prodige.

« Je savais que ça referait surface… Je lui en ai parlé et je lui ai dit qu’il n’avait rien à voir là-dedans, que mon patin s’est coincé dans une fissure sur la glace, que ce n’était vraiment pas parce qu’il a bougé de gauche à droite », a ricané Benn.

Dans le moule des Bruins

Sans se consulter, des joueurs des Canucks et des Canadiens ont évoqué les Bruins de Boston comme un modèle à suivre pour l’intégration des jeunes.

« Inculquer une culture gagnante, c’est ce qui fait en sorte que les meilleures équipes connaissent du succès pendant longtemps, a d’abord dit Antoine Roussel. Je pense aux Bruins, qui ont beaucoup de vétérans, et quand les jeunes arrivent, ils rentrent dans le moule rapidement. C’est ce qui fait leur succès et qui permet de le pérenniser. »

Quelques minutes plus tard, Phillip Danault ajoutait que « les Bruins ont une première ligne régulière, mais derrière eux, les jeunes embarquent bien dans la culture. C’est ce qu’on veut reproduire ».

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Phillip Danault (24)

Cette remarque de Danault arrive quelque 24 heures après que son directeur général Marc Bergevin eut déclaré qu’il faisait confiance à ses jeunes éléments et qu’il ne comptait pas s’en départir pour obtenir du renfort à court terme.

Le joueur de centre du Canadien est bien prêt à vivre avec cette réalité.

« On a pas mal le même groupe depuis deux ans, on a construit une chimie autant hors glace que sur la glace, a dit Danault. C’est avec ces joueurs-là que Marc nous voit gagner. On respecte ça. Maintenant, la balle est dans notre camp. »

Claude Julien a quant à lui rappelé que son mandat consistait « à gagner, à participer aux séries, mais aussi à développer les jeunes joueurs ».

« Il faut être patients, faire beaucoup d’enseignement, en équipe mais un à un, aussi. Je vois de la progression dans la majorité de nos jeunes. Il faut maintenant continuer à travailler en fonctionner de s’améliorer pour avoir de meilleures chances de participer aux séries. »

La rencontre entre le Canadien et les Canucks débutera à 22 h, heure du Québec. La formation du Tricolore demeurera inchangée par rapport aux derniers matchs, à l’exception de Mike Reilly qui fait un retour en défense. Les blessés Victor Mete et Jesperi Kotkaniemi se sont encore entraînés mardi, mais ils ne sont pas encore prêts à revenir au jeu.