(Montréal) Il n’y a pas vraiment de victoire morale au hockey, mais s’il y en avait, le match de jeudi soir en serait une pour le Canadien. 

La commande était de taille. Face à l’Avalanche du Colorado et à l’attaque la plus puissante du circuit, le Canadien s’est retrouvé avec un retard de 3 buts… pour finalement perdre ce match au Centre Bell, par la marque de 3-2. 

Alors oui, c’est bel et bien une défaite, mais parfois, il y en a des plus honorables que d’autres, et celle-là en est une. 

«Ce qui est dommage, c’est que ça nous a pris deux périodes avant de nous mettre en marche, a fait remarquer l’entraîneur Claude Julien. Ça nous a pris deux périodes à trouver ce qu’il fallait faire. C’est arrivé un peu trop tard, mais on a quand même démontré une belle force de caractère.»

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Claude Julien a bien raison: le Canadien s’est mis dans le trouble en commençant 40 minutes en retard, et ce n’est jamais une bonne habitude à prendre, surtout que dans ce cas-ci, ça vient mener à une neuvième défaite au cours des dix derniers matchs. 

Pour la plupart des entraîneurs, neuf défaites en dix matchs, ça mènerait probablement à la porte, mais dans le cas de Julien, c’est différent. Parce que des résultats comme ceux de jeudi soir, même négatifs, permettent de croire que ses joueurs ne l’ont pas abandonné, et qu’ils désirent encore se battre pour lui. C’est en tout cas ce que l’on a vu lors de la troisième période, et n’eut été des arrêts spectaculaires du gardien Pavel Francouz, le Canadien aurait pu obtenir le troisième but recherché. 

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À l’autre bout, l’autre gardien n’a pas été si mal lui non plus. L’autre gardien, c’est bien sûr Cayden Primeau, 20 ans, qui en était à un premier match à vie dans la LNH. 

Ce fut un peu difficile en partant, et de toute évidence, le jeune homme était un peu sur les nerfs, ayant du mal à bien maîtriser la rondelle. Mais il s’est calmé par la suite et a lui aussi enfilé quelques arrêts dignes de mention, notamment à l’endroit de l’attaquant Mikko Rantanen. 
«Je voulais en premier donner à mon équipe une chance de gagner, a calmement expliqué le jeune homme en fin de soirée. J’ai remarqué que l’autre équipe avait pas mal de vitesse, surtout sur les deux premiers trios, alors il a fallu que je m’ajuste… mais après quelques arrêts lors de la première période, j’ai retrouvé mon calme. C’était vraiment plaisant comme expérience, je peine à trouver les mots pour décrire tout ça…»

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Cayden Primeau

On peut présumer que Primeau est ici seulement en attendant que Keith Kinkaid ne retrouve la forme dans la Ligue américaine, mais pour la première fois depuis très longtemps, le Canadien a, enfin, un jeune gardien de premier plan dans son organigramme. Ça va éviter d’avoir à embaucher un gardien en fin de carrière cet été sur le marché des joueurs autonomes. 

Enfin, la défaite n’est pas la pire nouvelle de ce jeudi soir au Centre Bell. La pire nouvelle, c’est que Jesperi Kotkaniemi s’est blessé, à la tête fort probablement, sur une mise en échec du défenseur Nikita Zadorov (un geste que Claude Julien estime digne d’une suspension), et qu’il n’est pas du voyage en direction de New York pour le match de vendredi soir contre les Rangers. 

Kotkaniemi ne cassait rien, on s’entend, mais ce club a si peu de profondeur que la moindre blessure affecte le reste du groupe. Avec Jonathan Drouin et Paul Byron qui sont déjà sur la touche, la perte de Kotkaniemi pourrait faire très mal. 

Observations

Nick Cousins donne raison à son coach !

On comprend la logique de l’entraîneur Claude Julien derrière l’utilisation de Nick Cousins, Jordan Weal et Joel Armia au sein de sa première unité en supériorité numérique. Weal a un taux de succès de près de 54 % lors des mises en jeu et il permet généralement au CH de prendre possession de la rondelle dès le départ. Cousins n’a pas peur de prendre des coups devant le filet et Armia est le gros tireur droitier de l’enclave. Les trois contrôlent bien la rondelle avec Shea Weber et Max Domi depuis qu’ils sont ensemble. Mais on se demandait souvent pourquoi réunir ces trois-là alors qu’aucun d’entre eux n’avait encore réussi à marquer plus de 13 buts dans une saison de la LNH. Nick Cousins a sûrement fait plaisir à ces coachs en marquant en pareilles circonstances en troisième !

En deux temps pour Max Domi

Le Canadien ne gagnera pas sans Max Domi au sommet de son art, comme l’an dernier. Domi a connu un match en deux temps jeudi soir. Aucune chimie avec ses partenaires de trio, ni Suzuki et Cousins, ni Armia et Lehkonen après la blessure à Kotkaniemi lors des deux premières périodes. Sur le deuxième but de l’Avalanche en première, Domi a arrêté de patiner après avoir reçu un coup au visage en zone neutre. Non pas qu’il était en détresse, il cherchait l’arbitre du regard pour manifester son mécontentement devant la décision des officiels de ne pas sévir. Landeskog en a profité pour entrer aisément en territoire adverse et marquer un but important.

Puis, en troisième, on a revu le bon vieux Domi inspiré : passe en supériorité numérique sur le but de Cousins, puis cette autre passe, lumineuse, à Lehkonen, qui a vu le gardien Pavel Francouz sauver les meubles en fin de rencontre sur son tir sur réception.

Nikita Zadorov

Le défenseur Nikita Zadorov, qui a blessé Jesperi Kotkaniemi dès les premières minutes du match, est reconnu comme l’un des défenseurs les plus robustes de la LNH. Zadorov, 6 pieds 6 pouces et 235 livres, avait été obtenu par l’Avalanche en 2015 dans le célèbre échange de Ryan O’Reilly à Buffalo. Il n’amassera jamais de points à la pelle, mais il constitue un partenaire de qualité pour Samuel Girard. Zadorov, 24 ans, un choix de première ronde des Sabres en 2013, quelques rangs derrière Rasmus Ristolainen, était passé au Colorado avec Mikhail Grigorenko et J.T. Compher. Grigorenko a constitué un flop et il joue dans la KHL. Compher occupait une place au centre du deuxième trio jeudi soir en l’absence de Nazem Kadri. Il a 14 points en 24 matchs et a marqué 16 buts l’an dernier.

Ils ont dit

[Cayden Primeau] a fait quelques gros arrêts grâce à un bon positionnement. Il ne semblait pas intimidé du tout. Il a été vraiment solide. Avant le match, je lui ai dit qu’il s’était préparé toute sa vie pour ce moment-là, qu’il devrait être prêt.

Carey Price

Ils ont compté trois buts, c’est une grosse machine offensive. On aurait pu limiter ça. Mais on a eu une bonne deuxième moitié de match. Le jeu s’est ouvert un peu plus, ils ont ralenti. Mais ils ont commencé avec beaucoup de vitesse même s’ils avaient joué hier.  Cayden Primeau a été solide, pour un premier match au Centre Bell. Ça n’est pas toujours facile. Il a été vraiment bon, ça en dit long pour l’avenir. C’est un très bon jeune gardien, il a l’esprit de compétition, il va s’améliorer, c’est sûr. Il est dans le même moule que Carey : il est super calme, il ne se laisse pas affecter par les buts marqués contre lui. J’ai vu un croche-pied sur Kotkaniemi, ça nous a fait mal. On a manqué de souffle un peu parce qu’on roulait à trois centres.

Phillip Danault

À ce point-ci, on ne se préoccupe pas de l’âge [du gardien], on veut que le travail soit fait. On l’a mis dans cette position parce que la direction et les joueurs croient beaucoup en lui. On cherche des moyens de gagner des matchs. La troisième période a été notre meilleure, mais on ne peut pas se retrouver en déficit de trois buts. C’est dur de revenir de l’arrière contre des clubs comme l’Avalanche. J’espère que Kotkaniemi n’est pas blessé gravement. C’est un joueur important. Il est tombé sur sa tête, son cou, la chute n’était pas belle à voir.

Brendan Gallagher

J’ai été correct. Ni très bon ni très mauvais. Je suis vraiment fier de Cayden, il a été tellement bon !

Otto Leskinen

[Cayden Primeau] a été excellent. Pour un premier match, il n’a pas semblé nerveux. Ils ont beaucoup de profondeur de l’autre côté, il s’est bien comporté. On voulait bien jouer pour lui.

Nick Cousins

En hausse, en baisse

En hausse 

Ben Chiarot
Encore un match de près de 30 minutes pour lui (28:54 pour être très précis), et il joue comme un défenseur numéro un. 

En baisse

Jeff Petry 
On ne le sent pas en confiance, et on le voit aussi trop souvent prendre de mauvaises décisions. 

Le chiffre

7:37 
Le temps de jeu du défenseur Otto Leskinen à son premier match dans la LNH.