(BOSTON) Boutade entendue cette semaine : Jonathan Drouin blessé, le Canadien perd ; Patrice Bergeron blessé, les Bruins gagnent. Bergeron ne doit donc pas être un rouage si essentiel au succès des Bruins…

Cette logique est évidemment simpliste, si ce n’est simplette, puisque les 31 entraîneurs de la ligue voudraient pouvoir compter sur Bergeron.

Mais un constat demeure : même privés de leur premier centre, les Oursons ne ralentissent pas. L’ancienne équipe de Byron Dafoe vient d’ailleurs d’aligner six victoires, dont trois sans Bergeron, et trône au sommet du classement général de la LNH.

Ce n’est pas nouveau que les Bruins réussissent à colmater l’absence de joueurs clés. La saison dernière, David Pastrnak, Torey Krug, Jake DeBrusk, Charlie McAvoy, Zdeno Chara et Bergeron ont tous raté de 16 à 28 matchs. Et Tuukka Rask a été limité à 46 présences. Cela n’a pas empêché Boston de signer 49 gains.

Deux facteurs expliquent ces succès. D’abord, il y a la relève à l’interne. On arguera que les Bruins ont un coffre à outils plus garni que celui du Canadien. Pensons seulement à Pastrnak, qui continue de marquer des buts comme si on était en 1994. En outre, « quand ton plan B s’appelle David Krejci, ce n’est pas si mal », a ricané David Backes après l’entraînement samedi.

Mais ce n’est pas tout. Jake DeBrusk et Zdeno Chara ont tous les deux évoqué la mentalité du « next man up » que prône l’équipe. Traduction pauvre : le prochain attend son tour. Ou plus largement, chaque joueur doit être prêt à contribuer à l’effort collectif, et ce, peu importe les épreuves.

« Ça donne l’occasion à d’autres joueurs de montrer de quoi ils sont capables, a résumé DeBrusk. Quand un joueur clé comme Bergeron n’est pas là, c’est beaucoup de temps de glace à combler, notamment sur les unités spéciales. »

Notre entraîneur veut des gars qui jouent dur, qui méritent leurs minutes de jeu. C’est comme ça que ça fonctionne ici.

Jake DeBrusk

Son coéquipier Charlie Coyle est l’un de ceux qui ont répondu présents. Son temps d’utilisation en infériorité numérique est passé de 46 s, avant la blessure de Bergeron, à 2 min 58 s depuis trois matchs — et les Bruins n’ont rien donné à court d’un homme. Joakim Nordstrom a aussi ajouté une minute à sa charge de travail à quatre contre cinq.

Espoir sur le pouce

Mais il y a ensuite l’indéniable capacité de cette équipe à sortir un lapin de son chapeau. Cette fois, le lapin s’appelle Jack Studnicka, 20 ans, énième poulain perfectionné par l’organisation à atteindre la LNH.

Studnicka, 2e choix des Bruins en 2017 (53e au total), n’en est qu’à sa première année professionnelle. Ses 18 points en 21 matchs à Providence, dans la Ligue américaine, ont toutefois convaincu la direction de l’équipe de faire appel à lui.

Il n’a disputé que deux parties jusqu’ici, inscrivant d’ailleurs son premier point en carrière contre le Canadien. Mais on l’a d’emblée testé, avec un poste au centre du deuxième trio et des responsabilités en avantage numérique. Et le jeune homme en redemande.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Jack Studnicka a inscrit son premier point en carrière contre le Canadien.

« Il a beaucoup d’énergie, il est emballé d’être ici… Il n’a pas eu de points contre New York, mais il semble de plus en plus à l’aise », a souligné son ailier Jake DeBrusk, d’à peine trois ans son aîné.

Studnicka a momentanément évolué à l’aile, mais on compte résolument l’employer au centre, a indiqué son entraîneur samedi.

« Son éthique de travail est excellente, il apprend encore certains aspects du jeu. Il est excellent en poursuite de rondelle. » À 6 pi 1 po et 171 lb, il devra toutefois mettre un peu de chair autour de l’os, a ajouté Bruce Cassidy.

Qu’il soit seulement là de passage ou pour de bon, Studnicka est déjà considéré comme un membre de la famille à part entière, a quant à lui assuré le capitaine, Zdeno Chara.

« On ne fait pas de différence entre un joueur qui vient d’être rappelé ou un joueur établi ; ç’a toujours été dans la culture et l’identité de cette équipe, a dit le géant slovaque. Il doit continuer à absorber de l’information, à apprendre chaque jour. Mais, pour un gars de son âge, il a fait tout un travail jusqu’ici. »

C’est donc à la maison, mais néanmoins privés de Patrice Bergeron et peut-être même de Brad Marchand (voir capsule à droite), que les Bruins tenteront ce dimanche de décrocher une septième victoire de suite. Contre le Canadien qui, vaut-il la peine de le répéter, n’a pas eu l’occasion de célébrer depuis sept rencontres. Et qui ne pourra compter ni sur Jonathan Drouin, ni sur Paul Byron, ni sur Victor Mete.

Lueur d’espoir (ou pas) : les locaux pourront au moins témoigner qu’il existe un moyen de gagner quand l’infirmerie affiche complet.

Backes a eu la frousse

Pour la première fois, David Backes a relaté avec tristesse le violent contact entre Scott Sabourin et lui, au début du mois de novembre. C’est Sabourin, des Sénateurs, qui a foncé sur Backes pour le mettre en échec, mais c’est également lui qui a perdu connaissance sous la force de l’impact, avant de s’effondrer au sol et d’y passer de longues minutes. Il a ensuite quitté la patinoire sur une civière. « J’ai vu des gars être K.-O. et passer 15-20 secondes inconscients, mais cette fois ça m’a paru durer quelques minutes, a raconté Backes samedi. Du sang sortait de sa bouche, de son nez. C’était très inquiétant. » Le joueur des Bruins a lui-même subi une commotion cérébrale sur cette séquence, et il n’a plus joué depuis. Il vient cependant de recevoir le feu vert des médecins pour reprendre l’entraînement. Comme il traîne derrière lui des antécédents de commotions, il ne souhaite toutefois pas précipiter son retour en action.

PHOTO BRIAN FLUHARTY, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Scott Sabourin, des Sénateurs d’Ottawa, a perdu connaissance après une collision avec David Backes, au début du mois de novembre.

Personne n’est parfait

Malgré leur position enviable au classement, les Bruins devront mieux amorcer leurs matchs, estime l’entraîneur-chef Bruce Cassidy. Même contre le Canadien, mardi dernier, il n’a pas été impressionné par le départ de ses hommes, et ce, même s’ils se sont approprié l’avance en première période. « On a profité de nos chances, pas eux », a résumé Cassidy. Puis, les Bruins ont dû surmonter un déficit de 0-2 pour vaincre les Rangers vendredi. « On doit commencer à l’heure, être constants, a encore dit Cassidy. On s’en sort bien, on trouve des manières de s’en sortir, mais on ne peut pas continuer comme ça. » En somme, personne n’est parfait.

PHOTO BRIAN FLUHARTY, USA TODAY SPORTS

Bruce Cassidy, entraîneur-chef des Bruins de Boston