Le Canadien se remettra-t-il de la gifle subie contre les Rangers de New York ? Comment stoppera-t-il sa série de défaites ? Et quel visage présentera-t-il une fois ce passage à vide derrière lui ? Compte rendu et hypothèses.

Plutôt Bruins ou Devils ?

En bousillant une avance de 4-0 pour perdre 6-5 à domicile contre les Rangers, samedi, le Canadien est déjà devenu la cinquième équipe cette saison à perdre une avance de quatre buts dans une rencontre. Pour la petite histoire, cela égale un record de la LNH pour une saison entière. Quelle résilience affichera le Tricolore à compter de ce mardi soir contre les Bruins de Boston ? Ces derniers pourront peut-être lui servir d’inspiration : le 12 novembre dernier, après avoir vu les Panthers de la Floride transformer un déficit de 0-4 en victoire de 5-4, les Bruins ont montré une fiche de 4-0-1 au cours des cinq matchs qui ont suivi. Les Canucks de Vancouver ont aussi su se relever de belle manière après un effondrement contre les Capitals de Washington, avec une fiche de 3-0-2. On ne peut en dire autant des Devils du New Jersey : leur défaite crève-cœur de 5-4 aux mains des Jets de Winnipeg en tout début de saison a été suivie d’une séquence de 0-4-1. Quant aux Ducks d’Anaheim, ils n’ont joué que deux parties depuis leur humiliation face aux Panthers, jeudi dernier.

Le passé garant de l’avenir ?

Le Canadien vient de subir quatre défaites consécutives, dont deux en prolongation. Or, Brendan Gallagher a souligné lundi, après l’entraînement des siens, que ses coéquipiers et lui ont su relever leurs manches après deux disettes du genre la saison dernière. Le club a en effet passé cinq matchs sans victoire (0-3-2) en novembre 2018, puis quatre autres (0-3-1) en février 2018. Or, le succès qui a suivi n’a pas été constant. Si l’on découpe cette saison complète en trois segments séparés par ces séquences malheureuses, on constate que c’est après le premier faux pas que le CH a connu ses meilleurs moments. Sa fiche de 13-9-1 pour finir la campagne n’a pas été mauvaise en soi, mais elle n’a pas suffi à garantir à l’équipe sa place en séries éliminatoires. Par ailleurs, le premier match de la disette montréalaise de février 2019 avait marqué le début d’une très, très longue léthargie pour Jonathan Drouin, qui n’a inscrit des points que dans 3 des 26 derniers matchs de la saison.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Carey Price

Saison 2018-2019

– 20 premiers matchs : 11-6-3
(pourcentage de victoires de 64,7 %)*
Première disette : 0-3-2
- 30 matchs suivants : 20-9-1
(pourcentage de victoires de 68,9 %)
Deuxième disette : 0-3-1
- 23 derniers matchs : 13-9-1
(pourcentage de victoires de 59,1 %)
Total : 44-30-8 (pourcentage de victoires de 59,4 %)
*Les défaites en prolongation sont exclues du calcul

La panique, le système, l’urgence

En point de presse, Claude Julien a indiqué que bon nombre des erreurs commises par ses joueurs samedi étaient attribuables à l’improvisation, sinon à la panique. « Je ne sais pas combien de fois j’ai entendu un joueur rentrer au banc en disant : “c’est ma faute” [my bad]. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas confiance dans le système, c’est parce qu’ils paniquent, qu’ils prennent de mauvaises décisions », a dit l’entraîneur-chef. Plus d’une fois, il a ajouté que son équipe, péchant par nonchalance, n’appliquait pas le système défensif mis en place par le groupe d’entraîneurs. « Garder confiance dans le système et l’appliquer régleront beaucoup de choses », a-t-il insisté. C’est d’ailleurs aux replis et au travail en zone neutre que l’entraînement de lundi a été consacré. Julien a ajouté qu’après quatre défaites de suite, le moment serait bien choisi pour ses ouailles de ressentir un sentiment d’« urgence ».

Tatar et Hudon repentants

Tomas Tatar et Charles Hudon aimeraient sans doute effacer le dernier match de leur mémoire. Sur le cinquième but des Rangers, marqué en désavantage numérique, Tatar n’a jamais tenté de se replier alors que les visiteurs relançaient l’attaque. Quant à Hudon, sa témérité en fond de territoire adverse l’a empêché de retraiter à temps pour éviter le but. Après la rencontre, Claude Julien avait été très peu tendre envers ses attaquants. « Il a raison, a convenu Tatar. Nous n’avons pas aidé nos défenseurs, on doit mieux travailler en unité de cinq joueurs. On a eu un bon entraînement, ça ira mieux [mardi]. » Hudon, lui, a dit avoir profité d’une longue séance vidéo pour constater ses erreurs. « Quand tu prends le temps nécessaire, tu constates que même si tu penses que tu joues bien, des fois, ce n’est pas le cas. Le but est de ne pas reproduire ces erreurs. C’est comme ça qu’on va grandir comme équipe. »

PHOTO GREG M. COOPER, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Brad Marchand

Voilà les Bruins

C’est un joyeux défi qui se présentera au Canadien mardi soir, alors que l’une des plus puissantes équipes du circuit, les Bruins du Boston, sera en ville. Depuis leur défaite contre le Canadien, début novembre, les Bruins n’ont perdu qu’une rencontre en temps réglementaire. Et Brad Marchand vient de se faire attribuer la première étoile de la semaine dans la LNH. Il n’empêche que le Canadien a plutôt bien paru contre les équipes de tête depuis le début de la saison : ce bon vieux duel Montréal-Boston arriverait-il à point nommé ? « C’est toujours amusant de jouer contre eux, a souligné Brendan Gallagher. C’est évidemment une bonne équipe, il y a la rivalité… Mais dans ces matchs, si on n’est pas prêts, on se fait enterrer rapidement. » Les Bruins seront toutefois privés du Québécois Patrice Bergeron, blessé au bas du corps.

Fini les avances perdues

Gallagher s’est tout de même dit embêté d’avoir vu son équipe laisser échapper une avance au cours des quatre dernières sorties. « Ce que je n’ai pas aimé, c’est que [l’adversaire] a chaque fois trouvé une manière d’en donner plus [que nous] pour gagner. On en a parlé entre nous : peu importe la manière, il faut gagner ces matchs serrés. Ça fera toute la différence à la fin de la saison. » Selon lui, la mauvaise séquence actuelle du Canadien constitue un bon « test » pour définir l’identité de l’équipe. « C’est le moment de voir sur qui on peut compter », a-t-il dit.

– Avec la collaboration de Guillaume Lefrançois, La Presse