Dans le monde du hockey, le concept de la guigne de la deuxième année est une idée qui ne veut pas mourir, inévitable avec les années. Mais n’en parlez pas à Jesperi Kotkaniemi, parce qu’il ne sait pas trop ce que ça veut dire.

Peut-être aussi parce qu’il s’en balance un peu.

« C’est la même chose avec les mêmes gars que la saison dernière, a-t-il expliqué hier à Brossard, avant le départ pour l’Arizona. C’est ma deuxième saison, mais je ne me mets pas de pression additionnelle pour autant, c’est la même approche pour moi. Je fais mon travail ici et je dirais que je m’amuse, que j’apprends tous les jours comme tout le monde apprend ici. »

Si on pose ce genre de questions ces jours-ci au jeune numéro 15, si on évoque cette guigne avec tous les clichés que cela suppose, c’est tout simplement parce que son entraîneur-chef se pose des questions lui aussi, et à ce sujet, les chiffres ne mentent pas : Kotkaniemi fait partie des attaquants les moins souvent employés par Claude Julien depuis le début de la saison, avec un temps de jeu à la baisse d’une trentaine de secondes par match en moyenne par rapport à la saison dernière.

Samedi soir contre les Maple Leafs de Toronto au Centre Bell, le jeune Finlandais a dû se contenter de 11 minutes et 3 secondes de temps de jeu, son plus faible temps d’utilisation depuis le début de la saison.

« On parle de la guigne de la deuxième année, et ce n’est pas toujours facile, a expliqué Julien, hier à Brossard. Je ne vois pas en lui un gars qui nous fait du tort. »

Son jeu n’est peut-être pas à la hauteur de ce que tout le monde attendait. Il ne faut pas oublier qu’il a 19 ans, peu importe qu’il ait passé une année dans la LNH déjà.

Claude Julien

Vers la fin de la dernière saison, l’entraîneur-chef du Canadien avait laissé entendre que son jeune joueur était en panne de carburant, mais cette fois, Kotkaniemi jure que ce ne sera pas le cas. D’abord, il estime que ce ne fut pas le cas, et ensuite, il a eu un été un peu moins chargé que le précédent, ce qui devrait l’aider face aux rigueurs du calendrier.

« Mon été à l’entraînement a été différent du précédent, parce que cette fois, je savais où j’allais aller jouer, a-t-il ajouté. Mais ç’a été la seule différence pour moi, parce qu’autrement, je me suis préparé de la même manière. »

« Pas le temps de niaiser »

Phillip Danault comprend très bien ce qui peut arriver à un jeune de deuxième année, qui essaie peut-être d’en faire trop, de forcer le jeu quand il n’y a pas lieu de le faire.

« Ce n’est jamais facile pour un gars de 19 ans qui en est à sa deuxième année dans cette ligue, a-t-il tenu à dire hier. Pour moi, c’est la deuxième année qui a été la plus difficile de ma carrière. Je pense que ç’a été le cas pour certains autres joueurs aussi.

« La première année, tu es sur un nuage. La deuxième année, c’est autre chose. Tu penses que ce sera peut-être un peu plus facile, mais c’est encore plus rapide. Tu n’as pas le temps de niaiser, parce qu’il n’y a jamais rien d’acquis. »

Et c’est un peu là où se trouve Kotkaniemi ces jours-ci : dans la catégorie de ces jeunes qui se cherchent un peu. Pas que ce soit dramatique ; avec une récolte de 3 points en 11 matchs en ce début de saison, il connaît un départ à peu près identique à celui d’il y a un an.

Mais peut-être que cette fois, les attentes sont différentes. Peut-être que cette fois, on voit en lui un joueur qui peut faire mieux que les 34 points de 2018-2019.

Peu importe. Kotkaniemi jure qu’il est prêt pour tout ce que 2019-2020 veut bien lui réserver.

« J’essaie de me préparer pour 82 matchs en espérant ne pas manquer d’essence en cours de route. Je ne suis pas prêt à dire que c’est ce qui m’est arrivé la saison dernière, mais je sais que je dois être bien préparé, et c’est ce que j’essaie de faire. »

Un voyage salutaire ?


Le Canadien a mis hier le cap sur l’Arizona, et les trois matchs au calendrier cette semaine devront être disputés en territoire ennemi : à Glendale demain contre les Coyotes (22 h), à Vegas jeudi face aux Golden Knights (22 h) et à Dallas contre les Stars, samedi (19 h). Ensuite, le Tricolore aura à l’horaire 9 de ses 12 matchs suivants au Centre Bell. « Le voyage qui s’en vient est un voyage très important, a expliqué Phillip Danault avant le départ. Ce sont trois gros matchs pour nous. Si ça va bien, ça pourrait être une bonne dose d’énergie pour l’équipe. »