Nate Thompson vit une situation familiale inhabituelle et peu enviable. À 2000 km de son fils.

« Ne frappe surtout pas Ryan Suter. »

Être père vient avec son lot de demandes un peu saugrenues de la part de ses enfants. C’est la beauté de la paternité, son imprévisibilité. Ce souhait tout particulier, et étrangement précis, est celui de Teague, le fils de 4 ans de Nate Thompson.

Teague, voyez-vous, vit avec sa mère Cristin au Minnesota. Et il aime Ryan Suter. Beaucoup.

Il a donc sommé son père d’être gentil avec le vétéran défenseur lors du récent match du Canadien de Montréal contre le Wild au Minnesota.

« Je ne sais pas si je l’ai frappé », réfléchit Thompson à voix haute.

Après vérification, il ne l’a pas fait, en un peu plus de trois minutes sur la glace contre lui. Il ne l’avait pas fait non plus au Centre Bell trois jours plus tôt.

Il m’a dit de mettre tout le monde en échec, sauf Ryan Suter. Mon fils est amusant. Il est venu au match avec mon chandail. Il comprend ce que je fais dans la vie, mais avec la mentalité d’un enfant de 4 ans.

Nate Thompson

Cette visite éclair au Minnesota, d’une journée seulement, a au moins permis à Thompson de passer un rare moment de proximité avec son fils. Les horaires de la LNH étant ce qu’ils sont, les temps libres sont peu nombreux. Et la réalité de la LNH étant ce qu’elle est, il est rare qu’un joueur ait la complète liberté d’aller vivre dans la ville de son choix.

C’est ainsi que Thompson doit faire preuve d’un peu d’originalité pour jouer son rôle de père, malgré la distance.

« Disons qu’il a voyagé beaucoup plus que la plupart des jeunes de son âge ! »

Pour le moment, Thompson réussit à voir son fils au moins une fois par mois. Teague vient parfois à Montréal quand le Canadien joue plusieurs matchs de suite à domicile. Pendant l’été, les rencontres sont évidemment plus faciles en raison du long congé. Thompson se rend aussi dans l’État du nord des États-Unis. Il l’a fait notamment avec sa conjointe Sydney l’été dernier pour la fête de son fils. Tout ce beau monde, ainsi que plusieurs amis de Teague, se sont offert une virée au zoo pour assouvir sa passion des serpents.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @NTHOMPSON44

Nate Thompson et sa petite famille en visite au zoo !

« En été, c’est plus simple. On peut planifier des voyages et des choses comme ça. Durant la saison, il y a des jours de match, et tu dois t’assurer de bien te préparer. Mais je dois trouver du temps entre les matchs, avant les matchs, après les matchs, pour passer du temps de qualité avec lui. »

C’est ainsi que quand le Canadien a joué à Winnipeg en fin de saison dernière, Teague est allé rejoindre son père à son hôtel. En fait, le compte Instagram au complet de Nate Thompson est devenu un hommage à son fils et à la fierté que lui procure son rôle de père.

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Nate Thompson et son fils Teague à l’hôtel

Reste que de vivre si loin de son fils à longueur d’année peut vite peser lourd sur le moral, malgré toute la bonne volonté du monde.

« C’est difficile. Chaque joueur de hockey te dira que tu es toujours parti loin de ta famille, même si elle est avec toi. On part sur la route, on rate des moments importants de la vie de nos enfants.

« Pour moi, c’est encore plus vrai parce qu’il n’est pas avec moi à temps plein. Quand on se quitte, c’est toujours émouvant. Je ne le vois pas autant que je voudrais. Je le vois grandir, et je sais que j’en manque des bouts. C’est pour cette raison que chaque moment que je passe avec lui, ou chaque fois que je lui parle sur Facetime, j’essaie de profiter de chaque seconde. »

Une rareté

Chez le Canadien, à vue de nez, Thompson est le seul joueur qui vit une telle situation familiale. Tous les autres pères sont accompagnés à Montréal de leur famille à temps plein.

C’est ce qui rendait la visite de Teague dans le vestiaire du Canadien à Winnipeg encore plus marquante. Pour le père, et pour le fils.

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Nate Thompson et son fils Teague dans le vestiaire du Canadien à Winnipeg

« Je ne sais pas s’il regarde beaucoup le match, mais il aime les échauffements et visiter le vestiaire. Dans un vestiaire, il veut toujours aller sur la table de traitements. Je dois couper un de mes bâtons à sa grandeur et lui trouver une balle de tennis pour qu’il puisse pratiquer ses tirs. Il aime venir ici et saluer les gars. J’espère qu’il va se rappeler ces moments quand il va vieillir. »

Et qui, selon vous, est le plus à l’aise avec les enfants chez le Canadien parmi ceux qui n’en ont pas ? « [Max] Domi, je crois. C’est un grand enfant lui-même », répond Thompson, sans grande hésitation.

Reste que les situations familiales inhabituelles ne peuvent fonctionner qu’avec le concours de tous les adultes impliqués. Thompson en profite donc en terminant pour remercier tous ceux qui lui permettent de vivre à la fois sa vie de hockeyeur et de père.

Tous ceux qui l’aident à raccourcir les 2000 km qui le séparent de son fils.

« J’ai croisé d’autres joueurs dans d’autres équipes dans des situations comme la mienne. Les gars savent ce qui se passe. C’est la vie, les parents se marient, les parents se divorcent, les enfants passent au travers. Mes parents ont divorcé quand j’avais 10-11 ans. Tu passes au travers.

« En même temps, sa mère, sa belle-mère et moi, nous nous assurons de toujours bien communiquer. Pour qu’il sache qu’il est aimé et soutenu par beaucoup de monde. »