Ben Chiarot avait à peine posé ses semelles au centre d’entraînement de Brossard cet été que déjà, il avait une impression de déjà-vu.

Le défenseur de 28 ans s’est mis à regarder autour de lui, à lire les noms sur les casiers, à discuter avec ses nouveaux coéquipiers, et assez rapidement, un constat lui est venu en tête : ce Canadien ressemble aux Jets d’il y a deux ans.

« En arrivant, j’ai tout de suite réalisé combien cette équipe me rappelle la jeune équipe qu’on avait à Winnipeg, a-t-il répondu. C’est comme si nous étions au même point. Je peux m’inspirer de ce que nous avons fait avec les Jets cette saison-là, parce que je sais qu’on peut suivre la même route avec le Canadien. »

La même route, ça voudrait dire une saison de 114 points, une place en séries éliminatoires, et aussi un long parcours printanier ; dans le cas des Jets, la belle aventure s’était arrêtée en finale d’association, contre les Golden Knights de Vegas, à seulement trois victoires d’une place en grande finale.

Des prévisions pessimistes

Mais qu’est-ce qui peut bien unir ce Canadien aux Jets de 2017-2018 ? En premier, il y a le contexte : ce soir en Caroline, le club montréalais va amorcer sa saison sur fond de nuages gris, ayant raté les séries lors des deux dernières saisons. Les prévisions ? Elles ne sont pas très bonnes, s’il faut se fier à une majorité d’experts, qui estiment que le Canadien de 2019-2020 ne sera pas des éliminatoires.

C’était le même portrait à Winnipeg il y a deux ans, avec une équipe qui avait également raté une place en séries lors des deux saisons précédentes. Là aussi, la plupart des experts n’avaient rien de bon à dire sur la saison qui s’en venait.

Mais une chose étrange est arrivée en cours de route : les Jets se sont mis à gagner. Souvent. Au point de conclure la saison avec la deuxième parmi les meilleures fiches de toute la LNH. Entre autres surprises, les Jets ont été pratiquement invincibles à la maison, subissant sept défaites en temps réglementaire devant leurs partisans.

Nous avions une bonne équipe comme nous avons une bonne équipe ici avec le Canadien. Nous avions les mêmes éléments là-bas que l’on retrouve ici : un bon gardien, de bons leaders, des gars qui se tiennent.

Ben Chiarot

« Ce dont je me souviens le plus, c’est à quel point nous étions soudés ensemble, à quel point nous avions l’habitude de batailler chaque soir. Nos adversaires finissaient presque toujours par abandonner contre nous parce qu’ils n’en pouvaient plus. C’est de cette façon qu’on va jouer nous aussi cette saison. »

« Un effet d’entraînement »

En plus de Chiarot, il y avait chez les Jets un autre joueur qui se retrouve dorénavant dans le vestiaire montréalais : l’attaquant Joel Armia, lui aussi membre des Jets en 2017-2018. Le Finlandais n’est pas un type bien volubile, mais il s’anime un peu quand on lui demande de comparer les deux équipes.

« À Winnipeg, nous avions des joueurs habiles, un bon mélange de jeunes et de vétérans, et nous avions beaucoup de vitesse, explique-t-il. Je me rappelle qu’en début de saison, on croyait en nos chances… et c’est comme ça ici aussi. Cette saison-là, à un certain moment, on s’est mis à gagner des matchs, et notre confiance en nous n’a pas cessé d’augmenter par la suite. Il y a eu un effet d’entraînement à mesure que les victoires s’accumulaient. »

Les Jets revenaient d’une saison de 87 points quand ils ont fait un bond de 27 points pour conclure leur saison magique. Le Canadien part d’un peu moins loin ; la saison dernière, le club en bleu, blanc et rouge a obtenu une récolte de 96 points. Ce qui n’empêche pas tous les experts de la planète hockey, ou presque, de prévoir une saison de misère au Centre Bell.

Chiarot ne voit pas du tout les choses de cette façon, et il rappelle que les saisons magiques, dans la LNH, ça arrive plus souvent qu’on pense.

« Au hockey, on a souvent l’habitude de croire que c’est à Noël qu’on peut commencer à prédire la trajectoire d’une équipe… Mais la saison dernière, l’équipe championne était bonne dernière au classement général à cette date ! Il y a de la parité dans la ligue, c’est une réalité. Et ça nous permet de croire que tout peut arriver. »