Brett Kulak n’est certainement pas celui qui fait le plus de bruit. Son compte Instagram est privé, une rareté chez les athlètes professionnels. Vous le trouverez sur Twitter si vous cherchez un peu, mais il n’a publié que quatre gazouillis depuis l’ouverture de son compte, en janvier 2014.

Il ne fait pas la une des journaux, mais il n’est pas le point central des faits saillants à la télé. Ce n’est jamais la cohue devant son casier.

Pourtant.

Pourtant, il fait tout plutôt bien. Non seulement il est de conversation intéressante, il est aussi un défenseur qui se dévoile lentement.

Quand il est arrivé chez le Canadien de Montréal, le 1er octobre 2018, dans une transaction qui a envoyé Rinat Valiev et Matt Taormina chez les Flames de Calgary, on en a pensé assez peu. Un joueur de profondeur. Un autre. D’autant qu’il venait tout juste d’être ignoré au ballottage et qu’il était un joueur marginal chez les Flames.

Il s’est donc retrouvé chez le Rocket de Laval. Quand il a été rappelé par le grand club le 22 novembre, on a haussé les épaules. Un joueur de profondeur. Un autre. Puis, il a montré de match en match ce qu’il était capable de faire. Calme avec la rondelle, capable d’appuyer l’attaque au bon moment, efficace défensivement, habile en sortie de zone.

Quand il s’est retrouvé à la gauche de Shea Weber pour quelques matchs, on l’a observé un peu plus. Quand il est devenu un incontournable dans la formation, on a compris qui était ce joueur sous-estimé que le Canadien avait merveilleusement évalué.

Tant et si bien qu’à l’été, le Canadien lui a offert un contrat de trois ans et 5,55 millions, de très loin le plus généreux de sa carrière.

« On dirait que tout s’est mis en place. Ce n’est pas comme si j’avais changé une seule chose la semaine dernière. C’est une accumulation de travail. Les choses se mettent en place naturellement. Tu apprends, tu changes tes habitudes, tu offres du meilleur jeu chaque jour. C’est le joueur que je suis en train de devenir et je veux continuer à travailler pour avancer. »

Je veux pousser mes coéquipiers à être meilleurs, et vice versa. Les choses ont changé, oui, mais je me bats chaque jour pour garder ma place. Mais j’aime travailler pour m’accrocher à cette place.

Brett Kulak

Kulak n’a pas chômé pendant l’été. Son objectif était de démontrer sa valeur dès le premier jour du camp, ce qu’il a fait, question d’apaiser les doutes restants. Il a aussi passé beaucoup de temps dans la salle de vidéo à examiner ce que des joueurs comparables à lui faisaient de bien, ou à évaluer les tendances de ceux qu’il affronterait.

Et à ce camp, il est un peu devenu l’étalon de mesure.

Fleury, Brook

Kulak a joué trois matchs préparatoires, chaque fois avec Josh Brook. De ce simple fait, on devait tirer la conclusion que Brook était au-dessus de Cale Fleury dans la hiérarchie. Après tout, on lui prêtait ce qui avait toutes les apparences d’un joueur régulier de la LNH.

Mais Brook n’était pas prêt, il a été renvoyé chez le Rocket de Laval. Kulak s’est donc retrouvé avec Fleury, et les conclusions ont été logiquement les mêmes. Le jeune défenseur avait devancé Mike Reilly et Christian Folin dans la formation, intégrant du même coup le top 6.

« Ils sont très bons tous les deux, a expliqué Kulak. Brook, je ne le connaissais pas du tout ; Fleury, j’ai joué un peu avec lui à Laval. Brook patine très bien, il garde la tête haute, il est très à l’aise pour un jeune. Fleury est plus robuste, il se comporte bien sur la glace et il gère bien la rondelle.

« C’est amusant [de juger la hiérarchie en fonction du joueur qui est mon partenaire de jeu]. On veut seulement être bons chaque jour. Fleury et moi, on voulait rendre la vie difficile aux attaquants à l’entraînement. »

On travaille notre communication. Il est bon, je l’entends tout le temps me dire qu’il s’occupe de tel ou tel joueur. On travaille bien ensemble. Je crois que nous serons bons en match.

Brett Kulak

Claude Julien a refusé de confirmer que Kulak était devenu l’indice pour déterminer la formation au jour 1.

« Présaison. Ça s’appelle la présaison. On essaie des choses. Les deux points ne veulent rien dire contre les Sénateurs, on doit se donner la chance d’expérimenter. »

Mais Cale Fleury n’est pas dupe. Il sait que de se retrouver avec Kulak est une promotion.

« Ce sera un test pour le rôle qu’ils veulent que je joue si je reste cette saison, a reconnu Fleury. Ce sera la meilleure formation de la présaison. Oui, c’est une bonne nouvelle d’être jumelé à Kulak, mais je ne veux pas trop lire entre les lignes. Je dois y aller un jour à la fois. Je dois m’assurer d’être au mieux de mes capacités chaque fois sur la glace. »

À tout le moins, ce sera la dernière étape de son évaluation avant la décision définitive.

Le CH en bref

Price, on verra

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Carey Price

Carey Price était de retour à l’entraînement avec ses coéquipiers hier. Il a reçu des tirs du côté du gant attrape-rondelle, muni d’un coussin supplémentaire pour les besoins de la cause. Jordan Weal, à notre connaissance, a été le premier à s’essayer. Price souffrait depuis quelques jours d’une contusion à la main gauche, résultat d’un tir reçu à l’entraînement « à un endroit malheureux ». Le gardien a dit qu’il se sentait bien, mais qu’il laisserait Claude Julien annoncer s’il allait jouer ou non ce soir contre les Sénateurs d’Ottawa. Et Claude Julien… n’a rien voulu confirmer. « S’il est capable de jouer, il y a de grosses chances qu’il joue. Je sais qu’il se sent beaucoup mieux. On voulait lui donner le temps de guérir et j’avais dit qu’il y avait de grosses chances de le revoir d’ici la fin de semaine. C’est ce qu’on a vu. Il y a des chances qu’on le voie demain. »

Poehling, on verra (bis)

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Ryan Poehling

Ryan Poehling n’a pas joué depuis le match contre les Panthers de la Floride à Bathurst, le mercredi 18 septembre. Il a subi une commotion quand il a été mis en échec par Dryden Hunt. Il a tout de même terminé le match, avec brio, d’ailleurs. Le diagnostic est tombé deux jours après. Le fait qu’il avait terminé le match a évidemment fait beaucoup jaser, étant donné son état. Poehling, lui, sent-il qu’il aurait dû être retiré du match ? « Je fonctionnais sur l’adrénaline. Je n’avais jamais vécu de commotion cérébrale. Je ne savais pas ce que c’était. Les médecins ne pensaient pas que j’avais un problème, surtout que les reprises vidéo n’étaient pas les meilleures à Bathurst. » Il reste maintenant à savoir s’il jouera ce soir. Et la réponse est… on verra. Claude Julien attend toujours le feu vert des médecins pour l’utiliser en situation de match.

À la défense de Jonathan Drouin

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jonathan Drouin

Claude Julien s’est lancé dans un vibrant plaidoyer à la défense de Jonathan Drouin. Tout le monde sait que l’attaquant québécois connaît un camp très ordinaire, et il a semblé agacé par les questions jeudi. Julien a demandé qu’on le laisse tranquille un moment. « Il a joué quatre matchs et comme plusieurs autres, il cherche à retrouver le plus haut niveau. Faites le tour, ça arrive dans chaque équipe. On espère qu’il sera prêt quand la saison va commencer pour vrai. Regardez Tatar, on sait à quel point il a été bon l’année dernière. Il n’a pas trouvé son niveau. Il le sait. Les joueurs le savent. Phillip Danault cherche encore le plus haut niveau. On parle de Jonathan, laissez-le tranquille. Il y a 25 joueurs sur l’équipe et il est devenu le centre d’attention. »