Par moments cet hiver-là, certains observateurs se demandaient si Jesse Puljujarvi ne deviendrait pas le premier choix au total de 2016, devant Auston Matthews et Patrik Laine.

Puljujarvi, un colosse droitier de 6 pieds 4 et 215 livres, avait amassé 17 points en seulement sept matchs au Championnat mondial junior, trois de plus que Sebastian Aho, quatre de plus que Laine. 

Il constituait la locomotive de son trio. Il récupérait les rondelles dans les coins pour Laine. La Finlande a remporté l’or. Puljujarvi, Laine et Matthews avaient été nommés au sein de l’équipe d’étoiles du tournoi, mais le premier, sans surprise, a reçu le titre de joueur par excellence. 

Au cours des mois suivants, Matthews et Laine allaient confirmer leur place parmi les deux meilleurs espoirs du repêchage en raison de leurs performances en saison régulière dans leurs ligues professionnelles respectives. Toronto et Winnipeg allaient mettre la main sur deux joueurs de premier plan. 

Les Blue Jackets de Columbus, avec en tête leur directeur général finlandais Jarmo Kekalainen et son compatriote, le directeur du recrutement Ville Siren, allaient se rabattre sur un prix de consolation alléchant, Puljujarvi.

Mais nos amis finlandais ont créé un coup de tonnerre dans le Keybank Center de Buffalo en lui préférant le Québécois Pierre-Luc Dubois. 

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Pierre-Luc Dubois (au centre).

Dès lors, des doutes ont émané au sujet de Puljujarvi. Ou bien les Blue Jackets avaient un attrait irrésistible envers Dubois, ou bien ils détenaient des informations (négatives) privilégiées au sujet de leur jeune compatriote… ou un peu des deux. 

Les détenteurs du quatrième choix, les Oilers d’Edmonton, n’y ont vu que du feu. Il fallait voir le sourire des dirigeants de l’équipe lorsque ce jeune géant s’est présenté sur l’estrade pour enfiler le maillot de l’équipe. Connor McDavid allait avoir son ailier droit idéal !

Diverses sources l’ont confirmé par la suite : les Oilers visaient le défenseur gaucher Mikhail Sergachev au quatrième rang, convaincus de voir les Blue Jackets choisir Puljujarvi. 

Le DG Peter Chiarelli croyait avoir assez de talent à l’attaque avec l’arrivée de Puljujarvi pour se départir de Taylor Hall et ainsi améliorer la défense de l’équipe. Cinq jours après le repêchage, celui-ci passait aux Devils du New Jersey en retour du défenseur droitier Adam Larsson.

Trois ans ont passé. Puljujarvi, incapable de mériter un poste régulier à Edmonton, menace de jouer en Finlande cet hiver. Il a amassé 37 points en 139 matchs jusqu’ici, répartis sur trois saisons. 

L’arrivée d’un nouveau DG, Ken Holland, et d’un entraîneur fraîchement nommé, Dave Tippett, ne l’a pas convaincu de demeurer à Edmonton. « Je veux jouer pour un club de la LNH qui me fera une place sur l’un de ses deux premiers trios et qui m’utilisera 15 minutes par match », a-t-il déclaré cette semaine à la télé finlandaise

Les Oilers ne constituaient pas un modèle de développement des jeunes ces dernières années et Puljujarvi a reconnu avoir été handicapé par la barrière des langues. 

Le jeune homme doit néanmoins savoir que les postes ne se donnent pas comme les cadeaux à Noël. Il faut les mériter. Son manque de productivité, et sa réaction aux épreuves des dernières saisons, vont sans doute effrayer les équipes tentées de l’acquérir. Holland devra sans doute réviser son prix à la baisse. 

Ce choix fait mal aux Oilers. On ne leur jettera pas la pierre, puisque la majorité des clubs auraient choisi le jeune homme au quatrième rang (ce choix a été salué unanimement), mais Edmonton se retrouve néanmoins le bec à l’eau et d’autres joueurs repêchés après lui ont déjà un impact énorme sur leur club.

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Matthew Tkachuk

Matthew Tkachuk, repêché au sixième rang par les Flames, vient de marquer 34 buts et d’amasser 77 points. Clayton Keller (7e) a connu une baisse de productivité après une première saison de 65 points, mais il joue au sein du premier trio des Coyotes. Sergachev (9e), depuis échangé par le Canadien pour Jonathan Drouin, est un défenseur régulier de la LNH capable d’amasser 35, 40 points par année. Charlie McAvoy (14e) est le défenseur numéro un des Bruins. 

Si on ajoute Puljujarvi au choix de Nail Yakupov au premier rang en 2012, aux départs de Taylor Hall et Jordan Eberle, deux choix de première ronde eux aussi, aux difficultés d’adaptation d’un autre premier choix, Magnus Paajarvi, dixième choix au total en 2009, on comprend pourquoi les Oilers en arrachent et pourquoi la tâche de Holland s’annonce titanesque. 

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