De l’extérieur, il est difficile de trouver beaucoup de positif chez les Red Wings de Detroit.

Les sept défaites en lever de rideau n’annonçaient rien de bon, et comme de fait, l’équipe a terminé au 28e rang de la ligue. Exit l’architecte des 22 dernières saisons et des trois équipes championnes, Ken Holland, dont la magie n’opérait plus.

Son remplaçant Steve Yzerman a conclu l’été sans coup d’éclat, ni sur le marché des joueurs autonomes ni par la voie des transactions. Évidemment, ce statu quo laisse croire au pire pour l’année prochaine aussi.

Pourtant, au sein de cet océan de pronostics plus pessimistes les uns que les autres s’élève Anthony Mantha. L’imposant attaquant québécois reconnaît que les premiers mois de la dernière campagne ont laissé des cicatrices encore vives. Mais à ses yeux, le vent a tranquillement tourné en cours de saison, pour lui personnellement, mais aussi pour l’équipe.

Pour lui d’abord. C’est arrivé le 2 décembre, ironiquement au moment où il s’est blessé à la main dans un combat contre Patrik Nemeth de l’Avalanche du Colorado. Ce même Nemeth qui vient d’ailleurs de se joindre aux Red Wings, soit dit en passant. Mantha avait dû être opéré à la main.

« Pendant que j’étais blessé, j’ai eu l’occasion de revenir sur la Rive-Sud de Montréal et de faire du power skating avec François Borduas. Je n’ai fait que du patin, je n’avais pas le droit de lancer ou de manier une rondelle. L’équipe était sur la route et après, c’était le congé de Noël. J’avais demandé à mes entraîneurs si je pouvais revenir à Montréal. Ça a vraiment porté des fruits, ces deux semaines. J’ai vu les bienfaits. Ça garde la forme aussi. Cet été, je fais la même chose, avec des habiletés et du maniement. En espérant que ça va m’aider. »

Avant cette pause, Mantha comptait 9 buts et 5 aides en 27 matchs. Il a inscrit 16 buts et 18 aides en 40 matchs après cette séance de patin qui a finalement pris des allures de ressourcement.

Sa belle séquence s’est prolongée jusqu’au Championnat du monde, où il a encore un peu plus repris la confiance d’antan qui avait fait de lui un prolifique marqueur au niveau junior. Mantha a inscrit sept buts et sept aides en neuf matchs, en route vers une médaille d’argent pour le Canada.

« Les derniers matchs de la saison ont mené au championnat, et j’espère que le championnat va débouler jusqu’à la saison prochaine. Ça fait du bien de bien performer. Ça m’a ramené des souvenirs de mes années juniors quand tout allait super bien. »

L’équipe aussi, vraiment ?

De l’avis général, les Red Wings n’ont pas laissé une forte impression sur la glace. Si l’on se rappelle bien, c’est une équipe brisée et démoralisée qui s’était inclinée 8-1 face au Canadien en fin de saison, devant ses partisans. La prestation au Centre Bell deux semaines plus tard avait été à peine moins malaisante.

Pourtant, peu de temps après, les Wings ont gagné huit de leurs neuf matchs, parfois contre des adversaires coriaces. Comme les Bruins de Boston, battus 6-3 par des Red Wings revigorés.

« Je parlais de confiance. À la fin de la saison, on s’amusait et on gagnait. Même Brad Marchand est venu me voir [lors du Pro-Am Gagné-Bergeron]. Il m’a dit que les Bruins pensaient que ce serait une victoire facile à Detroit. Mais on a collé plusieurs victoires d’affilée en fin de saison. Pendant que tout le monde disait qu'on devrait essayer de perdre pour avoir un meilleur choix au repêchage, nous, on gagnait des matchs. C’est parce qu’on s’amusait. » 

On n’était plus dans le portrait des séries et les gars avaient du plaisir. C’est la mentalité qu’il faut garder. Oui, c’est un travail, mais il faut avoir du plaisir pour offrir de bonnes performances.

Anthony Mantha

Mantha parle de plaisir, de changer une ambiance qui était peut-être devenue trop lourde dans le vestiaire. Il parle aussi de la nouvelle philosophie de l’entraîneur Jeff Blashill. Les vétérans ont demandé au pilote un changement dans la fréquence des entraînements en fin de saison.

« Les vétérans ont demandé de choisir une des deux séances d’entraînement, soit le matin d’un match, soit la veille d’un match. On avait le choix rendus là. Les gars étaient responsables de se préparer pour le match. Et en match, on jouait bien. On était sortis des séries et on a essayé autre chose. Peut-être que ç’a été le déclic. »

Ce n’est qu’une preuve de plus qu’il est important de travailler sans cesse la relation entre les joueurs et l’entraîneur. Personnellement, Mantha jure que tout roule à merveille avec Jeff Blashill depuis presque deux ans, soit depuis que les deux hommes se sont assis pour mettre les choses au clair. Mantha ajoute qu’il a aussi pris de la maturité depuis ses moments plus tendus avec l’entraîneur.

Il ne reste qu’une zone grise en vue de la prochaine saison. Au moment de réaliser l’entrevue avec Mantha, au début d’août, Yzerman ne lui avait toujours pas parlé. Et ce, même si le nouveau DG était en poste depuis presque quatre mois.

Mantha espère évidemment que son nouveau patron reproduise chez les Red Wings ce qu’il a fait chez le Lightning de Tampa Bay. À savoir maintenant s’il avait hâte de lui parler ?

« Tout à fait. Ça, c’est sûr. »