(Vancouver) Chaque année, quand le Canadien joue à Calgary, Edmonton et Vancouver, on remarque la présence de nombreux partisans de l’équipe. Des partisans dont l’attachement remonte à l’époque où, pour qui souhaitait encourager une équipe canadienne, les options se limitaient à Montréal et Toronto.

Cette époque a aussi permis au CH de se faire quelques partisans au Minnesota, où le signal de CBC Manitoba était capté. C’est le cas d’Andy Brink, ancien joueur devenu entraîneur. Partisan, vous dites ? Il regrette encore son chandail blanc du CH, numéro 44 de Stéphane Richer, qu’il aimait tant porter quand il jouait à l’école secondaire dans les années 80. « Un jour, je suis arrivé à l’école, et il avait disparu. Quelqu’un me l’avait volé ! », raconte-t-il.

On vous parle d’Andy Brink parce que son fils, Bobby, est un attaquant pressenti pour être réclamé quelque part entre le 20e et le 30e rang ce soir. Dans le repêchage simulé de La Presse, il est sélectionné par les Hurricanes en 28e place.

Or, Andy Brink est un passionné d’histoire du hockey. C’est Bob McKenzie qui nous a mis la puce à l’oreille, en écrivant cette semaine que le nom complet du fils était en fait Bobby Orr Brink.

Et les deux frères de Bobby ? Henri Richard Brink et Joseph Henry Brink. Henri Richard comme dans… Henri Richard, le « Pocket Rocket ». Et Joseph Henry, qui sont les deuxième et troisième prénoms de Maurice Richard (Henri avec un « i »).

Mais la question qui s’impose : comment un partisan de longue date du Canadien peut-il nommer son premier fils en l’honneur d’un joueur… des Bruins ?

« J’y ai pensé ! a admis Andy Brink, rencontré autour de tacos et de nachos sur une terrasse du centre-ville. Au début, j’hésitais entre Bobby Clarke et Bobby Orr. Ces deux-là et Maurice Richard, ils ont un trait commun, et c’est le caractère, la détermination.

J’aimais beaucoup le Canadien, mais je viens du Minnesota, dans un environnement anglophone. Je ne pouvais pas appeler mes enfants Jean Béliveau ou Yvan Cournoyer !

Andy Brink

« Mais je voulais que mes enfants soient comme eux. Qu’ils trouvent une passion, qu’ils soient des êtres sans compromis et qu’ils n’abandonnent jamais. Je voulais qu’ils aient cette passion, ce côté compétitif, que ce soit au hockey, à l’école ou au travail. »

Comme joueur, Andy Brink a joué pour l’Université du Minnesota et a porté les couleurs des États-Unis au Championnat du monde junior de 1994. Jamais repêché, il n’a jamais joué chez les professionnels, mais s’est converti en entraîneur et a fondé son école de hockey, Breakaway Academy. Mais il ne s’en tient pas seulement aux notions de patinage, de positionnement et de jeu collectif.

« Au Minnesota, les gens ne connaissent pas Maurice Richard. Je n’en reviens pas ! J’adore l’histoire du hockey, donc je n’en reviens pas que les gens ne la connaissent pas plus que ça ! Donc, à notre académie, une des choses qu’on enseigne est l’histoire du hockey. Je pense qu’il y a tellement de bonnes histoires à raconter. Comme Bernard Geoffrion, qui est le gendre de Howie Morenz. »

Le gabarit, pas un enjeu

Si les prédictions s’avèrent, Bobby Brink ne sera donc pas repêché par le Canadien, qui parle au 15e rang, puis au 46e rang. À moins qu’une transaction ne vienne changer la donne.

Brink occupe le 19e rang des espoirs nord-américains, après avoir connu une saison de 35 buts et 33 passes en 43 matchs avec Sioux City, en USHL. Mais le jeune homme mesure 5 pi 8 po, pèse 165 lb, et son coup de patin fait douter certains recruteurs. « Mais il y a des personnes du côté de sa mère. Il peut encore grandir de deux pouces », assure le paternel.

Andy Brink était lui aussi désavantagé physiquement, à 5 pi 9 et 165 lb. Il serait normal de l’entendre dire à quel point le hockey de son époque n’était pas encore fait pour des joueurs de sa taille. Mais son fils est réputé pour sa détermination, et on comprend vite que l’exemple vient d’en haut.

« Malgré ma taille, c’était possible d’atteindre la LNH, mais je devais être meilleur, laisse-t-il tomber. Doug Gilmour était petit et il a trouvé une façon de se rendre. Bobby a plus de chien que j’en avais. Il trouve plein de façons de marquer des buts. Il a un meilleur tir que moi, il voit mieux la patinoire que moi. Défensivement, il est toujours bien positionné. »

La taille importe peu. On doit simplement s’en servir à son avantage. Le plus important, c’est de ne pas se laisser intimider.

Andy Brink

« En jouant en USHL contre des joueurs de 19-20 ans, Bobby ne se laisse pas intimider. C’est très difficile de lui enlever la rondelle. Il faut avoir confiance en soi. C’est peut-être 90 % de la bataille. »

Qu’il aboutisse à Montréal ou non, il faudra retenir le nom de Bobby Brink.