Dans une ligue où tout le monde essaie de copier la recette du succès, celle des Blues ne sera pas si facile à reproduire. Parce qu’elle se résume en un mot : « audace ».

Comment peut-on « copier » un tel concept ? C’est une excellente question, et en ce moment même, il y a probablement 30 DG qui se la posent. Après tout, les Blues de St. Louis n’ont pas le profil type du club champion. Ils n’ont pas fracassé des marques vieilles de 20 ou 30 ans, ils n’ont pas établi des records à la pelle et ils n’ont aucun joueur parmi les 25 plus hauts salariés de 2018-2019.

Et puis pourtant, ce sont eux qui vont passer l’été à se promener avec la coupe Stanley.

Voici un peu comment ça s’explique.

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Le gardien Jordan Binnington a été au cœur des succès des Blues de St. Louis, cette saison.

Un peu de chance

Les plus grands cerveaux de l’humanité sont tous d’accord là-dessus : pour arriver à de grandes choses, souvent, ça prend un peu de chance. Comme Keith Richards qui avait la mélodie de Satisfaction enfouie quelque part dans son sommeil (histoire vraie), les Blues avaient quelque part dans leur formation un gardien qui allait se révéler un genre de sauveur inespéré. Bon, Jordan Binnington n’a peut-être pas été sacré meilleur joueur des séries – c’est probablement sa contre-performance lors du troisième match de la finale qui lui a coûté ce titre –, mais il a été celui qui a permis à son équipe de trancher lors du septième match, et il a aussi été celui qui a permis à son club de gagner plusieurs fois en phase éliminatoire. Personne n’aurait pu parier sur un tel scénario il y a un an à peine.

Détail digne d’intérêt : le triomphe des Blues permet de noter une tendance très claire du hockey moderne, où il est possible d’aller jusqu’au bout avec un gardien au rabais. Cette saison, les Blues ont versé à Binnington un salaire de 650 000 $. On peut dire qu’ils en ont eu pour leur argent !

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Craig Berube a pris les commandes des Blues à la fin de novembre.

Parfois, un nouveau coach, ça rapporte

On le sait, les Blues occupaient le 31e et dernier rang du classement général au début de 2019. Un peu avant ça, à la fin de novembre, la direction du club avait décidé de mettre à la porte l’entraîneur Mike Yeo, et de le remplacer par Craig Berube. Le nouveau coach n’aura donc pas produit des résultats instantanés, mais au bout de quelques semaines, un changement a bel et bien été perceptible dans le camp des Blues.

Drôle de hasard, ce changement a commencé à opérer avec une victoire contre le Canadien à St. Louis, le 10 janvier, et à partir de cette date, les joueurs à la note bleue ont récolté 16 victoires à leurs 20 matchs suivants, dont une série de 11 victoires de suite. Un changement d’entraîneur en pleine saison, ça ne rapporte pas toujours. Dans le cas des Blues, ça a rapporté gros !

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Ryan O’Reilly a été le premier marqueur des Blues de St. Louis, cette saison.

Oui, l’audace

Il en a été question plus haut, et il faut insister sur ce point critique. Rappelons ici que deux des trois marqueurs des Blues lors du septième match de la grande finale, Ryan O’Reilly et Brayden Schenn, sont des joueurs qui ont été acquis dans le cadre de transactions à risque élevé. Schenn a débarqué à St. Louis en 2017 après un échange avec les Flyers de Philadelphie, qui ont obtenu en retour l’attaquant Jori Lehtera (3 points en 27 matchs cette saison), et aussi deux choix de premier tour, dont celui de 2017, qui est devenu l’attaquant Morgan Frost.

Pour O’Reilly, les Blues ont dû offrir aux Sabres de Buffalo trois attaquants (Patrik Berglund, Vladimir Sobotka, Tage Thompson) et deux choix de repêchage, dont un premier choix au repêchage de 2019. Ça fait beaucoup de choix de premier tour et de jeunes espoirs, tout ça. Mais O’Reilly a été le premier marqueur des Blues cette saison et Schenn, le troisième. On ajoutera aussi que ces deux joueurs ont été les deux premiers centres du club cette saison. Doug Armstrong, le DG des Blues, nous a donc rappelé qu’il était possible de faire des échanges dans cette ligue, et en plus, qu’il était aussi possible de dénicher des centres de premier plan. Tout ce que ça prend, c’est un peu d’audace.