Les séries éliminatoires regorgent de prétextes pour sortir des statistiques historiques, parfois pertinentes, parfois farfelues.

Dans le cas qui nous préoccupe cette fin de semaine, il y en a deux, toutefois, qui entrent dans la première catégorie. Ou, du moins, qui devraient préoccuper les Bruins de Boston, qui seront au pied du mur demain.

La première, c’est que les Blues de St. Louis, en avance 3-2 dans cette finale de la Coupe Stanley, ont une jolie fiche de 3-0 ce printemps quand ils ont la chance d’en finir avec un adversaire. Les trois fois, ils ont donc éliminé leurs rivaux à la première occasion. Remarquez que, contre Dallas, dans un septième match, il n’y avait guère d’options viables hormis la victoire.

La deuxième, c’est que dans les matchs 5, 6 et 7 – ce que le collègue et ami (et numismate à ses heures) Jean-François Tremblay appellerait les rondes de championnat –, les Blues montrent un tout aussi joli dossier de 7-1.

Bref, oubliez les statistiques historiques un moment ; les Blues de St. Louis, version 2019, ont cette capacité d’achever l’adversaire dès qu’ils en ont l’occasion.

Certains attribueront cela à la lourdeur de cette équipe : les Blues alignaient jeudi 14 patineurs (sur 18) de 200 lb ou plus ; les Bruins n’en avaient que 8. D’autres y verront plutôt la marque d’un groupe qui s’est forgé une force de caractère collective après être revenu à la vie, en janvier, au moment où tout le monde les enterrait.

« Les gars ont appris à gagner, à vivre l’adversité, et quand ils en ont, ils peuvent la combattre. Ils savent maintenant qu’ils peuvent contourner ces obstacles », expliquait l’entraîneur-chef des Blues, Craig Berube, en conférence téléphonique, hier.

Rôles inversés

Les Blues comprennent très bien comment se sentent les Bruins aujourd’hui. Si les Bostoniens ont été victimes de la plus récente crampe au cerveau des officiels, jeudi, quand Tyler Bozak a fait un croc-en-jambe à Noel Acciari impunément, les Blues ont déjà vécu cette impression de s’être fait voler par les arbitres.

Le mois dernier, les hommes de Craig Berube ont perdu le troisième match de la finale de l’Ouest quand les hommes zébrés ont fermé les yeux sur une passe avec la main en prolongation, menant directement au but gagnant des Sharks de San Jose. Mais alors que les observateurs du milieu dénonçaient à l’unanimité l’erreur d’arbitrage, les Blues n’en ont pas fait un plat – publiquement, du moins. Ils ont enchaîné avec trois victoires de suite et présentent depuis une fiche de 6-2. Une belle façon de rebondir.

Difficile de dire comment les Bruins réagiront. L’entraîneur-chef Bruce Cassidy est revenu sur le sujet hier, mais on devine qu’aujourd’hui ou demain, il finira par passer son tour quand ces questions reviendront.

De son côté, Berube n’allait évidemment pas jeter de l’huile sur le feu sur un sujet aussi délicat, quand on lui a demandé si son équipe pouvait s’attendre à une réponse forte en émotion des Bruins demain.

« On doit être prêts pour le match no 6. On aura droit au meilleur effort des Bruins. C’est ce qu’on aura et on doit être prêts. » — Craig Berube

Berube a tout intérêt à ne pas en rajouter, d’autant qu’on a l’impression qu’il a devant lui un ours qui dort (sans mauvais jeu de mots). Le trio de Brad Marchand, Patrice Bergeron et David Pastrnak, surnommé la « Perfection Line » tant il est difficile de marquer contre lui, affiche un rendement pitoyable de - 4 depuis le début de cette série. À forces égales, les Blues ont en effet marqué quatre fois contre ce trio, et n’ont permis aucun but.

Bergeron a quatre points en finale : trois en avantage numérique, un en désavantage. Les deux points de Pastrnak : en supériorité numérique. Marchand a quant à lui un point en avantage numérique, un en désavantage et un but dans un filet désert.

Si la brigade menée par Alex Pietrangelo continue à neutraliser les trois comparses, les Blues auront de très bonnes chances d’achever une nouvelle fois leurs rivaux du premier coup.