(Boston) La Coupe Stanley, c’est la Coupe Stanley. C’est le rêve de tout jeune joueur de hockey qui a un jour enfilé des patins, qui a marqué un but spectaculaire dans la cour d’école, qui a personnifié son héros lors d’un match improvisé, les bâtons au milieu.

Mais ce rêve devient encore plus concret quand il se vit devant sa famille, à côté de l’endroit où tu as grandi.

C’est le cas pour Matt Grzelcyk, des Bruins de Boston. Le défenseur n’est pas le plus excitant, c’est loin d’être celui qui retient l’attention, il ne tapisse pas les faits saillants de ses buts et de mises en échec percutantes. Mais quand il est sur la glace, sa famille ne voit que lui. Parce que sa famille est juste à côté.

Voyez-vous, son père John et son frère John fils font partie de la « Bull Gang », le groupe d’employés du TD Garden chargé de la qualité de la surface pour les matchs des Bruins et des Celtics, de la NBA. John père travaille au Garden – le vieux puis le récent – depuis 1967. Il a vécu les années Bobby Orr. Il a vécu les conquêtes.

Et cette fois, c’est son fils qui est sur la glace pour la finale. Matt Grzelcyk a grandi à Charlestown, juste de l’autre côté du pont menant au TD Garden. Il a été partisan des Bruins toute son enfance, avant d’en devenir un lui-même. À ses yeux, ce statut particulier n’ajoute pas nécessairement de pression, mais crée quand même une certaine nervosité.

«Ça veut dire beaucoup pour mon père que je sois ici. Quand tu es sur la glace, tu veux jouer encore plus fort pour lui. Je dois me rappeler qu’il a travaillé avec acharnement pour me permettre d’être là où je suis rendu. Il est la raison principale pour laquelle je suis ici.

«Mon père cache ses émotions. Il ne veut pas me les montrer. Il m’envoie le message de ne pas être trop heureux ou trop déçu. On se parle souvent. Il m’a beaucoup aidé à traverser les séries.»

Grzelcyk a donc vu de nombreux matchs au Garden dans sa jeunesse, mais jamais de finale de la Coupe Stanley. Lors du triomphe des Bruins en 2011, il était au Michigan avec le programme de développement de l’équipe nationale américaine. Au moins, il est revenu à la maison à temps pour le défilé.

«Tu essaies de rendre tout ça le plus normal possible, malgré toutes les affiches en ville. C’est important aussi pour tous ceux avec qui j’ai grandi. Tu essaies de rendre ça normal, mais d’un autre côté, c’est agréable de le vivre devant la famille et les amis.»

PHOTO BOB DECHIARA, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Matt Grzelcyk et Brad Marchand

Le talent local

Quand Grzelcyk a été repêché au troisième tour par les Bruins en 2012, il est donc devenu le troisième membre de la famille à travailler pour l’organisation. C’est aussi ça, la particularité des Bruins: ils n’hésitent jamais à exploiter le talent dans leur cour.

Grzelcyk en est le parfait exemple. Il est né près de Boston et il a connu un parcours universitaire exceptionnel à Boston University. Il rejoint d’autres talents de l’endroit, comme Charlie McAvoy, Noel Acciari, Connor Clifton, Charlie Coyle et Chris Wagner, qui sont tous soit originaires de la Nouvelle-Angleterre, soit d’anciens étudiants de la région. Sans oublier Ryan Donato, échangé pour Coyle justement, dont le père Ted a joué pour les Bruins et entraîne l’équipe de Harvard.

Cette construction locale a aidé aux succès de l’équipe. Grzelcyk n’y est pas étranger, même si son petit gabarit (5 pi 9 po et 175 lb) aurait pu être un handicap en séries. Surtout contre des équipes costaudes comme les Hurricanes de la Caroline, les Blue Jackets de Columbus ou les Maple Leafs de Toronto.

«C’est un gars qui était frappé beaucoup, a reconnu l’entraîneur-chef Bruce Cassidy. On se demandait s’il pourrait durer. Mais on a vu contre la Caroline, il s’est fait frapper, mais il s’est toujours relevé.»

Il a disputé les 18 matchs en séries jusqu’à maintenant, inscrivant au passage 3 buts et 4 mentions d’aide et jouant en moyenne un peu plus de 17 minutes par match. Il a gagné ce premier match de la finale devant son père et son frère, qu’il est immédiatement allé voir après le sifflet final.

«Ils m’ont demandé si c’était très différent d’un match normal. Je suis heureux de partager ce moment avec eux. Ils sont importants à mes yeux. Je sais que c’est émotif pour eux de voir leur frère, ou leur fils, sur la glace pour un match de la Coupe Stanley.»