En septembre 1998, à 26 ans, presque 27, Dave Morissette tentait une ultime chance d’atteindre la Ligue nationale de hockey, au camp d’entraînement du Canadien, après avoir roulé sa bosse pendant huit ans dans les circuits mineurs professionnels. 

Quelle ne fut pas sa surprise de retrouver, après une séance d’exercice, son entraîneur des deux années précédentes dans la Ligue internationale, à Houston.

Dave n’était pas l’une de ses vedettes, à peine avait-il amassé huit points, dont quatre buts, en 67 matchs l’hiver d’avant, mais il assumait un leadership important au sein de son équipe et surtout, il faisait le sale travail pour défendre ses coéquipiers à titre de dur à cuire.

C’est une chose pour un entraîneur de reconnaître le travail ingrat d’un de ses joueurs. Mais de prendre le premier vol à destination de Montréal pour venir encourager un ancien joueur démontre un sens du devoir et une solidarité extraordinaires.

Cet homme s’appelle Dave Tippett. Il est depuis hier le nouvel entraîneur des Oilers d’Edmonton.

Dave Morissette m’avait raconté l’anecdote lors de la rédaction de ses Mémoires d’un dur à cuire, en 2005. Tippett avait depuis été promu à la LNH. Il était l’entraîneur-chef des Stars de Dallas depuis deux ans, après avoir agi à titre d’adjoint chez les Kings de Los Angeles pendant trois saisons.

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Dave Tippett a dirigé les Coyotes de l’Arizona pendant huit ans.

Il a dirigé les Stars quatre années supplémentaires, puis les Coyotes de l’Arizona pendant huit ans. Tippett n’oeuvrait pas dans un contexte facile chez le Coyotes, avec les menaces de déménagement.

Notre homme a néanmoins permis à cette organisation d’atteindre le seul carré d’as de son histoire, en 2012. Il a aussi atteint la demi-finale avec Dallas en 2008.

J’ai toujours gardé cette histoire en tête au fil des années. Ceux qui ont joué pour lui, Stéphane Robidas, Philippe Boucher, Pierre Turgeon et Steve Bégin en ont ajouté une couche en mentionnant à quel point il constituait un entraîneur et un être humain exceptionnel. Mike Ribeiro a connu ses plus grandes saisons sous son autorité à Dallas.

Tippett, 57 ans, a une réputation d’entraîneur défensif. Il n’offre pas de postes facilement aux jeunes, mais demeure un grand communicateur même s’il ne leur fait pas de cadeaux. Il devrait donner aux Oilers une structure dont ils ont grand besoin.

Le nouvel entraîneur des Oilers a rigolé en conférence de presse lorsqu’on l’a qualifié de coach défensif. Il a rassuré ceux qui craignent de le voir «étouffer» Connor McDavid et Leon Draisaitl dans un système de jeu rigide.

«Doug Armstrong m’a donné ma première chance à Dallas parce que j’étais un entraîneur offensif, a-t-il répondu. Et à Los Angeles, j’étais responsable du jeu en supériorité numérique. Nous avions un bon taux de succès en supériorité numérique. Doug m’a embauché pour que j’amène plus de créativité à l’attaque. Nous avions de bons clubs offensifs. Puis je me suis retrouvé en Arizona et nous devions trouver une façon de gagner sans joueurs offensifs. Alors on a misé sur le caractère, l’acharnement, une bonne défense et un gardien solide. Je ne suis ni un entraîneur offensif, ni un entraîneur défensif, je m’ajuste en fonction de ce que j’ai sous la main.»

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Dave Tippett ne semble pas prêt à séparer Connor McDavid et Leon Draisaitl.

Tippett ne semble pas prêt à séparer McDavid et Draisaitl, même si les deux constituent des centres à l’origine. «J’ai regardé de nombreux vidéos des deux à l’œuvre, autant ensemble que séparés. J’aime les voir ensemble. Quand j’ai travaillé à la Coupe du monde, nous avions 13 attaquants et Auston Matthews était le dernier. Nous avons tenté plusieurs combinaisons avec McDavid. Finalement, on a tenté de placer Matthews avec lui. Je lui ai demandé s’il avait déjà joué à l’aile. Il n’avait pas encore accédé à la LNH. On les a placés ensemble et ça a fait une formidable combinaison. Je vois les mêmes choses avec McDavid et Draisaitl.»

Tippett n’a jamais pu compter sur un tel duo à Dallas ou en Arizona. Mais le reste de la formation des Oilers est plein de trous. Il n’y a pas beaucoup d’ailiers de qualité, la défense est poreuse et le gardien n’a pas beaucoup d’expérience. Le DG Ken Holland aura du travail à faire cet été pour aider son nouvel entraîneur.

Voyons si Tippett pourra accomplir un exploit semblable à celui de Barry Trotz à Long Island l’hiver dernier.

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