Les détenteurs du quatrième choix au total du repêchage de juin ne jouent généralement pas au hockey à cette période-ci de l’année.

L’hiver aura généralement été difficile pour eux, mais l’organisation se console à l’idée que ce choix pourrait leur permettre de relancer l’équipe à moyen ou long terme.

Non seulement l’Avalanche bénéficie-t-il de ce choix obtenu des Sénateurs d’Ottawa pour Matt Duchene, mais il se retrouve à une victoire d’éliminer les Flames de Calgary en première ronde, grâce à leur victoire d’hier en prolongation. Colorado mène désormais la série 3-1.

Qu’il élimine les Flames ou non, le DG Joe Sakic est dans une position enviable pour la pérennité du club. Sakic a réussi à manœuvrer habilement pour bâtir un club compétitif à court terme sans pour autant hypothéquer l’avenir de l’équipe.

Le premier centre de l’équipe, le formidable Nathan MacKinnon, 99 points en saison régulière, trois buts dans cette série, a seulement 23 ans. Mikko Rantanen, désormais l’un des ailiers les plus redoutables de la LNH avec une deuxième saison consécutive de plus de 80 points, a un an de moins que MacKinnon.

Le capitaine Gabriel Landeskog est presque considéré comme un «vieux» par rapport aux deux autres à 26 ans. Deux autres membres du top 9, Alexander Kerfoot et J.T. Compher, n’ont pas encore 25 ans. On attend encore l’éclosion du premier choix de l’équipe en 2016, Tyson Jost, 21 ans, ballotté entre le deuxième et le quatrième trio.

En défense, non seulement Sakic a-t-il obtenu une pièce maîtresse, Samuel Girard, dans l’échange de Duchene, mais l’Avalanche a accueilli dans le troisième match l’un des plus formidables espoirs de la LNH, le défenseur Cale Makar, quatrième choix au total en 2017.

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Le défenseur Cale Makar, quatrième choix au total en 2017, a marqué dès son premier match lundi.

Makar, 49 points en 41 matchs à UMass, dans la NCAA, cet hiver, a marqué dès son premier match lundi. Et son temps d’utilisation est passé de 14 à 20 minutes à sa deuxième rencontre, hier (il y a eu dix minutes de prolongation).

Le magazine Hockey News n’a pas le monopole de la vérité, mais Makar vient au premier rang de sa liste d’espoirs publiée il y a quelques semaines, devant Quinn Hughes et Cody Glass.

Avec Makar, Girard, présentement blessé, Erik Johnson et Tyson Barrie, déjà l’un des meilleurs offensifs de la Ligue, l’Avalanche comptera ces prochaines années sur un excellent top 4 en défense.

Joe Sakic et l’Avalanche auraient eu le bonheur de repêcher Jack Hughes ou Kaapo Kakko si les Sénateurs d’Ottawa avaient été un peu plus chanceux à la loterie, puisqu’ils détenaient les meilleures probabilités de l’emporter.

Il y aura probablement encore de bons joueurs disponibles au quatrième rang. À preuve, Makar a été repêché à ce rang il y a deux ans!

Après Hughes et Kakko, les avis sont partagés. L’attaquant russe Vasily Podkolzin suscite beaucoup d’intérêt. Tout comme le défenseur gaucher Bowen Byram, les attaquants Dylan Cozens, Peyton Krebs ou Alex Turcotte. D’autres pourraient émerger d’ici le repêchage, comme l’a fait Jesperi Kotkaniemi l’an dernier.

Disputer des séries éliminatoires tout en ayant en banque un choix dans le top 4 du repêchage demeure un fait rare.

C’est arrivé seulement neuf fois en 48 ans depuis le Canadien avec Guy Lafleur en 1971, et seulement une fois depuis 1996.

En 2010, les Bruins ont franchi la première ronde, avant d’être éliminés au second tour en sept matchs par les Flyers de Philadelphie, en sachant qu’ils détenaient le deuxième choix au total. L’été précédent, ils avaient échangé Phil Kessel aux Maple Leafs de Toronto pour des choix de première ronde en 2010 et 2011, et un choix supplémentaire de deuxième ronde en 2010.

Les Leafs n’avaient pas connu les succès escomptés et s’étaient écroulés au classement, pour le plus grand bonheur des Bruins et de leur DG de l’époque, Peter Chiarelli. Boston a repêché Tyler Seguin cette année-là, avant de l’échanger quelques saisons plus tard par manque de patience à l’endroit du jeune.

En 1996, les Capitals de Washington ont obtenu le quatrième choix au total des Kings de Los Angeles en leur échangeant un an plus tôt le gardien Byron Dafoe et l’attaquant Dmitri Khristich. Les Capitals n’ont pas eu la main heureuse en choisissant Alexander Volchkov (seulement trois matchs en carrière dans la LNH), mais la cuvée 1996 fut l’une, sinon la plus faible de l’histoire.

Les Maple Leafs ont été victimes de leur impatience en 1989 également. Ils ont échangé leur troisième choix au total de 1991 pour obtenir le défenseur Tom Kurvers. Il s’agit de l’un des plus grands échanges de Lou Lamoriello avec les Devils puisque ceux-ci ont repêché Scott Niedermayer avec ce choix.

L’ancien DG de génie du Canadien, Sam Pollock, constitue un maître en la matière. Il a profité plusieurs fois de la naïveté de ses collègues pour les flouer au repêchage.

Il a obtenu le premier choix au total en 1980 en échangeant Ron Andruff et Sean Shanahan et son propre choix de première ronde aux Rockies du Colorado en 1976. Pollock n’était cependant plus en poste lorsque le CH a repêché Doug Wickenheiser.

Quelques années plus tôt, en 1972, le Canadien a pu repêcher au quatrième rang Steve Shutt, l’un des plus prolifiques buteurs de l’histoire de la LNH, pour le gardien Gerry Desjardins, dans une transaction réalisée quatre ans plus tôt.

Le coup de maître de Pollock demeure l’acquisition du premier choix de 1971, lequel lui permettait de repêcher Guy Lafleur, en retour de Ernie Hicke et du premier choix du Canadien en 1970.

On ne connaît évidemment pas encore l’identité du joueur ciblé par l’Avalanche au quatrième rang. Mais déjà, Joe Sakic peut crier mission accomplie, devant les succès de son club à court terme et déjà en banque Samuel Girard, l’espoir Shane Bowers et des choix de deuxième et troisième rondes pour Duchene.

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