Après avoir été invité à aller s'asseoir dans les hauteurs des arénas lors des trois derniers matchs, Matthew Peca n'avait pas besoin qu'on lui dise quoi faire, hier soir.

«Je savais que je devais revenir dans la formation et me servir de ma vitesse, a admis le jeune attaquant après le match. C'est comme ça que je dois jouer: être combatif sur la rondelle, couper rapidement l'espace de jeu des adversaires, être en contrôle de la rondelle. Ce n'est pas facile de jouer de cette façon tout le temps, mais c'est ce qu'il faut faire.»

Ce n'est pas clair si Peca parlait uniquement de lui ou de toute l'équipe en prononçant cette dernière phrase, mais on comprend l'idée: l'attaquant au numéro 63 ainsi que le reste de l'équipe n'ont pas le talent d'un club de premier plan, alors pour espérer des victoires, ça prend de l'acharnement et du hockey au pic et à la pelle. Ça prend aussi les bottes de travail et les boîtes à lunch, pour filer la métaphore.

Et ça prend de la vitesse, beaucoup de vitesse.

«C'est tout à fait nous, a ajouté Peca. Nous sommes une équipe rapide qui doit provoquer des choses. C'est comme ça qu'on doit jouer.»

Ce n'est pas pour rien que cette victoire-là, 6-4 au Centre Bell hier soir contre les méchants Hurricanes de la Caroline (méchants parce qu'ils ont insisté et obtenu la permission du Canadien pour arriver ici en rouge, ces effrontés), représente bien le Canadien de 2018-2019, avec ses qualités et ses défauts. Les qualités, avec cette capacité de rivaliser en attaque avec (presque) n'importe qui, les défauts, avec cette mauvaise habitude de donner la rondelle trop souvent et d'accorder trop de buts.

Pas pour rien que dans la victoire, Claude Julien n'avait pas un air de coach satisfait hier soir. Pour cet érudit du jeu défensif, ce 6-4 était avant tout une belle occasion d'avoir le triomphe modeste.

Et cela nous mène au premier duo défensif, celui de Shea Weber et de Brett Kulak.

Bien sûr, Weber a un peu racheté sa soirée avec une très belle passe sur le but gagnant, celui d'Andrew Shaw en troisième période, mais on va se le dire : le capitaine est assez ordinaire, depuis deux matchs. Ce n'est pas bon, ça, et ce qui est encore moins bon, c'est que le partenaire à sa gauche commence à montrer des signes d'essoufflement, ce qui était éminemment prévisible, si on veut être honnête.

Non, Kulak n'allait pas rester à cette place pendant toute l'année, mais il faudra bien un jour que la direction montréalaise mette fin à ce jeu de chaises musicales. C'est pourquoi la rumeur impliquant Charlie Coyle et le Canadien plus tôt cette semaine est à classer dans la catégorie des pertes de temps. Ce n'est pas d'un attaquant comme Coyle que le Canadien a besoin, c'est plutôt d'un défenseur solide, rapide et digne de confiance pour patiner à la gauche de Weber. Ce défenseur-là n'existe nulle part dans l'organisation, sinon il serait déjà ici.

On peut donc comprendre Claude Julien de ne pas sauter au plafond après un match comme celui d'hier soir. Une victoire est une victoire, bien sûr, et personne ne va jamais cracher sur les deux points qui viennent avec. Mais l'entraîneur du Canadien en a vu d'autres, et il sait très bien que les moments les plus difficiles de la saison se pointent lentement à l'horizon.

Il sait surtout que son club aura tôt ou tard besoin d'aide. On peut présumer que son directeur général le sait aussi.

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En hausse: Jeff Petry

Deux buts pour le défenseur, qui a de plus obtenu sept tirs au filet, un sommet chez le Canadien.

En baisse: Brett Kulak

Il est en train de perdre sa place aux côtés de Shea Weber. Question: qui sera le prochain à cette position?

Le chiffre: 40

Le nombre de tirs du CH. C'est la 11e fois cette saison que le Canadien atteint la barre des 40 tirs dans un match.