On a demandé à Maxime Lajoie, du haut de ses 20 ans, vers qui il se tournait dans le vestiaire pour obtenir des conseils au quotidien. Il a mentionné ses entraîneurs, bien sûr, puis «Thomas Chabot et Cody Ceci».

Thomas Chabot et Cody Ceci? Le premier a 21 ans et 92 matchs derrière la cravate. Le deuxième est là depuis plus longtemps, c'est vrai, mais on oublie qu'il célébrera dans trois semaines... ses 25 ans seulement. Pas exactement la définition de l'ultime vétéran.

Sans le savoir, Lajoie ne pouvait donner meilleure réponse pour illustrer le propos du jour: les Sénateurs d'Ottawa ont la plus jeune brigade défensive de la LNH. Cette jeunesse vient avec ses avantages, nombreux, mais aussi avec ses inconvénients, tout aussi nombreux.

Les avantages: une équipe énergique, motivée, soudée par l'âge et les épreuves, et qui joue avec une certaine insouciance. «C'est solide entre nous, confirme Thomas Chabot, premier chez les défenseurs de la LNH avec 31 points. On repartait tous de la case départ en début de saison. Dans la chambre, on a juste des bons gars qui s'entendent bien. Des gars qui aiment passer du temps ensemble.»

Les inconvénients, maintenant: les Sénateurs sont en voie de dépasser les 330 buts accordés en une saison, rejoignant du coup des cancres historiques comme les Sharks, les Nordiques ou les Sénateurs du début des années 90. À une époque, en plus, où les gardiens de but portaient des cure-dents en guise de jambières.

«Il nous manque de maturité et de patience sur la glace, illustre l'autre "vieux" Cody Ceci. Des fois, on veut trop, on veut aller chercher un but trop vite tandis qu'on devrait être patients et attendre que l'occasion se présente.»

Aucun superordinateur n'a été utilisé, c'est plutôt l'effort d'une journaliste avec un crayon et une calculatrice, alors il y aura peut-être des erreurs ici et là. Mais l'âge moyen des six défenseurs les plus utilisés des Sénateurs est de 23,5 ans. Chabot a 21 ans, Lajoie, 20 ans, Christian Jaros, 22 ans, et ainsi de suite. C'est en moyenne une année complète de moins que les Sabres de Buffalo, qui comptent pourtant dans leurs rangs le plus jeune défenseur de la LNH en Rasmus Dahlin. Les Ducks d'Anaheim, les Flyers de Philadelphie et les Blue Jackets de Columbus sont les seuls autres sous les 25 ans en moyenne. C'est tout dire.

L'entraîneur des Sénateurs Guy Boucher et son équipe se retrouvent donc à gérer une situation où ils doivent gagner des matchs tout de suite, mais aussi penser à l'avenir.

«À certains moments, tout est correct, mais quand ces jeunes-là sont soumis aux meilleurs joueurs adverses constamment, c'est une question de temps, a expliqué Boucher. Peu importe leur talent. Tu regardes Thomas Chabot, il connaît un début fulgurant. Mais c'est normal contre les meilleurs joueurs qu'il ne soit pas encore là. Il faut les protéger, ce ne sont pas des surhommes. C'est un processus normal. [Chabot], tu peux lui en donner, mais tu dois le faire respirer aussi. C'est encore plus dur sur la route. Pas juste Chabot, il y a Lajoie, Jaros aussi, même Harpur. On veut respecter le développement. On veut gagner des matchs, mais reconnaître qu'il y a des moments difficiles.»

Du pain sur la planche

Ces moments difficiles se faisaient un peu plus rares récemment. Avant la défaite de mardi, 5-2 face au Canadien, les Sénateurs avaient aligné trois victoires, dont une fort émotive contre les Sharks et l'ancien leader de l'équipe Erik Karlsson.

Mais face au Canadien, les jeunes ont multiplié les revirements ou se sont fait prendre à contrepied, puis les vétérans ont tenté d'en faire trop. Résultat? «On a commencé à courir partout», a illustré, avec justesse, Guy Boucher. C'est le prix de l'impétuosité qui accompagne la jeunesse.

C'est à Marc Crawford de renverser cette tendance lourde. L'homme de 57 ans a énormément de vécu - 15 saisons comme entraîneur-chef dans la LNH, 4 en Suisse, 3 autres comme entraîneur associé à Ottawa. Il a tout de même dû ajuster son style devant des défenseurs qui n'étaient pas nés, ou à peine, quand il a gagné sa Coupe Stanley en 1996.

«Nous l'adorons, a confié Ceci. Il peut être de la vieille école et nous crier après, mais il a vraiment évolué. C'est une nouvelle génération de joueurs. Les jeunes ne sont pas habitués à se faire crier après et à se faire remettre à leur place. Il avait cette réputation et il a vraiment changé.»

«On a besoin de plus de patience, a ajouté Boucher. Tu demandes les mêmes choses aux joueurs, mais tu t'attends à moins de constance. À un moment, tu pourrais être plus dur envers eux, mais à la place, tu l'es moins. Il y a beaucoup de répétitions à faire. Tout le monde se développe très vite, mais on suit le cours. C'est un processus normal.»

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Lajoie peut-être

Maxime Lajoie a raté les deux derniers matchs en raison d'une blessure au poignet droit. Le sympathique défenseur a admis qu'il pourrait peut-être être de retour dans la formation ce soir face au Canadien. «On va voir comment je me sens jeudi matin. Ça s'améliore chaque jour.» Lajoie a beaucoup ralenti après un début de saison fascinant de sept points en six matchs. Il n'a obtenu que 5 points à ses 20 derniers matchs et se retrouve aujourd'hui avec un différentiel de -10. C'est le métier qui entre.

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Pageau motivé

Jean-Gabriel Pageau revient de loin. Il s'est déchiré le tendon d'Achille de la jambe droite durant la journée de tests physiques, avant même le début officiel du camp des Sénateurs. Il a dû être opéré le 13 septembre dernier, et on parlait alors d'une absence de six mois. Pourtant, Pageau a recommencé à patiner il y a deux semaines. Il peut même participer à quelques exercices avec ses coéquipiers, bien qu'il ne puisse recevoir de contact. «Je vois enfin la lumière au bout du tunnel. J'approche de la dernière étape. C'était long, la rééducation, les traitements jour après jour. Je pense que j'ai pris deux journées de congé dans tout le processus. Je veux revenir le plus vite possible, mais il faut être intelligent aussi. Je veux revenir à 100%.» Pageau reconnaît que la première semaine a été la plus difficile mentalement, surtout qu'il semblait promis à plus un grand rôle avec une jeune équipe. «Après, mes proches ont été positifs avec moi, mes coéquipiers aussi, je ne me suis jamais senti exclu de l'équipe. Ça m'a beaucoup aidé dans le processus.» Guy Boucher ne s'attend toutefois pas à le revoir en uniforme avant la mi-janvier.