On disait plus tôt cette saison que le Canadien avait les défauts de ses qualités, par exemple quand cette équipe composée principalement de petits patineurs rapides manquait d'air contre des formations plus costaudes.

Cette expression s'applique aussi à merveille à Max Domi. Sa qualité: une énergie et une intensité débordantes, cette capacité de jouer sur la limite. Ses défauts: un trop-plein de combativité, une tendance à justement dépasser cette limite. Cette indiscipline lui avait fait, rappelons-le, rater le calendrier préparatoire en raison d'une suspension.

Hier, cette capacité qu'a Domi de canaliser son énergie à la limite sautait aux yeux. Le Canadien l'a emporté facilement 5-2 sur les Sénateurs d'Ottawa, et c'est lui qui accordait l'entrevue sur la patinoire à Marc Denis, en vertu de sa performance de trois points.

Pourtant, s'il était tombé sur un arbitre zélé, il aurait très bien pu ne pas se rendre à la fin du match, tant son geste sur Drake Batherson rappelait ce qu'il avait fait à Aaron Ekblad au camp: laisser tomber les gants contre un adversaire qui garde les siens.

Mais même dans le vestiaire des Sénateurs, on s'est incliné devant le caractère de Domi, plutôt que de l'accuser.

«Il s'est porté à la défense de son coéquipier, qui s'est fait accrocher dans une bataille pour la rondelle, il a jugé qu'il devait le défendre. C'est parfait, c'est beau à voir, nous aussi, nous le faisons. Ryan Dzingel l'a fait en troisième période, ça montre une belle camaraderie. Domi est un bon joueur, il nous a fait payer [hier] soir», a résumé le gardien Craig Anderson.

«On a des gars qui se tiennent ensemble et ça devient automatique, a fait valoir l'entraîneur-chef Claude Julien. Derrière le banc, je n'ai pas un crochet assez long pour dire: toi vas-y, pas toi. On laisse les choses aller et on apprécie le bon côté d'un coéquipier qui en défend un autre. Tu ne veux pas voir un gars comme Domi se blesser ou se faire suspendre, mais [hier] soir, il a fait ce qu'il avait à faire.»

Un surnom qui restera

Avec sa double mineure et ses deux buts hier, Domi a repris seul le premier rang de deux colonnes de statistiques chez le Canadien: les minutes de pénalité (31) et les buts (13).

Ce qui nous mène à notre deuxième point. La robustesse de Domi, on la connaissait. La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre, et il suffit d'avoir vu le paternel jouer pour le comprendre.

On savait aussi Max Domi nettement plus talentueux offensivement que Tie Domi, mais on ne le soupçonnait pas d'être un si habile marqueur. À ses quatre saisons dans les rangs juniors, il a toujours obtenu plus de passes que de buts. À sa dernière année à London: 32 buts, 70 passes. Sa fiche en trois ans en Arizona: 36 buts, 99 passes.

Or, voilà qu'il ne lui manque que cinq buts pour égaler son sommet personnel dans la LNH, avec 54 matchs à jouer à la saison! Et ses buts hier étaient ceux d'un vrai bon tireur.

«On est les deux dans le même bateau. On va laisser passer des tirs et regarder pour la passe de plus. On en a parlé, on est capables de marquer, les deux. On a de bons tirs, il faut s'en servir quand c'est le temps. Des fois, c'est plus facile de tirer que de chercher le jeu parfait», a rappelé Jonathan Drouin, qui a préparé les deux buts du numéro 13.

Curieusement, cette performance survient le soir où un surnom qu'on ne lui connaissait pas a été dévoilé au grand jour. Ses coéquipiers le surnomment souvent Domer lorsqu'ils parlent de lui en entrevue (un classique des surnoms de joueurs. Ajoutez «er» à la fin du nom, et le tour est joué).

Hier, les joueurs du Tricolore portaient exceptionnellement leur surnom dans le dos, et sur le chandail de Domi, on lisait «Shootsy». On apprendra par la suite que c'était une blague avec Jason Demers, quand les deux jouaient avec les Coyotes de l'Arizona. Demers a ensuite joué avec Jordie Benn à Dallas, Demers a appris à Benn l'existence du surnom, et les deux se taquinent avec ça.

Voilà que Domi produit à un rythme qui lui permet d'espérer une saison de 35 buts. S'il maintient le cap, on a comme l'impression que «Shootsy» lui collera à la peau.

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En hausse: Paul Byron

Il n'a pas volé sa promotion au sein du trio de Max Domi. A fait plusieurs bons petits jeux en début de match.

En baisse: Phillip Danault

Parce qu'il fallait trouver un joueur pour cette rubrique ! Une soirée difficile aux mises au jeu. Toujours aussi fiable au centre de son trio, cela dit. C'est d'ailleurs pourquoi Claude Julien n'a toujours pas touché à cette unité après 28 matchs.

Le chiffre du match: 24

Jesperi Kotkaniemi avait écopé de trois pénalités à ses trois premiers matchs de la saison. Hier, il a été chassé pour la première fois depuis. Il a donc disputé 24 matchs de suite sans être puni. Une belle adaptation à l'arbitrage nord-américain.