Quand le Canadien a acquis David Schlemko en juin 2017, c'était pour le faire jouer là où il a joué mardi soir au Centre Bell, à la gauche de Shea Weber. C'était le plan de départ, pensé par la direction du club.

Mais il se peut que le plan de départ soit déchiré en petits morceaux sous peu.

Ainsi, à la suite de la défaite de 2-1 du Canadien face aux Hurricanes de la Caroline mardi soir, Schlemko lui-même a estimé avoir joué l'un de ses meilleurs matchs de la saison. L'ennui pour lui, c'est que ce constat est en contraste avec celui de Claude Julien, moins enthousiaste; entre autres, l'entraîneur-chef a affirmé que son défenseur n'était «pas le joueur parfait» pour aller patiner à la gauche de Shea Weber.

Ce gouffre entre les deux points de vue illustre bien le mystère que représente David Schlemko dans le camp montréalais.

Acquis des Golden Knights de Vegas en retour d'un choix de cinquième ronde au repêchage de 2019, joueur sous contrat jusqu'en 2020, il faisait l'objet de grands espoirs de la part de la direction montréalaise, qui estimait avoir mis la main sur un défenseur qui allait se transformer dans un nouvel environnement.

Mais la transformation a tardé. Souvent blessé, le vétéran n'a pris part qu'à 37 matchs la saison dernière et la rencontre de mardi soir était seulement sa neuvième de la saison. Rien pour lui permettre de se prouver ou de retrouver ses repères avec aisance, bien qu'il en ait profité pour envoyer quatre rondelles au filet, son plus haut total de tirs cette saison.

Le défenseur de 31 ans admet d'ailleurs que le temps passé à l'écart des autres n'aide en rien quand vient le temps de retourner sur la glace, lui qui a connu bien des ennuis au moment de revenir au jeu cette saison, le 10 novembre.

«Ce n'est pas que j'étais hésitant, mais... quand tu reviens au jeu comme ça après une longue absence, tu ne veux pas te mettre dans le pétrin, a-t-il reconnu mardi soir. Tu ne veux pas commettre des revirements ou te faire prendre à bout de souffle sur la glace lors d'une présence un peu trop longue. Mais depuis peu, je dirais que je retrouve mon rythme.»

«Je crois jouer de mieux en mieux et je me sens plus à l'aise aussi. Je me sens à l'aise de conserver la rondelle et de faire des jeux, au lieu de garder ça simple comme je le faisais lors de mes premiers matchs à mon retour au jeu.»

C'est peut-être une réputation de défenseur fiable qui a poussé la direction du Canadien à envisager un duo Schlemko-Weber depuis l'été 2017, mais après les commentaires plutôt tièdes de Claude Julien mardi soir, il faut maintenant se demander si cette combinaison va durer encore longtemps. Après tout, le joueur au numéro 21 n'a pas souvent eu l'habitude des soirées chargées lors de sa carrière.

Par exemple, lors de la saison 2016-2017, les Sharks de San Jose lui offraient en moyenne 16 minutes et 45 secondes de temps de jeu chaque soir. En guise de comparaison, Schlemko a atteint un sommet cette saison de 22 minutes et 39 secondes de jeu le 19 novembre, lors de la visite des Capitals de Washington.

Le Canadien vit actuellement ses jours les plus sombres de 2018-2019 avec cinq défaites de suite et il n'est pas exagéré de croire que la direction, galvanisée par le bon départ du club en octobre, a revu ses attentes à la hausse.

Il n'est peut-être pas exagéré non plus de croire que la patience n'est plus de mise dans ce nouveau contexte. Mais peu importe, David Schlemko espère pouvoir jouer un rôle important.

«Je veux être en mesure d'apporter quelque chose à l'équipe dans tous les aspects du jeu, a-t-il ajouté. Je veux être digne de confiance, pouvoir jouer en désavantage numérique. Mais il faut aussi savoir relancer l'attaque parce que nous avons beaucoup de rapidité dans cette équipe. Nous avons des attaquants de talent qui peuvent aller récupérer la rondelle si on leur en donne la chance.»

Il reste à voir si Schlemko, lui, aura la chance de patiner sur le premier duo défensif pendant encore bien longtemps. Dans cette ligue, et surtout avec cette équipe, les choses peuvent changer rapidement.