Peut-être qu'on s'égare un peu ces temps-ci sur la direction que le Canadien doit prendre, ou prend en ce moment. Peut-être que l'excitant début de saison, le nouveau style de jeu, les nouveaux venus ont changé la perception de l'équipe. À tort, peut-être, encore.

Avec cette victoire hier par la marque de 2-1, les Hurricanes de la Caroline ont sorti le Canadien de Montréal du portrait des séries. C'est vrai, après 25 matchs seulement, c'est loin d'être terminé, vous direz. Mais la situation actuelle, avec cinq défaites de suite, les difficultés offensives et l'avantage numérique qui en arrache, doit tout remettre en perspective.

Le Canadien devait vivre, de l'avis général, une année de transition. Le Canadien a déjoué la plupart des pronostics, soit. Mais le Canadien ne doit surtout pas changer sa philosophie du début de saison: l'effort, la vitesse, l'échec avant, les matchs serrés, la jeunesse. Une équipe qui ne gagnera pas tous ses matchs, mais qui donnera toujours un bon spectacle et qui sera résolument tournée vers l'avenir.

C'est ce qui rendait le retour de Shea Weber encore plus important, hier. Le défenseur format géant n'avait pas joué depuis un an moins des poussières. On voyait bien la rouille par moments. Mais son rôle au sein de l'équipe, et pour l'avenir de celle-ci, est primordial. C'est en ce sens que sa présence fait une vraie différence.

Weber a été chaleureusement accueilli dès qu'il a touché la glace. Il a immédiatement freiné l'élan de Jordan Martinook. Quelques secondes plus tard, première mise en échec dans le coin, premier coup de bâton, premier tir. Il a raté le filet quelques fois, puis a fini par retrouver sa précision, sa force. Premier avantage numérique, premier désavantage numérique. Weber à toutes les sauces, comme dans le bon vieux temps.

Il a passé 25 min 19 s sur la glace, a dirigé 13 rondelles au filet. Il a obtenu une aide, quand Artturi Lehkonen a redirigé son tir partiellement dévié vers Phillip Danault, qui a marqué. Il s'est parfois compromis, mais n'a rien exagéré en attaque. Son positionnement défensif était toujours à point. Il n'a rien fait de mal, il n'a rien fait de flamboyant non plus. Un retour réussi, à la Weber, avec quelques boulets de la ligne bleue en prime.

«Il aurait dû être [sur la glace] autour de 23 minutes, a dit Claude Julien, en ajoutant que Weber avait joué toute la fin du match pour tenter d'aller chercher un autre but. Il a bien géré son temps, il n'a pas été pris avec des présences trop longues. On a eu de bonnes minutes avec lui [hier] soir. Il n'avait pas l'air d'un gars dépassé par la vitesse du jeu ou épuisé. À son premier match en un an complet, tu vois qu'il a de la rouille, mais ce sont des choses qui vont s'améliorer.»

L'effet Weber

Danault a bien expliqué l'apport concret du capitaine.

«Il est très fort physiquement, il a un bon tir. Il faut lui laisser le temps, ce n'est pas facile de revenir après un an. Si tu as la chance d'aller en deux contre deux, tu ne vas pas du côté de Weber. Il prend tellement de place sur la glace. Ce n'est pas un joueur que tu aimes affronter.»

Il y a le leadership aussi. Hier, c'est d'ailleurs Danault qui a marqué. Il ne l'avait pas fait depuis le 20 octobre dernier. Danault est de ceux à qui Claude Julien avait demandé au début de la saison une meilleure contribution offensive. Elle tarde à venir, mais ce n'est pas faute d'efforts. Parce qu'il y en a souvent, des efforts, et hier encore.

Nicolas Deslauriers a raté un filet ouvert en deuxième période, Jonathan Drouin en troisième période. Sur cette dernière séquence, Trevor Van Riemsdyk a profité d'une chance inouïe en bloquant la rondelle sur la ligne, bien malgré lui. Max Domi a frappé le poteau dans les dernières secondes. Le gardien des Hurricanes Curtis McElhinney a fait le reste dans une soirée de 49 tirs pour le Canadien.

Bref, il y a eu du bon dans tout ça. Il y a eu du mauvais aussi. 

Ni Claude Julien ni Shea Weber n'ont été dithyrambiques au sujet du duo Weber-Schlemko. Weber a parlé d'erreurs de communication et Julien a dit qu'il fallait à Weber un partenaire habile dans le mouvement de rondelle. «On comprend que nous n'avons pas le joueur parfait là.»

La quête pour le partenaire de Weber n'est donc pas terminée. Les problèmes en avantage numérique ne sont pas réglés. Claude Julien a mis au défi son troisième trio, avec Lehkonen, Charles Hudon et Jesperi Kotkaniemi, de lui en donner plus en attendant le retour des Paul Byron et Joel Armia.

Il y a des dossiers qui s'empilent sur le bureau, mais qui ne doivent pas aveugler la direction du Canadien. On doit continuer à penser à l'avenir. Et c'est ironiquement l'un des plus vieux joueurs de l'équipe qui aura l'un des plus grands rôles dans tout ça.

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En hausse: David Schlemko

Il nous avait habitués à si peu. Hier, avec Shea Weber à ses côtés, il a réalisé quelques beaux jeux défensifs et a même aidé à l'attaque. Bref, une bonne journée.

En baisse: Victor Mete

Plusieurs bagarres perdues, dont celles qui ont mené aux deux buts des Hurricanes. Au moins, il a connu quelques moments intéressants à l'attaque, notamment une spectaculaire récupération de rondelle en plongeant en troisième période.

Le chiffre du match: 25 min 19 s

Le temps de jeu de Shea Weber pour son retour au jeu.