Erik Karlsson a averti le petit groupe de journalistes qui l'attendaient près de son casier que le seul sujet dont ils voulaient vraiment lui parler - son retour imminent à Ottawa en tant que membre des Sharks de San Jose plus tard cette semaine - est tabou pour l'instant.

«Quand je serai là-bas, j'en parlerai, a répliqué poliment l'ancien défenseur des Sénateurs. Je n'en parlerai pas maintenant.»

Mais invité gentiment à envisager l'accueil bruyant qu'il devrait sans aucun doute recevoir samedi après-midi dans la capitale nationale, Karlsson s'est finalement brièvement exprimé.

«Revenir à Ottawa sera spécial, a avoué le joueur de 28 ans à la suite d'une séance d'entraînement au KeyBank Center de Buffalo, lundi. Ça va être différent et bizarre.

«Nous verrons le genre d'émotions qu'il y aura le jour venu.»

Il va sûrement y en avoir beaucoup.

Échangé aux Sharks au début du camp d'entraînement dans le cadre d'un mégatransfert impliquant huit joueurs qui mettait fin à des spéculations de plusieurs mois quant à l'avenir du double vainqueur du trophée Norris, Karlsson a été un favori des partisans de l'équipe pendant la majeure partie d'une décennie.

«Cela a été une grosse adaptation, a-t-il dit à propos de son déménagement dans le nord de la Californie. Cela demande du temps, et ça m'en demande encore. Je reçois toute l'aide possible.

«Il faut aller de l'avant. Je ne suis pas le genre de gars à vivre dans le passé et à me demander "si" ?»

On peut probablement en dire autant d'un grand nombre de partisans des Sénateurs.

Le 15e choix au repêchage de 2008 est passé du statut de frêle adolescent méconnu à celui de grande vedette à Ottawa, totalisant 126 buts et 392 passes pour 518 points en 627 matchs de saison régulière.

Karlsson a ajouté 37 points en 48 matchs éliminatoires, dont 18 alors qu'il souffrait d'une blessure au pied et à la cheville - qui a finalement nécessité une opération - lors du parcours magique des Sénateurs jusqu'en finale de l'Association Est en 2017. L'aventure s'est conclue par une défaite déchirante contre les Penguins de Pittsburgh.

«Karlsson était profondément attaché à cette communauté et à cette équipe, a avancé l'entraîneur-chef des Sharks, Peter DeBoer. Il a vraiment eu l'impression pendant un bon moment qu'il allait y passer toute sa carrière.»

Mais les choses se sont rapidement détériorées sur la patinoire et à l'extérieur.

En décembre dernier, le propriétaire des Sénateurs, Eugene Melnyk, avait menacé de déménager l'équipe si la vente des billets ne s'améliorait pas. Puis les rumeurs entourant l'avenir de Karlsson se sont intensifiées à l'approche de la date limite des transferts en février alors que le club s'effondrait au classement.

Le capitaine des Sénateurs est finalement resté, mais la tragédie a frappé en mars quand Karlsson et son épouse Melinda ont annoncé que leur premier enfant, un fils qu'ils ont appelé Axel, était mort-né.

Après la fin de la misérable saison du club, l'épouse de Karlsson a accusé la fiancée de son coéquipier d'alors, Mike Hoffman, de cyberintimidation. Hoffman a ensuite été échangé.

La direction a toujours prétendu qu'elle offrirait un nouveau contrat à Karlsson le 1er juillet - il était et est toujours sur le point de devenir un joueur autonome sans compensation l'été prochain - mais elle a révélé après avoir échangé le Suédois que la décision d'amorcer une reconstruction avait été prise en février.

Si les jeunes Sénateurs ont créé à l'occasion une agréable surprise cette saison grâce à une approche excitante axée sur l'offensive, les histoires négatives ont persisté dans l'entourage de l'équipe depuis le départ de Karlsson.

Par exemple, un groupe de joueurs a été filmé à leur insu à bord d'une voiture Uber pendant qu'ils critiquaient un entraîneur-adjoint, tandis que Melnyk a annoncé la semaine dernière qu'il poursuivait son partenaire dans le cadre d'une entente de développement visant à construire un nouvel aréna au centre-ville.

Karlsson n'a pas élaboré davantage, lundi, quand il a parlé de son ancienne équipe ou de ce qui pourrait lui arriver plus tard cette semaine, mais il était très émotif au moment de quitter Ottawa immédiatement après son transfert. Ça ne devrait pas être différent à son retour dans l'uniforme des Sharks.