C'était il y a 345 jours. La dernière fois que Shea Weber a porté l'uniforme du Canadien dans un match. Weber dirait qu'il a changé d'équipe qu'il n'aurait pas vraiment tort.

De ce groupe qui affrontait les Sénateurs d'Ottawa en plein air, il reste les deux tiers des joueurs, la moitié des entraîneurs.

Weber, maintenant capitaine, faisait alors partie des assistants. Celui qui portait le «C», Max Pacioretty, est parti à Vegas. Daniel Carr est avec lui. Un autre assistant d'alors, Tomas Plekanec, joue en République tchèque.

Alex Galchenyuk était le troisième marqueur de l'équipe. Le voici en Arizona.

Au moment d'écrire ces lignes, Karl Alzner était au ballottage. S'il n'est pas réclamé, il deviendra membre du Rocket de Laval, et coéquipier de Byron Froese, qui pilotait le quatrième trio du CH par cette soirée polaire à Ottawa.

Derrière le banc, Dan Lacroix et Jean-Jacques Daigneault enduraient ledit froid. Ils ont depuis été remplacés par Dominique Ducharme et Luke Richardson.

Le Canadien perdait 1-0 tard en troisième période, quand Jonathan Drouin s'est bêtement fait enlever la rondelle dans son territoire par Bobby Ryan, qui a marqué le but d'assurance. Drouin a peut-être fait jaser pour sa pénalité samedi, mais il demeure un joueur nettement plus utile à cette équipe qu'il ne l'était il y a un an. Un joueur différent, et pas seulement en raison de sa chevelure qui lui donne des airs de votre cousin Sylvain en 1991.

Ce soir-là, le Canadien avait subi une de ses défaites les plus gênantes d'une saison qui n'en a pas manqué. Ce revers portait la fiche de l'équipe à 14-15-4. Le CH d'aujourd'hui sautera sur la patinoire avec un dossier de 11-8-5, qui lui permet d'être encore dans la lutte pour une place en séries. Et il le fera dans une atmosphère qui semble, du moins de l'extérieur, nettement plus saine, débarrassée des distractions de l'an dernier.

«C'est un vestiaire bien différent, a reconnu Shea Weber, hier matin. Je n'ai pas encore connu ce vestiaire en situation de match, mais de ce que je vois en étant autour de l'équipe, on a un bon groupe de joueurs qui veut que l'on connaisse tous du succès.»

Un nouveau partenaire?

La cause semble déjà entendue aux yeux de plusieurs: Weber fera du Tricolore une meilleure équipe. «Il aidera l'équipe en partant», a encore dit Claude Julien hier.

Il reste tout de même des interrogations. Sa vitesse en est évidemment une. Le jeu semble continuellement s'accélérer dans la LNH. La vitesse n'a jamais été la qualité première de Weber, et ce n'est pas le genre d'attribut qui s'améliore à 33 ans. Par contre, Zdeno Chara et Andrei Markov sont deux exemples de défenseurs qui sont demeurés dominants malgré un déficit de vitesse.

On verra aussi Weber à l'oeuvre dans le nouveau système du Canadien pour la toute première fois. Ce système n'exige pas des défenseurs qu'ils transportent la rondelle en sortie de zone, mais plutôt qu'ils distribuent rapidement une bonne première passe, idéalement vers le centre. Là aussi, on voit bien Weber s'adapter.

«Notre équipe est pas mal rapide», a reconnu le numéro 6, interrogé sur la vitesse du jeu.

Et si on se fie à ce qu'on a vu hier à l'entraînement, Weber devra assimiler une autre nouveauté : son partenaire. Il s'exerçait avec David Schlemko. Or, les deux arrières se sont à peine croisés l'an dernier, leurs blessures se chevauchant. Ils n'ont disputé que six matchs ensemble, jamais au sein du même duo.

Weber n'a pas fait de cas de l'identité de son partenaire. 

«J'ai vu ça il y a un an, tout le monde jouait avec tout le monde, on doit s'ajuster et être prêt à jouer avec n'importe qui. On a eu un bon entraînement [hier], et on verra [aujourd'hui].»

Weber a peut-être minimisé la chose, mais pas Schlemko! Ce jumelage, c'est une belle occasion?

«Oui, à 100%. C'est une chance d'avoir plus de responsabilités. Tous les joueurs dans ce vestiaire vont dire oui s'ils ont la chance de jouer plus de minutes», a répondu Schlemko.

On peut le comprendre. Son séjour à Montréal a jusqu'ici été à l'image de sa carrière : marqué par les blessures. Limité à 37 matchs la saison dernière, Schlemko disputera ce soir son neuvième duel de la saison, et a paru couci-couça jusqu'ici.

La pression sera forte sur lui, car à entendre parler Julien hier, Victor Mete semble aussi être dans les plans. «Nous voulions un défenseur avec de l'expérience et qui reste calme avec la rondelle. Si ça ne fonctionne pas, il y a d'autres plans. Mete a bien joué avec Weber l'an dernier», a lancé l'entraîneur-chef, sans que Mete ne soit mentionné dans la question.

Weber, rappelons-le, était le partenaire de Mete en début de saison dernière, quand le jeune homme qui avait alors 19 ans faisait ses premiers pas dans la LNH. Mete connaît un début de saison en montagnes russes, mais a livré samedi sa meilleure performance de la saison.

Moins de minutes pour Petry

On l'avait observé en fin de saison dernière: l'absence de Weber signifie beaucoup de minutes pour Jeff Petry. Mais c'est à se demander si la charge de travail devenait un peu lourde pour l'Américain.

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Fiche de Jeff Petry

> 13 premiers matchs: 1 but, 9 passes, 10 points, différentiel de +2, moyenne de 23 min 39 s

> 10 derniers matchs: 1 but, 6 passes, 7 points, différentiel de -6, moyenne de 26 min 17 s

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«Il n'y a aucun doute que le retour de Shea va aider Jeff, a admis Julien. Il nous a rendu de fiers services, il a joué beaucoup de minutes. Ça va réduire ses minutes, ça va aider sa game aussi.»

Weber prendra en outre la place de Petry au sein de la première unité de l'avantage numérique, selon ce qu'on a vu hier. Curieusement, cette unité ne cassait rien avec Weber l'an dernier, et avait livré de bien meilleurs résultats avec Petry. Mais le Tricolore occupe maintenant le 30e rang de la LNH en avantage numérique. Jesperi Kotkaniemi (une autre nouveauté que Weber devra assimiler) s'est joint à l'unité récemment. On verra si l'arrivée de Weber fournira l'étincelle nécessaire pour relancer les choses.