En théorie, Shea Weber sera de retour mardi, contre les Hurricanes de la Caroline. Cela fera bientôt un an qu'il n'a pas joué un seul match. Un an sans ses mises en échec, un an sans le voir déblayer le devant du filet, un an sans son tir frappé, un an sans son leadership sur la glace.

Il a beaucoup manqué au Canadien, mais surprise, l'équipe n'a pas été larguée pour autant en son absence. Le Canadien n'a pas été largué non plus hier contre les Bruins de Boston, malgré la défaite de 3-2.

Quelques minutes après le match, la tension était encore vive. Rarement a-t-on vu au cours des dernières saisons une telle animosité entre ces deux équipes, qui se détestent pourtant depuis des générations. Personne n'est reparti du Centre Bell déçu du spectacle.

Jonathan Drouin n'avait pas envie d'être dans le vestiaire, mais il s'y est présenté quand même. C'était sec, intense, tout à fait dans le ton du match qu'il venait de connaître. Il savait fort bien que la défaite lui revenait, en partie du moins, en raison de sa pénalité de quatre minutes pour bâton élevé contre David Backes en fin de troisième période.

« Il s'en venait vers moi. Je ne voulais pas le frapper dans le visage. Point final. Je ne commenterai pas les pénalités et les arbitres ce soir. »

« Une punition à ce temps-là, tu ne veux pas ça », a reconnu Claude Julien.

« S'il a dit it's on him, il a raison. Un match comme ça, où on est revenus à 2-2, il faut vraiment être disciplinés. On ne peut pas continuer à faire ça si on veut gagner des matchs. »

Mais Julien a immédiatement reconnu l'apport de Drouin. Le Québécois avait lancé la remontée, d'abord en frappant durement Brad Marchand contre la bande, puis en déjouant tout ce qui bouge pour marquer le premier but du Canadien quelques minutes plus tard. Malgré son erreur, Jonathan Drouin a joué avec l'intensité nécessaire à ce moment-ci de la saison. Comme Brendan Gallagher, comme Tomas Tatar, comme plusieurs autres.

Comme Charles Hudon aussi, qui s'est jeté partout avec 13 mises en échec. Pour vous donner une idée, c'est un sommet dans la LNH cette saison, et un record d'équipe pour le Canadien. Sa fougue lui a valu quelques chances de marquer. Hudon ne veut plus jamais être laissé de côté. Il ne veut plus être une arrière-pensée quand Claude Julien prépare son plan de match.

« Ce n'est pas vraiment mon style, mais quand il faut donner une mise en échec, il faut la donner, a dit Hudon, encore à vif dans le vestiaire. J'ai eu une bonne conversation avec Claude avant le match à Buffalo quand je ne jouais pas. On s'est parlé pour savoir ce qui n'était pas comme l'an passé. L'an passé, j'avais le couteau entre les dents. Je voulais refaire ça. »

LE BON MOMENT

Le match d'hier doit son intensité à une accumulation de facteurs. Il y a les Bruins, évidemment, qui n'étaient pas en ville pour se faire des amis. Il y a aussi le contexte. Analysons un instant la gravité du moment pour le Canadien.

L'équipe a perdu ses quatre derniers matchs. Pire encore, le Canadien présente une fiche de 2-3-4 contre les équipes de sa division. Ce sont des points offerts en cadeau à ses rivaux directs.

Pourtant, le Canadien est encore en pleine lutte au classement. En plus, il amorçait hier une séquence de cinq matchs à domicile, étalés sur presque deux semaines. Ce qu'on pourrait qualifier de calendrier « facile ». Bref, le moment parfait pour installer un nouveau « momentum », et le match d'hier, malgré la défaite, l'a peut-être fait.

Ce qui nous ramène... à Shea Weber. Le Canadien ajoutera à sa formation d'ici quelques heures un véritable défenseur numéro un.

C'est la bouffée d'air dont le Canadien avait besoin après une fatigue bien visible. Et contre les Bruins, tout le monde y a mis du sien pour que le capitaine revienne dans un meilleur contexte.

Il reste l'éternelle question : qui jouera avec Weber mardi ? Avant le match, Claude Julien a refusé de parler d'audition pour le grand rôle, mais on peut en douter. Mike Reilly avait une longueur d'avance il n'y a pas si longtemps, mais ce n'est plus le cas depuis qu'il est confiné à la galerie de presse. On pourrait croire que c'est David Schlemko qui a maintenant l'avantage, mais le match d'hier (comme la plupart des autres d'ailleurs) n'a rien fait pour appuyer sa candidature.

Tout le contraire de Victor Mete. Le jeune défenseur a joué hier avec une liberté qu'on ne lui avait pas vue depuis le début de la saison, avant qu'il soit laissé de côté par l'entraîneur. Il a réussi ses jeux défensifs, tout en appuyant l'attaque. Au moins deux fois, il a fait croire à son premier but dans la LNH. Bref, Mete a rappelé à tout le monde qu'il existait encore.

« J'ai aimé Mete ce soir, a analysé Julien. Il a été le Mete qu'on connaît, à l'attaque, il patinait bien. On aime voir un jeune reprendre sa confiance comme ça. »

Le Canadien n'a pas gagné contre les Bruins, mais il faut voir au-delà de la défaite. Certains joueurs ont donné signe de vie dans un moment creux, et l'équipe au complet a mis la table pour le retour de son capitaine et leader.