Les plus optimistes vont regarder la fiche de 8-5-2 du Canadien et souligner, avec raison, qu'elle était inespérée il y a deux mois.

Ces mêmes éternels optimistes rappelleront qu'hier, dans la défaite de 5-3 contre les Rangers de New York, le Canadien a accordé plus de quatre buts pour la première fois cette saison. L'an passé, c'était déjà arrivé cinq fois à pareille date.

Mais faisons comme bien des entraîneurs et découpons le début de saison du Canadien en segments de cinq matchs. La pratique est courante dans la LNH, afin de briser l'impression que la saison constitue un marathon et ainsi donner des objectifs à court terme au groupe.

- Premier segment: fiche de 3-1-1, 13 buts accordés

- Deuxième segment: fiche de 3-1-1, 12 buts accordés

- Troisième segment: fiche de 2-3-0, 20 buts accordés

On souligne les buts accordés pour la simple et bonne raison que l'entraîneur-chef Claude Julien était irrité par cette facette du jeu ces derniers jours. Lundi, à Brooklyn, il l'avait mentionné lors de son point de presse matinal, avant d'y faire allusion dans son analyse de la victoire sur les Islanders.

D'ailleurs, les deux victoires du Canadien au cours du dernier segment de cinq matchs ont été remportées dans des rencontres à haut pointage: 6-4 contre les Capitals de Washington, 4-3 contre les Islanders de New York.

Des fuites partout

L'ennui pour Julien, c'est que les causes de ces problèmes défensifs sont multiples. Hier, il a invoqué les erreurs mentales.

«J'ai vu beaucoup d'erreurs mentales que normalement, on ne fait pas. Je ne peux pas dire que le jeu défensif n'était pas bon. On a accordé [cinq] buts, mais plusieurs de ces buts sont des erreurs mentales individuelles.»

Julien n'a pas voulu le montrer du doigt, mais on devine que Jonathan Drouin était au nombre des coupables. Un revirement en zone neutre sur le premier but, il se fait contourner sur le but gagnant, il évite une ligne de tir sur le but d'assurance.

Appelez ça des erreurs mentales ou de l'insouciance, le résultat est le même. Ces mauvaises séquences viennent porter ombrage à ce qui demeure un duo Drouin-Max Domi relativement dynamique.

On nomme Drouin, mais on pourrait aussi parler de Noah Juulsen, tout aussi inconstant. Ou du quatrième trio, piloté par Matthew Peca, qui a permis un surnombre après l'autre hier, sans générer grand-chose offensivement.

Drouin n'était pas disponible pour des entrevues hier, malgré les demandes de plusieurs médias. Carey Price, lui, l'était, et il a accepté sa part de responsabilité. «Je devais faire un meilleur jeu», estime-t-il sur le but gagnant de Bobby Orr, qui était pour l'occasion déguisé en Neal Pionk.

On se répète: Price demeure meilleur que l'an dernier. Il est capable de moments de grâce qu'on n'était plus habitués à voir, notamment à Boston il y a deux semaines, ou hier dans les 35 premières minutes du match. Mais quand la défense se met à être plus permissive, le gardien doit pouvoir sauver les meubles de temps à autre, particulièrement lorsque la franchise est bâtie autour de lui.

Et puis il y a l'indiscipline. Il n'y a pas d'autre mot pour décrire la pénalité de Tomas Tatar en deuxième période. Et comment une équipe peut-elle être punie deux fois en deux soirs pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire?

«C'est une question de concentration, a dit Julien. Les gars savent qui ils doivent prendre, mais souvent, on saute sur la glace et notre joueur n'est pas débarqué. Ça tombe sur les épaules de l'entraîneur, mais au bout du compte, le joueur est responsable de remplacer son joueur.»

En tout, ce sont six avantages numériques que le Tricolore a accordés aux New-Yorkais. Officiellement, c'est une fiche parfaite pour Montréal (six en six), mais les Rangers ont marqué dès la sortie de Danault du banc des pénalités. C'est sans oublier les effets néfastes sur le bon rythme que le CH a réussi à imposer en début de rencontre.

Les chantiers sont nombreux pour Julien, afin de s'assurer que le bon départ de son équipe ne soit pas gaspillé. Une partie de la solution était sur la patinoire hier midi. Shea Weber s'approche d'un retour, et même s'il prendra des semaines avant de retrouver son rythme, il donnera des options à Julien. Pour l'instant, avec Karl Alzner dans les gradins, l'entraîneur-chef ne possède pas le meilleur incitatif pour amener ses hommes à se dépasser.

Mais en attendant Weber, le Tricolore dispute 10 matchs dans les 20 prochains jours. Il y aura donc beaucoup de points en jeu et peu de temps d'entraînement. Les solutions devront venir de l'interne.

Prochain match: Sabres de Buffalo c. Canadien, demain soir (19h30) au Centre Bell

- - -

En hausse: Brendan Gallagher

Après un match plus difficile lundi à Brooklyn, Gallagher a rebondi hier soir. Il a obtenu deux aides, en plus d'avoir gagné la mise en jeu qui a mené au premier but de Tomas Tatar.

En baisse: Jonathan Drouin

Une fiche de -4 qui décrit bien le type de match qu'il a connu...

Le chiffre du match: 5

C'est le nombre de joueurs qu'une équipe peut envoyer sur la patinoire. On juge bon de le rappeler, car pour le deuxième match de suite, le Canadien s'est fait prendre avec six patineurs en fin de troisième période.