Il y a de ces réponses qui reviennent dans le vocabulaire de tout entraîneur. Le fameux « gros début de match ». L'indémodable « un jour à la fois ». Ou quand un match se déroule dans un contexte particulier, mais qu'il demeure « un match comme un autre ».

Pas question de blâmer ici les entraîneurs. À deux points de presse par jour de match, ça fait 164 points de presse dans une saison, en plus des jours d'entraînement et des séries. Normal que certaines phrases finissent par revenir ! Ce ne sont pas tous des tribuns comme Guy Boucher ou Jon Cooper.

Autre expression commode, la « compétition à l'interne ». C'est ainsi qu'un entraîneur peut justifier le retrait de la formation d'un vétéran. Selon ce principe, la compétition entre les membres d'une équipe, afin d'obtenir un meilleur rôle, amène chacun à se dépasser.

On regarde le Canadien cette saison et on a parfois l'impression que la compétition à l'interne est une réalité, et non pas une simple « ligne de communication ». Le plus récent exemple : Charles Hudon.

Depuis le début de la saison, Hudon était soit employé au sein du quatrième trio, soit dans les gradins. Mais jeudi, en l'absence de Paul Byron, c'est lui qui a été désigné pour patiner à la droite de Max Domi et Jonathan Drouin.

Il a répondu en connaissant sa meilleure sortie de la saison : quatre tirs, trois autres bloqués par des adversaires, des chances de marquer pour lui et ses compagnons de trio. Signe qu'il avait gagné la confiance de Claude Julien, le Québécois était sur la patinoire avec une trentaine de secondes à jouer et un pointage de 4-4. S'il avait joué au sein du quatrième trio, on vous confirme qu'il aurait alors été assis au banc.

Jamais il n'avait joué plus de 13 minutes dans un match cette saison. Jeudi, son temps d'utilisation s'est élevé à 17 minutes.

Hudon en riait encore, vendredi midi, après l'entraînement, affirmant semi-sérieusement qu'il ressentait encore les effets de la veille. « J'ai juste réalisé qu'il y avait un 1 devant le 7... Ça faisait changement ! Ça fait du bien. Je demande ça depuis longtemps, de jouer plus. »

« J'étais content de mon match, j'ai eu mes chances, je voulais profiter de mon occasion avec ces deux joueurs-là. Je dois continuer de cette façon. »

- Charles Hudon

Pour l'heure, on ignore si Byron reprendra son poste samedi soir, lors de la visite du Lightning de Tampa Bay. Le rapide attaquant a participé à l'entraînement optionnel de vendredi, ce qui laisse croire que la santé est revenue. S'il revient, reste à voir comment Julien gérera ses attaquants, et si Hudon retournera au sein du quatrième trio.

« Il a bien répondu, j'ai aimé son match et ça ne m'a pas surpris, a répondu l'entraîneur-chef, vendredi. Charles est capable de faire ça. On l'a vu l'an passé en début de saison. Son défi, c'est de le faire pendant toute l'année. L'an passé, il a connu beaucoup de difficultés en fin de saison et c'est normal pour un joueur de première année. »

LA ROTATION

Tomas Plekanec a sauté son tour lors des trois premiers matchs de la saison. Andrew Shaw, deux fois. Matthew Peca a été envoyé dans les gradins contre les Penguins. Hudon a été rayé de la formation trois fois.

En défense, Karl Alzner a été laissé de côté pour les cinq premiers matchs de la saison, puis pour un bloc de deux matchs. Ses capacités limitées ont fini par le rattraper, mais chaque fois, il a offert une bonne performance à son retour. Victor Mete a aussi raté deux matchs, dont un quand il était en parfaite santé.

Nicolas Deslauriers en connaît un bout sur ces rotations. En tant qu'ailier de quatrième trio, il n'est pas à l'abri de cette situation, même s'il a joué tous les matchs du CH depuis son retour au jeu, le 20 octobre à Ottawa.

« C'est sain pour l'équipe. On n'avait pas ce problème-là l'an passé, et c'est un bon problème à avoir. »

- Nicolas Deslauriers

« Les gars le savent : quand c'est à toi de sauter ton tour, ce n'est la faute de personne, c'est pour aider l'équipe. Je l'ai vécu à Buffalo quand l'équipe n'allait vraiment pas bien et que je ne jouais pas. Ce n'était pas aussi drôle. Là, c'est une autre vibe. Là, l'équipe va bien », analyse le numéro 20.

LE MYSTÈRE

Dans sa réponse, Deslauriers a cité des cas où la compétition à l'interne n'a pas donné les résultats escomptés. Le Canadien de 2017-2018 et les Sabres des dernières années ne jouaient pas avec le minimum de 12 attaquants et 6 défenseurs ! Eux aussi avaient des joueurs dans les gradins, qui attendaient un faux pas pour reprendre leur place. Eux aussi avaient des joueurs de quatrième trio qui espéraient une promotion, comme Hudon jeudi.

Pourquoi donc la compétition à l'interne fonctionne-t-elle dans certains contextes et pas dans d'autres ?

« C'est pour ça qu'il y a encore des coachs, parce qu'on essaie de trouver la réponse à ça ! a répondu un Julien amusé. Quand ça ne marche pas, tu dois faire des changements. Pour Charles, il y a une semaine, j'avais dit que je n'avais pas peur de le faire jouer dans les trois premiers trios. Il est capable de faire ça.

« Si Patrik Laine est capable de jouer dans un quatrième trio, j'espère que Charles est capable aussi ! On a besoin de tout le monde. Tout le monde a un rôle à jouer et doit l'accepter et, avec le temps, les choses tombent en place. »