Pendant que les joueurs du Canadien vont préparer leur prochain match, celui de demain soir au Centre Bell, Nikita Scherbak, lui, va plutôt penser à un prochain match qui aura lieu ce soir à Laval.

Non, ce n'était pas le scénario que l'attaquant de 22 ans avait en tête au moment de se présenter au camp d'entraînement du Canadien, en septembre. Scherbak le dit ouvertement : en 2018-2019, il se voyait membre régulier du Canadien de Montréal, non éventuel joueur du Rocket de Laval, sur les glaces de la Ligue américaine.

Mais c'est là qu'il se trouve aujourd'hui.

«J'ai parlé avec [le directeur général] Marc Bergevin après le match du Canadien contre Dallas [mardi soir au Centre Bell], j'ai parlé à mon agent, et je savais ce qui s'en venait, a expliqué le joueur russe hier en entrevue avec La Presse. Je m'attendais à cette décision de l'équipe et à ce retour dans la Ligue américaine, j'étais prêt à ça. Marc m'a dit d'aller jouer des matchs pour retrouver la forme, c'est pour ça que je suis ici.»

C'est pour ça, oui, et bien qu'il insiste pour dire qu'il ne s'est pas présenté ici à reculons, Scherbak n'a pas non plus envie de s'attarder trop longtemps.

«En arrivant au camp du Canadien, oui, peut-être que je m'attendais à ce que ma place soit assurée. Je ne le disais pas, mais ça me trottait dans la tête. En même temps, je sais qu'il faut travailler pour obtenir une place. Ça n'allait pas être facile, avec tous ces attaquants qui ont un contrat à un volet.»

Nikita Scherbak dit qu'il a vite déchanté, et qu'il a aussi rapidement compris que l'entraîneur-chef Claude Julien n'allait faire de faveur à personne cette saison.

«Il y avait Karl [Alzner], avec sa série de matchs, qui s'est quand même retrouvé dans les gradins, puis un autre vétéran, Andrew [Shaw], qui s'est retrouvé dans les gradins lui aussi, je crois pour la première fois de sa carrière... alors il n'y a rien d'acquis pour personne. Il y a de la compétition à Montréal.

«Je vais être honnête: j'estime être un joueur de la LNH. J'ai travaillé pour ça, j'ai joué dans la Ligue américaine auparavant, et j'ai travaillé fort tout l'été. En arrivant au camp, j'étais prêt pour les ligues majeures.

«Je veux juste jouer des matchs ici à Laval pour retrouver ma confiance en moi et remonter [avec le Canadien]. Je suis un gars de la LNH, pas juste un gars qui peut dépanner dans un quatrième trio ou qui peut entrer et sortir de la formation.»

«Un talent fou»

À ce sujet, est-ce que le temps ne commence pas un peu à presser pour Scherbak, choix de premier tour du Canadien en 2014? Joël Bouchard, l'entraîneur-chef du Rocket, estime que le jeune homme doit encore peaufiner certains aspects de son jeu.

«Il a disputé [mercredi soir] un match typique d'un gars qui n'a pas joué depuis longtemps, a expliqué Bouchard. Il a bien fait ça, mais il y a des choses à améliorer, par exemple son jeu défensif à un contre un, son approche au porteur.

«Il doit rester investi dans le jeu, et la façon dont il s'y prend, c'est quelque chose que je veux travailler avec lui. Il a un talent fou, de belles qualités avec la rondelle, il a un flair offensif... mais il faut savoir: quand on joue bien en défense, on finit par l'avoir, la rondelle.»

Reste aussi à savoir si Nikita Scherbak en a encore pour longtemps à Laval, lui qui est ici à des fins de conditionnement physique, une période qui peut s'étendre jusqu'à 14 jours. Le principal intéressé affirme que la direction montréalaise ne lui a rien dit de précis sur la durée de son actuel séjour à Laval.

Mais comme on le faisait remarquer: il ne veut pas s'y attarder.

«Du haut de la galerie de presse, j'ai essayé de voir un peu ce que les joueurs comme [Brendan] Gallagher font pour obtenir du succès. Ç'a été difficile de ne pas jouer, frustrant aussi, et je préfère ne pas dire si j'ai pensé ou pas à un changement de décor... mais je pense au moment présent. Je me concentre là-dessus, pas sur ce qui pourrait arriver dans le futur.»