Au début de 2001, Julien BriseBois, alors jeune avocat, s'est retrouvé au Centre Bell pour un poste de consultant qu'il devait tenir pendant six mois. Dix-sept ans plus tard, il y reviendra, samedi, dans un rôle qu'il n'aurait alors jamais soupçonné occuper et avec la réputation d'être devenu l'un des plus brillants gestionnaires de hockey dans toute la LNH.

L'histoire de BriseBois est celle d'un jeune homme d'une grande curiosité et d'une intelligence au-dessus de la moyenne, qui a gravi un à un les échelons menant au sommet de la hiérarchie dans la Ligue nationale de hockey.

C'est aussi celle d'un individu d'une grande humilité, qui se dit chanceux et reconnaissant envers ses proches et ceux qui l'ont aidé à devenir, le 11 septembre dernier, le septième directeur général de l'histoire du Lightning de Tampa Bay.

«Je ne crois pas à ce genre de questions, car on est tous biaisé et ultimement, on ne le sait pas», répond BriseBois lorsqu'il est invité à se décrire et identifier ce qui fait sa marque de commerce.

«La vérité réside dans les yeux des autres. C'est à eux de déterminer si je suis bon ou non, si je les aide ou non, si je les rends meilleurs ou non. Est-ce qu'ils ont l'impression que l'organisation est entre bonnes mains puisque c'est moi qui suis le directeur général ? Ces réponses-là ne m'appartiennent pas.

«Mais si vous me demandez le secret de mes succès, je vous répondrai que ce sont les gens qui m'entourent.»

Au fil d'une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, BriseBois est revenu sur son parcours singulier qui l'a amené à succéder à Steve Yzerman. Un rôle auquel il n'aspirait nullement, du moins à court terme, et qui n'était pas disponible lorsque le Lightning a subi l'élimination aux mains des Capitals de Washington en finale de l'Association Est, le 23 mai.

«Au début de l'été, nous nous sommes rencontrés Steve et moi, et il m'a annoncé que le propriétaire (Jeff Vinik) lui avait offert une prolongation de contrat. Je savais que Steve entamait la dernière année de son contrat. Je savais que le propriétaire travaillait là-dessus. Ce que personne ne savait, c'est que ç'a forcé Steve à réfléchir sur ce qu'il voulait faire de sa vie. Et plus il pensait à s'engager pour plusieurs années dans ce rôle, plus c'est devenu évident qu'il ne le voulait pas, pour des raisons familiales et de déplacement», a raconté BriseBois.

Surpris des révélations d'Yzerman au point de «tomber en bas de ma chaise presque littéralement», BriseBois s'est aussitôt donné le mandat de convaincre son supérieur immédiat qu'il était possible pour lui de demeurer en fonction.

«Pendant 85 minutes, je dirais, j'ai essayé de lui amener des solutions, de trouver des façons qui lui permettraient de rester en poste, de demeurer avec le Lightning et de passer quand même plus de temps avec sa famille et à Detroit. J'ai fait ça parce que Steve est mon ami et parce que je tiens à son bonheur.

«Puis, lors des cinq dernières minutes de cette conversation qui en a duré 90, j'ai réalisé que pour Steve, ce n'était pas une question de raison, mais une question de coeur. Et qui suis-je pour lui dire ce qu'il devrait ressentir et ce qu'il veut dans son coeur ?»

Au retour de vacances estivales avec son épouse en Afrique du Sud, BriseBois a rencontré Vinik, en août. Il a profité de l'occasion pour lui signifier son intérêt pour remplacer Yzerman.

«Nous avons longuement discuté de la situation, il m'a dit que c'était une décision très importante pour lui, que j'étais probablement le candidat numéro un. Mais en même temps, comme il s'agissait justement d'une décision importante pour lui, il se devait d'être diligent et qu'il avait en tête de rencontrer au moins un autre candidat», a relaté BriseBois.

«Je lui ai dit que j'étais intéressé, j'ai expliqué pourquoi et ce que je ferais si j'avais le poste. Il m'a convié à une autre rencontre une semaine plus tard. C'est à ce moment-là qu'il m'a annoncé que quand j'ai quitté après notre première rencontre, il avait conclu qu'il n'avait pas besoin de voir personne d'autre.»

Pour BriseBois, il s'agissait alors d'une opportunité qu'il ne pouvait pas laisser filer. Aussi, il se sentait prêt à relever le défi après ses neuf années passées avec le Canadien de Montréal et les huit suivantes sur la côte ouest de la Floride, et où il a mis la main à la pâte à tous les aspects du hockey des années 2000. Tout ça, dans un contexte qu'il jugeait idéal.

«Pour des gestionnaires de hockey qui ont de l'ambition, c'est le poste qu'on veut. C'est la chance de mettre notre empreinte sur une organisation, de bâtir un programme. Jeff Vinik est un propriétaire extraordinaire. Je ne trouverai pas un meilleur propriétaire avec lequel travailler. Les conditions de vie pour ma famille sont exceptionnelles.

«On file le parfait bonheur tant mon épouse, mes deux garçons que moi. Aussi, je connaissais tous les gens dans l'organisation et je savais que je pourrais compter sur leur soutien. Ultimement, j'ai accepté parce que je veux relever le défi de remporter la Coupe Stanley en tant que directeur général.»