Il y avait hier soir à Buffalo comme un petit quelque chose de déjà vu. Comme un film un peu usé, périmé, dont le scénario aurait été remâché sans effort par un réalisateur trop paresseux pour en faire un nouveau.

Parce que cette défaite de 4-3 face aux Sabres ressemblait aux défaites de la saison dernière.

En premier, c'est le tableau des tirs qui saute aux yeux: Sabres 42, Canadien 22. Ce qui tombe bien mal, puisque nous étions nombreux à nous extasier, encore récemment, devant les progrès défensifs de ce Canadien nouveau, dont le front défensif n'était plus la passoire de naguère, et à nous dire que cela était une excellente nouvelle pour Carey Price, qui n'allait plus jamais de sa vie avoir à voler des matchs, même si c'est aussi pour ça qu'il est grassement payé.

Ce n'est pas Price qui était devant le filet montréalais hier soir, mais peu importe. À sa place, Antti Niemi a fait un boulot absolument honnête, à la limite remarquable, mais combien de fois devra-t-on répéter que les matchs de 40 tirs accordés à l'adversaire, ce n'est à peu près jamais une bonne idée? Parce que ça veut souvent dire que le Canadien ne touche pas à la rondelle.

«Il va falloir tirer des leçons de ce résultat», a expliqué le défenseur Jordie Benn dans un vestiaire désert.

Juste avant lui, Xavier Ouellet, un autre défenseur, avait laissé échapper ce commentaire criant de vérité: «C'était un match serré, mais ces matchs-là, par exemple, il faut trouver un moyen de les gagner.»

En effet.

Ce qui nous mène à un autre problème: l'indiscipline. Dans les matchs serrés comme celui-ci, ce sont souvent les petits détails qui font pencher la balance, et dans ce cas-ci, on retient une mauvaise pénalité imposée à Andrew Shaw en fin de deuxième période, et une autre à Joel Armia en fin de troisième période.

Ces deux fautes ont mené à deux buts des Sabres, dont le but gagnant à la fin, celui de Kyle Okposo, alors qu'il ne restait qu'une minute et une seconde de jeu.

On pourrait ajouter que les arbitres ont peut-être été un peu sévères envers Armia, que Niemi n'a pas eu le temps de se replacer sur le deuxième but de Pominville (le Canadien a perdu sa contestation vidéo), mais bon, ça ne sert à rien de tout ramener aux arbitres. Le Canadien a perdu ce match pour bien d'autres raisons avant celle-là.

Domi brille dans la défaite

Il y a quand même une bonne nouvelle dans tout ça: la production de Max Domi. On va se le dire, il y avait des sceptiques dans la salle quand ce joueur a été acquis, encore plus quand il a été suspendu pour son geste irréfléchi contre Aaron Ekblad lors du calendrier préparatoire. Mais on a vu une fois de plus hier un jeune homme qui a des mains de velours et qui a un flair pour le fond du filet.

Il y a deux ans, Domi a marqué neuf buts, l'an passé aussi. Et puis voici qu'il en revendique déjà quatre en neuf parties avec sa nouvelle équipe. Ça, c'est sans compter que la saison dernière, il avait eu besoin de 56 matchs pour en marquer quatre. Il arrive parfois qu'un changement de décor fasse le plus grand bien, et ça semble être le cas pour lui.

Et maintenant, il sera intéressant de voir comment le Canadien va réagir demain à Boston. L'an passé, l'équipe aurait eu besoin de plusieurs jours pour se remettre d'une défaite difficile comme celle d'hier soir. Si ce Canadien est si différent, si ce Canadien est si supérieur à la version précédente, on devrait remarquer une meilleure performance face aux Bruins.

Parce que cette équipe ne peut pas se permettre de retomber dans ses mauvaises habitudes. Ce ne serait pas très sain.

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