On va se le dire, la transaction Drouin-Sergachev ne paraissait pas très bien pour Marc Bergevin la saison dernière.

Pendant que le jeune défenseur fabriquait des étincelles sous les palmiers de Tampa, Drouin avait l'air d'un type qui patinait dans des sables mouvants, incapable de s'en sortir, et capable de rien, vraiment. En moins d'un an, le verdict était déjà tombé, imparable: une autre mauvaise transaction de la part du DG.

Mais il faut parfois laisser le temps au temps, et aujourd'hui, après cette victoire de 3-2 du Canadien sur les Flames de Calgary au Centre Bell, il faut bien admettre que le troc Drouin-Sergachev paraît un peu mieux pour Bergevin.

En ajoutant un but et une passe à sa fiche, le joueur québécois se retrouve avec sept points en huit matchs.

C'est excellent, et ce qui est surtout excellent, c'est sa hargne, sa combativité, autant de qualités qui étaient trop souvent absentes de son jeu la saison dernière.

On a vu ce Drouin-là en deuxième période, quand il est allé énerver le défenseur TJ Brodie, qui a voulu répliquer et qui a écopé d'une pénalité. Pendant que Brodie était au banc des coupables, Jeff Petry marquait le premier but du Canadien... sur une passe poétique de Jonathan Drouin.

Un tournant dans le match, à n'en point douter.

«Je l'ai frappé et je l'ai un peu dérangé, c'est ça que je visais, a admis Drouin après le match. C'est le fun de jouer maintenant, comparativement au mois de février, quand c'était déjà terminé pour nous. Là, on gagne, tout le monde pousse, on ne recule devant personne. C'est vraiment différent.»

Un joueur transformé

On ne sait trop si le manque de complicité entre Max Pacioretty et Drouin la saison dernière a, en gros, coûté une année à ce dernier, mais il est évident que nous avons ici affaire à un joueur transformé. On peut rester ici et parler de l'importance de Carey Price pendant des heures (et puis on le refera bien assez vite, promis), mais on ne saurait sous-estimer l'importance de Drouin pour l'avenir immédiat de cette équipe.

Ce qui marche aussi, c'est de limiter les chances de marquer de l'adversaire. Avec un Carey Price qui cherche encore ses repères en ce début de saison, des matchs de seulement 23 tirs en direction du filet montréalais, comme ce fut le cas hier soir, ça demeure une excellente stratégie. C'est aussi une excellente stratégie que de tirer 40 fois au filet adverse, et à force de devoir enfiler les gros arrêts, le gardien des Flames, David Rittich, a fini par plier.

Avec tout ça, après huit matchs, on a encore un peu de mal à bien cerner le Canadien de 2018-2019. Il y a du bon, il y a du moins bon, il y a des qualités à cette équipe comme il y a aussi de mauvaises habitudes à corriger.

Mais il y a, à tout le moins, cette différence majeure avec l'édition d'avant: le Canadien du moment présent n'abandonne pas, et se fait rarement «sortir» d'un match parce qu'il n'est pas en mesure de compétitionner avec l'autre équipe.

Ça ne garantit strictement rien au classement, mais ça garantit au moins que l'hiver qui s'en vient, pour cette équipe et ses partisans, sera plus agréable que le précédent.

Prochain match: Canadien c. Sabres, demain soir (19h) à Buffalo

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En hausse: Artturi Lehkonen

Pas de point pour lui sur la feuille du match, mais de l'effort et aussi de l'intensité. S'il continue comme ça, les points viendront.

En baisse: Andrew Shaw

Une bonne présence en fin de match en désavantage numérique, mais sa mauvaise pénalité pour conduite antisportive en fin de deuxième période aurait pu faire très mal.

Le chiffre du match: 289

Le nombre de victoires de Carey Price, qui rejoint ainsi Patrick Roy au deuxième rang dans l'histoire du club.