Brendan Gallagher se souvient trop bien de la sensation. À une époque pas si lointaine, le Canadien avait l'habitude de connaître de forts débuts de saison.

À l'automne 2015, l'équipe avait sprinté dès le départ, présentant une fiche de 12-2-1 après 15 matchs. L'année suivante, c'était 13-1-1. Encore mieux!

«Une fois, ça a bien fini, l'autre fois, ça n'a pas bien fini. C'est important d'en tirer des leçons», a rappelé Gallagher.

Malgré ses 26 ans, Gallagher a déjà beaucoup de vécu. C'est pourquoi sa parole pèse lourd sur des sujets comme le début de saison que connaît le Canadien. Avec une fiche de 4-1-1, le Tricolore continue à jouer avec un aplomb qui n'était pas attendu quand est venu le temps de faire les prédictions de début de saison.

Gallagher a souvent vu son équipe sortir des blocs en début de calendrier. La fois que ça a «bien» fini, c'était en 2017, quand le CH s'était qualifié pour les séries. Mais doit-on rappeler que, chemin faisant, Michel Therrien avait été limogé, et que lesdites séries avaient pris fin après six petits matchs?

La fois où ça a moins bien fini, c'était en 2016, quand la blessure à Carey Price en novembre avait coupé les ailes au CH.

«Il ne reste plus beaucoup de joueurs de ces saisons-là, donc c'est important d'en parler, de passer le mot. Un bon départ, ça veut dire beaucoup, mais il reste encore beaucoup de hockey à jouer. On doit continuer à apprendre, à grandir, car le reste de la ligue va continuer à s'améliorer.»

Quels bénéfices?

De l'équipe de l'automne 2015, il ne reste que Gallagher, Price, Tomas Plekanec, Jeff Petry et Paul Byron, ce dernier ayant essentiellement assisté à tout ça depuis les gradins.

D'autres joueurs ont vécu de bons débuts de saison ailleurs. Noah Juulsen avait vu ses Silvertips d'Everett, dans la Ligue junior de l'Ouest, amorcer la campagne 2016-2017 avec un dossier de 8-1-1. Au-delà des points engrangés, en quoi un tel départ aide-t-il une équipe? Autrement dit, en quoi une séquence de 8-1-1 en début de calendrier est-elle plus bénéfique que si elle survient à la mi-janvier?

«C'est la confiance que ça apporte. Ça nous a permis de bâtir notre confiance dès le début », explique le jeune défenseur. On trouve aussi notre cohésion, on trouve rapidement des trios qui fonctionnent. Mais ça demeure encore tôt dans la saison.»

Ce départ avait permis aux Silvertips de conclure la saison au 1er rang de leur division, avant d'être éliminés au deuxième tour en séries.

Karl Alzner, lui, a fait partie de deux éditions des Capitals de Washington qui affichaient un joli 8-2-0 après 10 matchs. C'était en 2011 et en 2015. Chaque fois, la même conclusion : une élimination au deuxième tour.

Donc, non, le Canadien n'est assuré de rien. On continue même à vous recommander de ne pas parier le fonds d'études de fiston sur une présence en séries, parce que des équipes comme les Panthers de la Floride ne se sont pas encore mises en marche.

Par contre, tout compte fait, Alzner va accepter volontiers la présente situation par rapport à la catastrophe de l'automne dernier. On ne gagne pas de championnat en octobre, mais on peut certainement en perdre un à un moment aussi prématuré!

«Quand tu te retrouves aussi loin que nous l'an dernier, tu tiens ton bâton serré, et quand ça arrive aussi tôt dans la saison, ce n'est pas bon, décrit le vétéran défenseur. Là, on gagne en confiance, on gagne des matchs, les gars marquent des buts et ça leur permet de se sentir bien. Un bon départ est crucial. Tu te retrouves 10 points en arrière, c'est dur à rattraper.

«On est sur la bonne voie, mais les équipes nous ont peut-être pris à la légère, et je crois qu'on en a surpris quelques-unes. On doit continuer à le faire.»

Dans la bonne humeur

En attendant, ça n'empêche pas l'équipe d'avoir du plaisir sur la patinoire.

Hier, c'était le genre de séance d'entraînement qu'on ne voyait pas l'an dernier. D'abord, parce que c'était dans la bonne humeur. Ensuite, parce que les joueurs enchaînaient les manoeuvres impressionnantes, particulièrement pendant un exercice fort intéressant de jeu à trois contre trois, avec un but à chacune des lignes bleues. Bref, six joueurs et deux gardiens en zone neutre. Bonne chance.

« C'est bien d'avoir des journées comme ça, a noté Juulsen. On a eu du plaisir, mais on en a aussi soutiré des bénéfices. On prend ça au sérieux. C'est excitant de finir avec un petit match comme ça. C'est compétitif et tout le monde veut gagner ! Et ça reproduit bien les affrontements en fond de territoire.»

«Ça fait du bien de décrocher un peu, a ajouté Charles Hudon, un des attaquants qui se sont démarqués pendant les exercices. On a joué beaucoup de matchs ces derniers jours. Les gars qui ont de petits bobos reçoivent des traitements. Les autres sur la patinoire, on avait un bon rythme et on a été récompensés par un petit jeu à la fin.

«Ça nous permet de voir qu'en zone neutre, il n'y a pas beaucoup de place quand on est six. Le temps de réaction est très court, donc il faut prendre une décision le plus vite possible.»

Parmi les facteurs de succès du Canadien jusqu'ici, il y a justement la rapidité d'exécution. Pas étonnant de voir Claude Julien continuer d'enfoncer ce clou. Tant mieux pour lui si ses joueurs y trouvent leur compte!

Prochain match du Canadien demain, 19h, à Ottawa