Le Kényan qui rêvait de rencontrer Sidney Crosby

Au Kenya, le soccer et la course à pied dominent le paysage sportif. Le hockey, lui, est le passe-temps de quelques irréductibles qui n'ont ni le nombre nécessaire de joueurs ni les infrastructures pour disputer un vrai match compétitif.

Grâce à Tim Hortons, le capitaine des Ice Lions, Benard Azegere, et 11 coéquipiers ont récemment fait le voyage jusqu'au Canada afin de réaliser cette grande première. C'est là que l'aventure a pris une tournure encore plus inattendue. À quelques minutes de la mise en jeu, Sidney Crosby et Nathan MacKinnon ont débarqué dans le vestiaire pour jouer avec eux.

La vidéo, publiée lundi matin, a été vue à plus de 400 000 reprises sur YouTube. «Ç'a été une surprise incroyable à ce moment-là. On était sans voix parce qu'on ne l'a pas vu venir, raconte Azegere en entrevue téléphonique. Mais ç'a été une excellente occasion pour moi et mes coéquipiers. Un jour, je vais raconter cette histoire à mes petits-enfants. C'était une expérience incroyable, l'expérience d'une vie même.»

Sur les images, on peut voir un Azegere particulièrement ému de rencontrer le joueur de centre des Penguins de Pittsburgh. Dès qu'il s'est intéressé au hockey et à la Ligue nationale, il a érigé Crosby comme idole.

«C'est vrai, mais je ne pensais jamais me retrouver sur la même glace que lui et dans la même équipe que lui, précise celui qui joue majoritairement en défense. Sidney est mon joueur préféré. Ce qui est incroyable, c'est que, juste avant de rencontrer les joueurs, nous sommes allés au Temple de la renommée. Je regardais son chandail et je disais aux autres: "Un jour, j'aimerais bien rencontrer ce gars-là."»

Tim Hortons a également fourni des chandails aux couleurs du drapeau kényan - vert, rouge et noir -, ainsi que de l'équipement. Auparavant, le trentenaire et ses coéquipiers devaient se contenter de morceaux d'occasion fournis par des touristes nord-américains.

«C'était non seulement notre premier match compétitif, mais aussi notre premier match avec de l'équipement complet», se félicite Azegere qui assistera, demain soir, au match entre les Penguins et les Maple Leafs de Toronto au Centre Air Canada.

Une patinoire dans un hôtel

Pour les touristes, l'hôtel Panari est idéalement situé, à quelques kilomètres du parc national de Nairobi. Pour Azegere, l'intérêt est tout autre: le complexe abrite la seule glace du pays. Et tant pis si les dimensions, d'une longueur de 32 m et d'une largeur de 12 m, ne sont pas optimales. Trente joueurs de l'équipe sénior et juvénile s'y retrouvent régulièrement pour assouvir leur passion. Des cours de patinage et des leçons de hockey sont également offerts.

«Cette première patinoire de Nairobi a été construite il y a 10 ans environ, précise-t-il. Par contre, cela n'a pas été fait pour la pratique du hockey, mais plus pour du patinage libre. Quand j'ai vu les Jeux olympiques d'hiver en 2010 [à Vancouver], je me suis dit que je devais apprendre, un jour, à jouer au hockey. Avec cette patinoire, ç'a été possible.»

Il reste que les Ice Lions, formés en 2012, sont isolés dans la partie est du continent africain. Selon la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), la patinoire la plus proche se situe en Afrique du Sud, à 2900 km, puis aux Émirats arabes unis, à 3400 km. Dans ces conditions, il n'est pas simple de trouver des adversairesà qui se mesurer régulièrement.

Peu importe les obstacles, Azegere se voit comme un pionnier dans un pays où le hockey en est à ses balbutiements. Et si l'histoire des Ice Lions n'est pas très longue, elle s'est rapidement enrichie d'une aventure hors du commun qu'Azegere promet de raconter très longtemps.