Geoff Molson a soulevé l'ire de certains fans du Canadien lors du bilan de l'équipe, en avril, lorsqu'il a évoqué, parmi les changements à apporter, l'amélioration de «l'expérience client» au Centre Bell.

Les partisans de l'équipe vivaient encore l'amère déception d'un hiver perdant et voulaient d'abord des changements sur la glace avant d'entendre parler de nouveauté dans leur assiette.

Or, le propriétaire de l'équipe et le directeur général Marc Bergevin ont tenu promesse cet été. Le bras droit de Bergevin, Rick Dudley, est parti pour la Caroline. Le personnel du club-école, du directeur général Larry Carrière à l'entraîneur-chef Sylvain Lefebvre et ses adjoints, n'est plus en poste avec le Rocket de Laval.

Deux adjoints de l'entraîneur-chef Claude Julien, Jean-Jacques Daigneault et Dan Lacroix, ont été congédiés. Le capitaine Max Pacioretty et la jeune vedette Alex Galchenyuk ont été échangés.

Avec les résultats embryonnaires qu'on connaît: un club plus jeune, rapide, travaillant, et trois points en banque sur une possibilité de quatre.

Dans ce contexte, la présentation de la nouvelle «expérience client», hier midi au Centre Bell, notamment l'ouverture de huit comptoirs-restaurants et d'un bar expérientiel à même l'édifice (M2 Marché-Montréal), ainsi que d'un lounge de 250 places, le Mythik, s'est faite dans une ambiance joyeuse.

«Il reste encore 80 matchs, mais j'aime ce que je vois, le positivisme, l'énergie», a commenté prudemment le propriétaire de l'équipe après sa présentation, devant une poignée de journalistes sportifs. «L'esprit d'équipe est extraordinaire et j'en suis très fier. J'espère que ça va continuer.»

Le Canadien semble être passé en quelques mois d'une organisation aux vieilles idées - l'importance de la robustesse, du gabarit, etc. - à un club plus progressiste misant sur la jeunesse, la vitesse et la fougue. Bergevin est-il un directeur général différent?

«Son approche n'a pas vraiment changé, répond Molson. Mais tous les DG à travers la Ligue ont dû s'ajuster au cours des deux dernières années, et nous en étions là nous aussi.»

«On s'est regardé dans un miroir»

Sur les 41 joueurs ayant disputé au moins un match en 2016-2017, 25 n'appartiennent plus à l'organisation. Un changement de peau draconien.

«On s'est regardé dans un miroir à la fin de la saison dernière. On avait un noyau prometteur il y a cinq ans. Et nous avons bien fait. Mais nous n'avons pas assez bien fait. Cet été, nous avons apporté les ajustements nécessaires pour nous permettre de parvenir au prochain niveau.»

Le Canadien n'ose toujours pas employer le mot «reconstruction». Mais le joueur clé de l'échange de Pacioretty, Nick Suzuki, a 19 ans et joue dans les rangs juniors. On a fait une place à Jesperi Kotkaniemi malgré ses 18 ans.

On a accumulé les choix de deuxième tour pour des vétérans depuis deux ans. Tomas Plekanec et Karl Alzner n'ont pas encore joué pour faire de la place à des plus jeunes et plus rapides.

En défense, trois des membres du top 4 à l'heure actuelle ont 25 ans (Mike Reilly), 21 ans (Noah Juulsen) et 20 ans (Victor Mete).

Aussi, surtout, deux joueurs récalcitrants, et parfois blâmés pour leur éthique de travail, Pacioretty et Galchenyuk, ont changé de camp. Leur départ était-il nécessaire pour implanter la nouvelle culture d'organisation?

Molson répond de façon diplomate, comme il a l'habitude de le faire. «Après avoir vécu une saison comme l'an dernier, tout le monde au sein de l'équipe, incluant ceux qui ont quitté, devait faire mieux. On a identifié les endroits où il fallait faire des changements et on les a faits cet été. Ça nous amène une équipe différente, un peu plus rapide, plus jeune, plus d'énergie, plus d'efforts sur la glace, un peu de tout.»

Le propriétaire de l'équipe dit ne pas avoir encore eu le temps de jaser avec la jeune sensation de l'équipe, Kotkaniemi. «Je n'ai pas eu l'occasion de m'asseoir avec lui, à part pour lui serrer la main et le féliciter de s'être rendu si loin. J'aime l'énergie qu'il amène à l'équipe.»

Quel changement parmi tous ceux effectués depuis avril est le plus significatif à ses yeux? «Je ne peux pas en cibler un plus qu'un autre, mais on a fait des changements partout, autant sur le plan du personnel d'entraîneurs que des joueurs, et aussi l'entourage de nos joueurs. On espère que ça continue.»