Voilà maintenant plusieurs années que Ryan Suter est considéré comme un étalon dans la Ligue nationale. Pour ce défenseur, les matchs de plus de 30 minutes font pratiquement partie du quotidien. Avec les conséquences que l'on devine pour les défenseurs gauchers derrière lui...

Prenons par exemple le match du 25 février 2018. Le Wild du Minnesota affrontait alors les Sharks de San Jose. Le temps d'utilisation des arrières gauchers du Wild allait comme suit: 30 minutes pour Suter, 19 minutes pour Nick Seeler et 12 petites minutes pour Mike Reilly.

Alors, Mike Reilly, frustrant de jouer derrière Suter?

«Il possède un talent naturel. Il peut simplement se laisser glisser. Je ne devrais pas dire ça, mais il n'a pas vraiment besoin de s'entraîner très fort en été », a indiqué Reilly après l'entraînement du Canadien, hier à Brossard.

«Il l'a, tout simplement. Il se présente aux matchs et tout se fait en douceur, il n'est jamais hors position. Donc il peut gober beaucoup de minutes. Mais il a été bon avec moi, je pouvais lui parler quand je voulais.»

On fait ce long détour au sujet de Suter parce qu'il y a peut-être là une partie de ce qui explique pourquoi Reilly semble éclore depuis son arrivée à Montréal. 

Le Canadien n'a pas de Ryan Suter dans ses rangs. Pas de défenseur capable de passer la moitié d'un match sur la patinoire, du moins à gauche. À droite, il y a bien Shea Weber qui peut le faire de temps à autre, mais encore doit-il être en santé pour y parvenir.

Il y a donc de la place pour des joueurs comme Reilly, qui tentent de faire leur place. Ce que le numéro 28 du Tricolore est en train d'accomplir.

Une chance en or

Reilly s'est amené avec le Tricolore à la date limite des transactions l'an dernier, contre un modeste choix de cinquième tour. Il se joignait alors à une défense en lambeaux. Weber était blessé, Victor Mete et David Schlemko l'ont rejoint à l'infirmerie peu après, Jordie Benn et Karl Alzner étaient au coeur de la pire saison de leur carrière.

Cet automne, Weber et Schlemko sont encore blessés, mais Mete est en pleine santé et Benn joue mieux. Mais Reilly excelle au point où Claude Julien n'a aucun mal à laisser de côté le vétéran Alzner - qui n'a pourtant pas connu un mauvais camp - pour lui faire une place. Et plutôt que de jouer 12 minutes, Reilly en joue maintenant 21, des minutes qu'il passe à patiner avec fluidité, à orchestrer lui-même des entrées de zone pour installer l'attaque de son équipe.

Bref, au sein d'une équipe nettement plus rapide en relance, il semble être plus à sa place que ne le serait Alzner.

«Il a plus confiance en ses moyens que l'an dernier, estime Julien. Je ne sais pas ce qui s'est passé au Minnesota, mais on a vu de belles choses de lui l'an dernier. Il voyait bien la glace, il était intelligent, il défendait bien avec son bâton, même si ce n'est pas un joueur physique. La grosse différence, c'est qu'il a progressé dans tous les aspects de son jeu. Nous avions vu son potentiel, mais nous ne savions pas s'il était pour mûrir.»

Reilly, lui, se plaît au sein de cette équipe dont la nouvelle identité lui sied à merveille.

«C'est le jour et la nuit entre le Minnesota et ici. Les gars qu'on a ajoutés sont à l'image de la tendance qu'emprunte la LNH. Ils sont rapides. Le trio de [Max] Domi, [Paul] Byron et [Artturi] Lehkonen est un des plus rapides de la LNH. Je veux simplement donner la rondelle à ces joueurs et m'amener avec eux comme quatrième homme.»

L'an dernier, le recrutement professionnel du Canadien en avait pris pour son rhume, empilant les embauches plus ou moins judicieuses, d'Alzner à Schlemko en passant par Ales Hemsky et Mark Streit. C'est toutefois ce même département qui a réussi à soutirer Paul Byron, Nicolas Deslauriers, Phillip Danault et Torrey Mitchell à des prix plus que modestes.

Il faudra attendre encore quelques dizaines de matchs avant de savoir si on pourra ajouter le nom de Reilly à cette liste de bons coups, mais c'est plutôt bien parti jusqu'ici.