Quand Karl Alzner est arrivé à Montréal, les attentes étaient assez élevées. Sans doute trop, diront certains, mais c'est une autre histoire.

Ces attentes venaient avec son somptueux contrat, soit cinq ans et au total plus de 23 millions. Elles venaient aussi du fait qu'Alzner avait connu un parcours en apparence intéressant avec son ancienne équipe, les Capitals de Washington. Après tout, on ne finit pas une saison à +23 sans avoir au moins un peu de talent. 

Ce qui nous amène à hier, journée des évaluations physiques chez le Canadien de Montréal. On a pu reparler de ces attentes à Alzner, lui demander si elles avaient été trop élevées pour lui, la saison dernière. Si elles ne lui avaient pas nui plus qu'elles ne l'avaient aidé. Et le défenseur chevronné, comme à son habitude, a mis cartes sur table. 

«C'est bizarre, mais c'est peut-être l'inverse. Peut-être même que je n'ai pas mis les attentes assez haut. J'étais trop concentré à jouer défensivement. Je joue mieux quand j'en fais un peu plus. Quand je pousse un peu plus, que j'envoie des rondelles au filet, je sens que je joue mieux. Je me concentrais peut-être trop sur l'aspect défensif et pas assez sur l'amélioration de mon jeu en général. Les attentes envers moi-même, maintenant, sont beaucoup plus hautes que l'année dernière.» 

La réponse peut surprendre, mais quand on y pense, c'est presque logique. Alzner a été la saison dernière un joueur strictement défensif. Plusieurs fois, il a expliqué ses contre-performances par sa volonté de régler les problèmes des autres avant de régler les siens. On le voyait constamment reculer, reculer, jusqu'à se retrouver dans le pétrin. 

Pour la prochaine saison, Alzner affirme qu'il veut jouer plus vite, qu'il veut augmenter le rythme et cesser d'être sur les talons. Il reste à voir maintenant s'il saura le faire. Rien n'est moins sûr. Non seulement Alzner n'est pas un as de l'attaque, mais en plus il s'est constamment retrouvé à contrepied, la saison dernière, quand il essayait d'en faire un peu trop. Il n'a jamais franchi la barre des 21 points en une saison, ni celle des... 5 buts depuis ses années dans le junior. 

«La saison dernière, ce n'était pas le vrai moi, selon mes propres standards. Ce que j'ai fait par le passé n'est pas assez pour ce que la ligue est devenue. Je dois être plus complet. Mon objectif a toujours été de devenir plus complet. Même si je suis plus près de la fin de ma carrière que du début, je dois continuer de m'améliorer.» 

À 29 ans, bientôt 30, Alzner est un vétéran à la ligne bleue du Canadien. Il aura un rôle de grand frère pour les plus jeunes, les Victor Mete et Noah Juulsen, qui seront beaucoup plus sollicités que prévu avec la blessure à Shea Weber. Alzner lui-même reconnaît qu'il a connu ses meilleurs moments la saison dernière avec Juulsen. Il ajoute toutefois un bémol: c'était à un moment où les matchs étaient sans enjeu. 

«On jouait et on ne pensait à rien d'autre. On avait du plaisir. Ça arrive quand tu te rends compte que les séries sont inaccessibles. Tu veux seulement gâcher le parcours des autres. C'était mes meilleurs moments, mais je peux être bien meilleur, je vous le jure.» 

Heureux pour Ovechkin et Pacioretty

Tant qu'à avoir Alzner devant soi, difficile de ne pas lui parler des Capitals de Washington, récents champions de la Coupe Stanley. Après tout, il a quitté les Capitals parce que, selon ce qu'il avait dit à l'époque, «il voulait gagner». 

Sans surprise, il a suivi le parcours de ses anciens coéquipiers avec un sentiment doux-amer. Quand il les a vus éliminer les Penguins de Pittsburgh au deuxième tour, il savait que plus rien ne les arrêterait. 

«On disait que Vegas était une bonne équipe, mais je savais que trop de joueurs des Capitals allaient hausser leur jeu en finale. Je n'ai jamais été content de voir une autre équipe gagner la Coupe, avant la saison dernière.»

Alzner s'est aussi réjoui de voir les semaines de célébrations très publiques, et très exubérantes, de son ancien capitaine Alex Ovechkin. «Je l'avais vu venir. Je sais comment il est. J'aurais fait pareil», a-t-il simplement admis, avec un grand sourire. 

Parlant d'anciens capitaines heureux, Alzner a aussi aimé voir le sourire soulagé de Max Pacioretty, mercredi, quand il a été présenté aux médias de Vegas. On a vu et revu ce sourire soulagé dans tous les contextes possibles au cours de la journée, en hélicoptère, devant le Ceasars Palace, devant le panneau Las Vegas. Ça faisait un moment que les médias montréalais ne l'avaient pas vu ainsi. 

«C'était bien de voir ça. J'ai joué au golf avec lui au tournoi caritatif de Jonathan Drouin. On en a parlé. Être capitaine ici, c'est difficile. C'est encore pire dans une année comme la dernière. Le voir heureux, et je suis sûr que sa famille aussi est heureuse, c'est tout ce que tu veux. Il va tirer son épingle du jeu là-bas.»