C'était à prévoir, mais le statut de joueur exceptionnel a suivi Joseph Veleno tout au long de sa carrière junior. En fait, ça l'a même suivi dans les entrevues avec les équipes de la LNH en vue du repêchage!

Veleno, on s'en souvient, avait fait jaser en déposant une demande pour obtenir le statut de joueur exceptionnel auprès de Hockey Canada, afin d'être autorisé à jouer dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) à l'âge de 15 ans. Quand l'organisation a finalement acquiescé, il est devenu le tout premier joueur du circuit Courteau à obtenir ce statut. Les autres au Canada: John Tavares, Aaron Ekblad, Connor McDavid et Sean Day.

L'avenir nous dira si c'était finalement la bonne décision. Veleno n'a pas connu une carrière junior inouïe comme l'ont fait Tavares, Ekblad et McDavid, qui ont tous été repêchés au premier rang dans la LNH. Mais il n'a pas vécu non plus les difficultés de Day, réclamé au 81e rang par les Rangers de New York en 2016, et toujours dans les rangs juniors.

«Oui, quelques équipes m'ont parlé du statut exceptionnel, admet Veleno, rencontré il y a trois semaines au camp d'évaluation de la LNH. Le statut, je ne le regrette pas. Ça m'a permis de gagner de l'expérience, j'ai gagné la Coupe du président et participé à la Coupe Memorial [avec les Sea Dogs de Saint John en 2017]. Je voulais vraiment le faire et jouer dans la LHJMQ.

«Les équipes me posaient des questions sur la pression que j'ai ressentie à 15 ans, comment j'ai dealé avec ça, si je regrettais ma décision. Je répondais toujours la même chose: la pression, j'en aurai toujours, et d'en avoir à 15 ans, ce n'est pas différent d'en avoir à 20 ou à 25 ans. Ça va m'aider à devenir meilleur. Tout dépend de ce que tu fais avec la pression. Si tu restes toi-même, si tu respectes tes propres attentes, ça va aller.»

Le voici comme futur choix de premier tour, entre les 10e et 20e rangs selon une majorité d'observateurs. Ce centre qui dit s'inspirer de Jonathan Toews devrait donc être le premier Québécois réclamé, à moins que le défenseur Bode Wilde (un Montréalais établi aux États-Unis depuis quelques années) ne soit sélectionné avant lui.

Et qu'obtiendra sa future équipe en le repêchant? Un recruteur de l'Ouest l'a très bien résumé. «Il a les habiletés pour jouer dans les deux premiers trios dans la LNH. Mais s'il ne produit pas à la hauteur des attentes, il a un plan B, car son sens du hockey lui permettra d'être très bon dans un troisième trio.»



Le coup de pouce de Ducharme

Veleno n'avait pas une tâche facile au début de la saison. Le mot «reconstruction» est faible pour décrire la réalité des Sea Dogs l'automne dernier. Non seulement ils ont perdu tout leur noyau qui les a menés à la Coupe Memorial, mais ils ont aussi perdu l'entraîneur-chef Danny Flynn, qu'ils ont seulement remplacé... en septembre!

Son successeur, Josh Dixon, avait donc une tâche ingrate et débarquait au Nouveau-Brunswick sans grande expérience comme entraîneur-chef. Ça a donné une équipe qui a perdu neuf matchs de suite en octobre, dans un climat jugé toxique par plusieurs hommes de hockey.

Dans ce contexte difficile, Veleno était une des rares lueurs d'espoir. Par contre, difficile de se mettre en valeur quand aucun autre joueur ne parvient à produire à hauteur d'un point par match.

Veleno a néanmoins amassé 31 points en 31 matchs. Mais sa production a décollé quand les Sea Dogs l'ont échangé aux Voltigeurs de Drummondville en décembre. Il y a inscrit 48 points (16 buts, 32 aides) en 33 matchs. «Il a été coaché pour vrai», lance un recruteur.

«J'étais vraiment heureux à Drummondville, je jouais avec des joueurs d'élite et j'étais dirigé par un très bon entraîneur, a dit Veleno. Dom [Ducharme] connaît son hockey et m'a placé dans des situations à succès. J'ai beaucoup appris de lui en arrivant là-bas. Il m'a montré des choses à corriger dans ma game pour l'avenir, à faire attention aux détails dans mon jeu.»

Ducharme l'a assurément aidé, mais Veleno était également mieux entouré. On trouve au sein des Voltigeurs trois autres joueurs qui devraient être repêchés cette année, soit les défenseurs Nicolas Beaudin et Xavier Bernard, en plus du gardien Olivier Rodrigue. C'est sans compter deux joueurs qui ont un pied dans le hockey professionnel, soit les attaquants Pavel Koltygin (repêché par Nashville) et Morgan Adams-Moisan (contrat avec le Rocket de Laval).

Tout ce parcours a valu à Veleno de rencontrer 25 équipes - dont le Canadien - lors du camp d'évaluation de la LNH à Buffalo, à la fin du mois de mai. À l'heure actuelle, le Tricolore parle au troisième rang, puis quatre fois au deuxième tour. Ça prendra donc une transaction pour que Veleno aboutisse dans sa ville natale.

Veleno est d'ailleurs bien conscient que le CH a des besoins criants à sa position. Mais contrairement à Filip Zadina, il ne se lance pas dans les rumeurs des besoins de l'équipe!

«It is what it is, lance-t-il spontanément. Avec leur troisième choix, ils auront un joueur d'élite. Je ne sais pas ce dont ils ont besoin.»

Avec deux choix de suite aux 11 et 12e rangs, les Islanders de New York pourraient très bien mettre la main sur Veleno. Les Flyers de Philadelphie (14e et 19e rangs) auront eux aussi deux occasions de le réclamer, et un recruteur nous a rappelé leur propension à repêcher au Québec...

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Photo André Pichette, Archives La Presse

Dominique Ducharme

D'autres espoirs québécois

Benoît-Olivier Groulx

20e espoir nord-américain

6 pi 1 po, 195 lb

Centre, gaucher

28-27-55 en 68 matchs avec Halifax

Comme Joseph Veleno, Groulx est vanté pour son jeu complet au centre. Il faut dire qu'en tant que fils de l'entraîneur-chef Benoît Groulx, l'importance du jeu responsable lui a été inculquée rapidement ! Tout premier choix au repêchage de la LHJMQ en 2016, il n'a pas connu le début de carrière espéré dans les rangs juniors, mais a progressé la saison dernière.

Nicolas Beaudin

31e espoir nord-américain

5 pi 10 po, 175 lb

Défenseur, gaucher

12-57-69 en 68 matchs avec Drummondville

Un défenseur offensif qui a connu une grande éclosion cette saison. Les plus sceptiques rappelleront qu'il est né en octobre et qu'il est donc un des plus vieux joueurs de son année de repêchage. Malgré sa date de naissance, malgré sa relative petite taille, il a grimpé aux yeux de la LNH, qui le cotait «C» au début de la saison, pour s'imposer comme une possible surprise de fin de premier tour.

Gabriel Fortier

49e espoir nord-américain

5 pi 10 po, 170 lb

Ailier, gaucher

26-33-59 en 66 matchs avec Baie-Comeau

Quand un entraîneur dit que le principal défi d'un joueur est de ralentir quelque peu et d'«attendre la cavalerie», comme le fait Martin Bernard, c'est signe qu'on a affaire à un patineur hors pair. C'est ce qu'offre Gabriel Fortier. Limité à 26 matchs en 2016-2017 en raison d'une blessure, Fortier vient donc de connaître sa première saison complète dans le junior. Il a donc moins d'expérience que ses pairs qui ont deux ou trois saisons complètes derrière la cravate.